Dans l’un des livres du rav Arié Kaplan, on explique que certaines choses étaient si évidentes pour nos ancêtres, qu’ils n’avaient pas besoin d’en être informés explicitement. Certaines idées coulaient de source.

C’est le cas de la finance. Il existe des notions présentées comme originales par les maîtres de la finance contemporaine. Ces mêmes notions étaient autrefois évidentes pour tout le monde. Nos grands-parents n’avaient pas besoin qu’on leur dise de ne pas emprunter d’argent pour l’achat d’articles qu’ils ne pouvaient payer, par exemple. Il n’était pas nécessaire de leur préciser qu’il fallait économiser pour leur retraite ou bien qu’il ne fallait pas faire de dépenses inutiles. Tout ceci allait de soi. Néanmoins, de nos jours, cela n’est pas de notoriété publique.

Où en sommes-nous

Beaucoup de familles souffrent financièrement. Elles ne peuvent payer leurs factures, « trainent la patte » et ne réussissent pas à gérer le quotidien. Dans la plupart des cas, les problèmes peuvent être grandement atténués grâce à un apprentissage approprié sur leur budget.

Avant de marier nos enfants, nous leur parlons de chalom baït (l’harmonie dans le foyer). Mais nous ne leur apprenons pas à gérer leur argent – pourtant le Talmud affirme que les querelles de ménages sont dues aux problèmes financiers (Baba Metsia 59a). Nous avons besoin d’une initiation à la gestion de notre argent, et il nous faut aussi enseigner ceci à nos enfants.

Nous serions, pour la plupart terrassés si, lors de notre quarantième anniversaire de mariage, nous réalisions que nous aurions pu disposer d’un million d’euros dans notre compte d’épargne, si nous avions évité le gaspillage et que nous nous étions contenté de produits plus simples. Personne n’aimerait revenir sur le passé et regretter les milliers d’euros dépensés pour des achats superflus ou dans les intérêts d’emprunts. 

Ce que nous pouvons faire

C’est bien simple : il faut contrôler les dépenses familiales. Ce genre de gestion se fait en trois étapes. Je voudrais tout d’abord souligner que cette approche ne permettra pas à une famille de s’en sortir sans revenu raisonnable. C’est simplement un guide pour les familles qui pourraient réussir, mais qui n’y arrivent pas.

1ère étape : fixer un budget

Dans l’économie actuelle, les prévisions budgétaires sont devenues une nécessité. Un budget familial doit inclure des catégories générales ainsi que des sous catégories. Par exemple, « voiture » doit figurer en tant que catégorie. Elle doit englober les frais divers de la voiture, l’essence, l’assurance et l’entretien. Pour budgétiser, les conjoints doivent réfléchir sur ce qui leur importe. Louer une voiture ou passer Soukot en Israël ? Utiliser de la vaisselle jetable ou aller chaque année dans un grand parc naturel ? Personne ne peut décider à leur place. Quand on met au point un budget, il faut commencer par les dépenses qui sont inévitables. Par exemple, si vous ou votre mari faites vos trajets en voiture, l’essence doit figurer en haut de votre liste. De plus, chaque budget doit prendre en compte quelques économies. Il faut épargner pour la retraite, pour les fêtes familiales, etc... 

2ème étape : se documenter

Informez-vous sur les finances familiales. Certains livres vous donneront des conseils utiles sur la façon de faire des économies dans vos dépenses quotidiennes. Par exemple, les repas doivent être prévus en restant vigilants sur leur coût. « Le journal du grippe-sou » d’Amy Dacyczyn est certainement le meilleur livre en vente. L’objectif d’Amy était d’avoir une famille nombreuse et d’être mère au foyer. Pour s’en sortir financièrement, elle étudiait chaque achat : appareils électroménagers, produits pour bébés, menus, etc. Son livre contient de nombreuses idées et solutions économiques, comme le fait de s’assurer que vos appareils électriques sont rentables (les ampoules fluorescentes réduisent de 80 % les frais d’éclairage) ; l’utilisation de vaisselle en verre plutôt que de la vaisselle jetable ou bien le port de vêtements d’occasion… 

3ème étape : rester aux aguets

Il faut garder un œil sur vos dépenses. En d’autres mots, vous devez noter ce que vous dépensez. La meilleure façon de le faire reste le programme appelé Quicken, un logiciel permettant d’enregistrer chaque achat effectué par chèque, par carte bancaire ou en espèces. Vous pouvez ensuite faire un suivi et voir si vous atteignez vos objectifs budgétaires. Sans ce contrôle des dépenses, vous ne saurez pas ce que devient votre salaire mensuel.

Combien de temps cela nécessite-t-il ? Je propose de vous y atteler une fois par semaine – chaque Motsaé Chabbat (samedi soir, à la sortie du Chabbat), vous pouvez payer vos factures et enregistrer vos dépenses sur Quicken. Ce n’est pas si long…

J’imagine bien que le fait de budgétiser effraie certaines personnes ; elles se sentent emprisonnées de devoir noter et étudier chaque achat. Mais en réalité, c’est le manque de budget qui est restrictif. Grâce au budget, vous avez une somme allouée à l’achat de vêtements. Vous pouvez donc dépenser cette somme sans sentiment de culpabilité. Vous pouvez aussi dépenser de l’argent pour vos loisirs ou pour des voyages. Vous réaliserez également qu’en dépensant moins pour l’article A, vous disposerez de plus d’argent pour l’article B. Essayez de faire ceci pendant six mois et faites le bilan : où en est votre capital ; vous sentez-vous moins stressés ?
 

Éli Pollock