Le Baal Chem Tov raconta la parabole suivante :

Une fois, un prince fut exilé par son père dans un pays lointain. Il se retrouva parmi des gens de très basse classe. Il souffrait non seulement beaucoup de son éloignement, mais il devait en plus passer des années en compagnie de gens vulgaires et superficiels.

Le roi, qui languissait son fils et était épris de pitié à son égard, lui envoya une lettre l'informant qu'il avait l'intention de lui rendre visite prochainement. Lorsque le fils reçut la lettre, sa joie fut immense et il s'empressa de partager la nouvelle avec tous les villageois, ses voisins et ses connaissances. Il leur annonça :

« Mon père, Sa Majesté le Roi, en personne, avec son escorte, va venir ici au village pour nous rendre visite ! » Il était certain qu'ils se réjouiraient du grand honneur qu'ils recevaient avec la visite du roi dans leur village. Mais leur compréhension était tellement superficielle qu'ils ne réalisèrent pas et ne s'associèrent pas du tout à sa joie.

Le prince, qui ne voulait pas être le seul à se réjouir, les convia à un festin. Lorsqu'ils entendirent qu'ils pouvaient boire sur le compte de cet homme, tous se réjouirent et vinrent participer à sa fête. Le vin les mit de bonne humeur et ils se mirent à chanter et danser avec force. Le fils du roi chanta et dansa avec eux, rempli de joie et de bonheur.

Tandis qu’eux se réjouissaient du repas improvisé, il se réjouissait de la visite du roi. Eux dansaient en raison du vin et des boissons alcoolisées, et lui dansait et remerciait son père miséricordieux.
 

Il en est de même concernant le Chabbath : l’âme, reliée au corps et à la matière, désire se réjouir et se délecter du Chabbath. Le corps, qui n'est pas capable de se réjouir grâce à l'âme supplémentaire reçue pendant ce jour et à une abondance de sainteté, reçoit les plaisirs du Chabbath selon sa propre perception : viande, poisson et toutes sortes de mets. Tout cela afin qu'il ne dérange pas l'âme qui désire se délecter et s'élever.

Ainsi, chacun se réjouit de son coté : le corps se délecte du matériel, tandis que l'âme profite du trésor inestimable de la proximité divine. Si la joie de l'homme se résume aux plaisirs matériels, à D.ieu ne plaise, il laisse passer l'essentiel. C’est comme si le fils du roi devenait un villageois, et plutôt que de se réjouir de la visite et de la proximité de son père, il se réjouissait de l'abondance de boisson avec les ivrognes.