Qui n’a pas vécu le malaise lorsque le mot « peuple élu » est lancé dans une conversation mêlant Juifs et non-Juifs ? Parfois, cela arrive même autour d’une table de Chabbath lorsqu’un cousin un peu éloigné de la pratique de la Torah et des Mitsvot nous lance « faut pas se prendre pour des êtres suprêmes non plus, regardez-vous les religieux ! », mais ce n’est jamais le moment de rentrer dans le débat... et puis, que pouvons-nous bien lui dire ?

Nous connaissons aussi bien l’image véhiculée par certains films, l’image de ce Juif qui est représenté à sa plus grande disgrâce : magouilleur, voleur, tricheur, cupide, le tout avec une solidarité fraternelle couvrant les pires travers. Difficile de penser autrement, lorsque le chef d’État Charles de Gaulle dans sa conférence de presse du 27 novembre 1967 donne le ton en déclarant de vive voix : « Le peuple juif est un peuple d’élite, sûr de lui et dominateur », propos qui, pour le célèbre sociologue Raymond Aron, « habilitent l’antisémitisme français ». Il y aussi la vision caricaturiste bien française de la presse sur les “pieds-noirs” venus d’Afrique du nord et leurs coutumes « bizarres » voir quelque peu « dérangeantes ».    

Notre identité a parfois tendance à se confondre avec ce portrait que nous reflète la société. On a honte d’être ce que l’on est. 

On mange Cachère, mais à la maison. On porte la Kippa, mais dans la poche. On accompagne les enfants au Talmud Torah le dimanche, en disant aux collègues qu’ils vont au judo. Pendant Pessa’h, on ne mange que des pommes de terre et de la salade au bureau - imaginez que l’on voit notre Matsa et que l’on soit catalogué « juif religieux » !

Alors, il est temps de savoir qui nous sommes vraiment, et de quoi nous devons être fiers !

Être Juif, c’est quoi ?

Pour le savoir, citons, ni plus ni moins, D.ieu : « "vous serez pour Moi une dynastie de pontifes et une nation sainte." Tel est le langage que tu tiendras aux enfants d'Israël. » (Exode 19, 6) Le message est clair. Une « dynastie de pontifes », c’est-à-dire apprendre à l’humanité la loi de D.ieu, et « une nation sainte » implique d’être élevé au-delà des défauts du genre humain. D’un côté, l’immense honneur d’être les représentants du Créateur du Ciel et de la Terre, de l’autre la grande responsabilité vis-à-vis de l’humanité, nous devons donner l’exemple !

La question est de savoir si nous l’avons fait ? 

Comme expliqué plus haut, le monde nous donne l’impression que nous n’avons pas respecté notre engagement vis-à-vis du Ciel, pourtant rien n’est plus faux…

Tâchons de comprendre pourquoi.

À l’origine, Avraham, notre patriarche, vivait dans un monde où les gens adoraient des divinités, chacune répondant aux travers de ses bas instincts. L’un « entendait » de son dieu de sacrifier son fils, l’autre « entendait » de sa déesse de violer sa fille, et pour les plus modérés, leurs dieux leur imposaient un « service » imaginaire les soumettant à une réalité imprévisible, qui était en réalité nichée dans les tréfonds de leurs inconscients malades. 

Citons pêle-mêle et sans être exhaustif Loki, dieu de la discorde dans la mythologie nordique qui était zoophile, Brahma chez les hindous qui harcelait sa fille, Osiris dans l’antiquité égyptienne qui avait des rapports avec ses deux sœurs, Priape chez les romains et ses envies de viols récurrents, Zeus dans la mythologie grecque qui se transformait en animal pour avoir relations avec des êtres humains...

Tous ces dieux étaient « les dirigeants moraux » sur lesquelles des civilisations entières s’appuyaient, imaginons un peu l’état des petites gens du peuple…

Afin de mesurer les pratiques des idolâtres, un exemple contemporain, en Inde. La loi nationale a dû faire interdire en 2000 une pratique répandue qui consistait, pour une veuve, à se jeter vivante dans le feu pour témoigner à son mari tout juste défunt son allégeance éternelle, à l’image de « Sati », héroïne indienne de l’époque du Ramayana… Notre Jules Vernes national se disait déjà horrifié par ces pratiques dans son chef-d'œuvre « Le tour du monde en quatre-vingt jours ».   

Avraham combattait ces dérèglements moraux de toutes ses forces. Ce fut le combat de sa vie, enseignant aux populations et à sa petite famille les valeurs de la foi en un D.ieu Unique dont il démontra maintes fois l’existence.

La famille s’agrandit et devint un grand peuple face au régime égyptien et ses diverses divinités perverses. Jusqu’au moment où D.ieu, Lui-même, fit descendre des Cieux (et en présence de millions de témoins) la Torah dans laquelle figurait le code moral que devait suivre le peuple juif et plus globalement donner l’exemple à  l’humanité : Je Suis l’Éternel ton D.ieu – Tu n’auras pas d’autre dieux que Moi – Tu ne tueras point – Tu ne commettras pas de vol – Tu ne commettras pas d’adultère etc., autant de règles qui dorénavant représenteraient la pierre angulaire de l’humanité pour les guider vers un monde meilleur.

Une fois le message de D.ieu révélé par Son peuple à travers Ses prophètes, des orateurs venus des nations ont eux aussi formé des disciples à qui ils enseignèrent une loi basée sur la loi de Moïse. (Voir Rambam Juges et Rois chapitre 11 Halakha 4) 

Si bien qu’aujourd’hui, l’ensemble des lois universelles les plus fondamentales, tel que considérer le meurtre comme étant un crime ou le vol comme un délit vient du judaïsme !

Des critiques telles que celles de Sand et de Céline, ainsi que de nombreux autres encore, ne survivraient pas dans un monde dans lequel les Juifs n’auraient pas posé les bases de la morale et du respect de l’autre qui ont donné naissance à la liberté dans toute sa splendeur.

Le travail n’est certes pas fini pour le Juif et il a le devoir continuel de "sanctifier le Nom de D.ieu" par un comportement irréprochable digne de sa sainte mission, mais d’un autre côté, il doit être empli d’une grande fierté, celle d’appartenir au peuple qui a changé, amélioré et libéré l’humanité de ses vieux démons…

«  Son cœur grandit [par sa constance] dans les voies du Seigneur, et il alla jusqu’à faire disparaître de Juda les hauts lieux et les statues d’Astarté. » (Chronique 2 : 17, 6) ; c’est lorsque son cœur est fier de son appartenance aux voies de l’Éternel qu’il fait disparaître les statues d’Astarté et les hauts lieux de son mauvais penchant.