Chabbath, il y a tellement de choses qu'on n'a pas le droit de faire, que beaucoup de gens associent directement ce jour à une série d'interdits. 
 
Pour d'autres, le Chabbath est simplement l'occasion de dormir beaucoup plus qu'en semaine. 
 
La Guemara (Chabbath 10b) raconte qu'avant de donner le Chabbath au peuple juif, Hachem a parlé de lui à Moché Rabbénou, en disant : "J'ai un bon cadeau dans Mes trésors, et il s'appelle Chabbath". 
 
Hachem possède tout l'or et l'argent du monde. Le monde et tout ce qu'il contient lui appartient. Il n'a besoin de rien. Et pourtant, Il considère le Chabbath comme un précieux trésor. Pourquoi ? Qu'est-ce que ce jour a de si particulier ? 
 
Un de nos grands maîtres, Rabbénou Efraïm Lev (l'auteur du Séfer Onègue Chabbath) ne dormait plus du tout le Chabbath, depuis le moment où il a pris conscience de la grandeur de ce jour. Car il se disait : "Ce jour est tellement extraordinaire ! Comment pourrais-je le perdre en faisant des siestes, ou même en dormant ?". 
 
Évidemment, il ne nous est pas demandé d'en faire de même. Mais au moins, ces paroles nous montrent que le Chabbath est un précieux cadeau, et non une source d'angoisse ou de tension.
 
Lorsque les enfants grandissent dans une maison où dès le jeudi soir (ou peut-être même avant), les parents hurlent sur eux (ou entre eux) parce qu'il reste encore énormément de choses à faire pour Chabbath, seront-ils, plus tard, vraiment capables d'apprécier et de respecter ce jour ? 
 
Ils ne voudront peut-être même plus en entendre parler, tant il leur rappelle de mauvais souvenirs... 
 
Pourtant, le Chabbath est loin d'être terrifiant. Il peut, et doit, au contraire, être un moment agréable. Et il ne tient qu'à nous de le rendre tel. 
 
Rav Steinmann disait que pour pouvoir donner à leurs enfants, les parents doivent d'abord se remplir eux-mêmes. De même que le contenu d'un verre ne pourra déborder sur un autre verre que si le premier verre est lui-même plein. 
 
Lorsqu'un enfant voit que ses parents écoutent attentivement le Dvar Torah qu'il a préparé pour Chabbath, ou qu'ils lui racontent eux-mêmes patiemment un Dvar Torah qui l'intéresse en ce jour, il comprend que la Torah est la chose la plus importante au monde. 
 
Si par contre, ses parents s'impatientent lorsqu'il parle de Torah, parce qu'ils ont peur que la Dafina brûle sur la plaque ou refroidisse dans leur assiette, il risque d'imaginer que, dans la vie, il y a d'autres priorités... 
 
Le Chabbath n'est pas un concours de nourriture, où il faut atteindre un certains quotas de salades, et absolument préparer tel ou tel poisson ou telle ou telle viande... 
 
Il n'est pas non plus une comédie, dans laquelle on s'habille bien "parce qu'il le faut", on va à la Synagogue "parce qu'il le faut" ; et on fait ainsi toute une série de choses parce que "c'est comme ça !", mais sans entrain ni joie... 
 
Le fait que les enfants aiment ou pas le Chabbath, attendent impatiemment ce jour ou au contraire l'évitent au maximum, dépend beaucoup de la manière dont leurs parents le vivent. 
 
Chabbath, il est certes important de boire et de manger. Mais il ne faut surtout pas oublier l'essentiel : la bonne ambiance (obtenue par exemple à travers des chants, ou autres moments de partage et complicité entre parents et enfants). 
 
Le Chabbath doit être lui-même un onègue, une source de plaisir, qui donnera des forces pour la semaine à venir.
 
La Guemara raconte que lorsque Hillel et Chamaï allaient au marché en semaine, ils pensaient toujours au Chabbath. Ils essayaient toujours d'acheter, en l'honneur de ce jour, les meilleurs aliments. 
 
De même, de nos jours, certains ont l'habitude, lorsqu'ils ont un nouvel habit ou des nouvelles chaussures, de les porter la première fois un Chabbath, en l'honneur de ce jour. 
 
Le Chabbath doit être un moment attendu. Un moment d'harmonie entre les parents et les enfants, et entre les parents eux-mêmes (le fait de ne pas pouvoir utiliser de téléphone ou d'ordinateur en ce jour peut d'ailleurs grandement contribuer à cette sérénité). Et certainement pas un moment de "règlements de comptes", où on refait toute l'éducation qu'on n'a pas pris le temps de faire en semaine, et où l'objet des critiques n'a qu'une envie : quitter la table de Chabbath au plus vite. 
 
Quelles que soient les difficultés rencontrées en semaine, le Chabbath doit rester un moment de plaisir. Ce plaisir peut certes passer par un bon repas, mais le repas ne sera alors qu'un moyen de l'obtenir. 
 
Ce que les enfants retiennent de leurs parents, ce n'est pas tellement ce que les parents leur font. C'est surtout ce que les parents leur font ressentir. 
 
Dans une maison où le Chabbath est insupportable, il n'est pas étonnant que les enfants, une fois devenus adultes, ne le respectent plus... 
 
Le Chabbath, même s'il demande beaucoup de préparatifs, ne doit pas être vécu comme un moment contraignant. Nous devons plutôt réaliser de la chance que nous avons d'avoir, chaque semaine, un tel cadeau. Pas seulement parce qu'il y a de bons repas, mais surtout parce que l'ambiance est agréable. 
 
C'est cette ambiance qui contribuera à ce que le respect du Chabbath soit perpétué dans le peuple juif. Et c'est aussi elle qui contribura aussi à la venue du Machia'h, puisque celui-ci viendra lorsque tout le peuple juif aura respecté deux Chabbatot. 
 
Retranscrit par Léa Marciano  
 

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