Les religieux en Israël (‘Harédim) tiennent le haut du panier dans les organismes de charité. On connaît ‘Ezèr Mitsion, Zaka, Rav Firrer, Yad Sarah, Yédidim - les plus connus -, mais il y en a des centaines d’autres, touchant les nombreux domaines de l’aide à autrui. Les Kippot noires sont très présentes lors de la cérémonie de l’allumage du flambeau de Yom Ha’atsmaout.

Tous les stéréotypes sur les religieux s’arrêtent donc ici. Même les plus laïcs en Israël savent très bien que pour un coup de main gratuit, un dépannage de voiture, un repas chaud, un déplacement en urgence à l'hôpital, ou un conseil médical ciblé, c’est chez « les orthodoxes » qu’on pourra se tourner.

La tête du juif travaille 24/7 pour trouver comment aider son prochain, et Israël, via ces organismes créés par des orthodoxes, est à la pointe dans ce domaine. Si nos Sages enseignent que le monde a été créé sur les trois piliers de Torah, Prière et Bienfait, aucune raison de ne pas renforcer les fondations de la Création.

Tout ce à quoi une femme seule est confrontée

Une voix hésitante appelle : « Bonjour, je m’appelle Chira. Je ne sais pas vraiment pourquoi je téléphone, mais on m’a dit que peut-être vous pouvez aider. J’ai perdu mon mari il y a deux ans, j’ai trois enfants en bas âge à la maison. Et ... » La voix se casse. Elle reprend son souffle, retient ses larmes et explique sa situation. Chira, c’est le cas classique, et c’est pour elle que « Na’hzik ‘Hazak » (“tiens bon”, en hébreu) a vu le jour. Elle est dépassée. Un problème de plomberie, un store qui l’a lâché sont les « gouttes qui font déborder un vase » déjà rempli à ras bord. Elle se sent perdue et totalement vulnérable. Elle a bien sûr dans son voisinage une famille très gentille et prête à l'aider à tout moment, mais combien de fois peut-on les déranger ?

C’est pour Chira et toutes les femmes qui se retrouvent seules dans la vie que deux frères très inspirés, ‘Azriel et Ya’acov Einfeld, 43 et 48 ans, cherchant à faire le bien autour d’eux, ont fondé l’association en 2016. Ils ont commencé avec les premiers secours : plomberie, réparation de toutes sortes, vitre cassée, évier qui coule, toutes ces choses devant lesquelles une femme seule se brise et où sa solitude devant la réalité la submerge. Il fallait “juste” y penser, et les deux frères, confrontés à des cas tragiques dans leur entourage, ont relevé le défi et ont voulu organiser un réseau d’aide à ces femmes.

Puis, devant la demande grandissante, ils ont élargi le public et les services : non seulement toute femme seule peut se tourner vers eux, mais également toute personne désemparée.

Les services proposés ? Menuiserie, électricité, plomberie, bricolage, réparation en tout genre, habillement pour les orphelins, repas de Chabbath, organisation de Chéva’ Brakhot, cadeaux, centres aérés pour les petits, et même un voyage à l’étranger pour les veuves, sans oublier leur légendaire Michté de Pourim que tout le monde attend. On ne badine sur rien chez les frères Einfeld : les meilleurs comiques sont invités pour réjouir les cœurs endoloris, le grand orateur Rabbi Meilekh Biderman vient parler, et on offre des cadeaux à tous les participants, enfants, et, bien sûr, mamans comprises.

Même Pourim/Corona...

Très représentatif de leurs actions, une femme seule appelle pour leur demander : “Comment va-t-on faire sans votre Michté cette année ?”.

Pas d’inquiétude, Ya’acov et ‘Azriel ont pensé à tout : “Cette année aussi votre Pourim sera exceptionnel, même à la maison”, répondent-ils. 

Les frères ont invité un chef et des assistants cuisiniers, loué une cuisine équipée qui va sortir de leurs fourneaux des plats exquis et les livrer « à domicile », le jour J, selon le menu commandé !!

Lorsque les frères Einfeld donnent, c’est de tout leur cœur et dans les moindres détails : même ce Pourim/Corona sera inoubliable.

Parmi les centaines de lettres de remerciements, une, très courte, sort du lot et exprime peut-être au mieux le sentiment de reconnaissance devant ces deux hommes, au garde-à-vous, sans cesse sur le qui- vive, pour aider celui qui en a besoin :

« Vous, généreux de votre peuple, compatissants fils de compatissants, votre bonté est mêlée à l’intelligence, et vous excellez à savoir exactement de quoi l’autre a réellement besoin... »

Peut-être la définition la plus parfaite du ‘Hessed : lorsque l’intelligence de sentir les besoins de l’autre est associée à la générosité du cœur. ‘Hazak !

 

* Téléphone de l'association : +972 2 99 666 88