Lorsque Baroukh Salzberg, Juif pratiquant vivant aux États-Unis, a découvert que quelqu'un avait forcé sa voiture et volé le sac de son châle de prière et de ses Téfilines, il poussa un soupir et accepta le fait qu’il devra en acheter de nouveaux. La police locale ayant à traiter avec des criminels plus sérieux que des voleurs de Téfilines, il ne s’attendait pas à les retrouver un jour.

Le soir même, il a rendu visite à un Sofer (scribe) afin de commander de nouvelles Téfilines. Le Sofer, après avoir entendu son histoire, lui remit une carte sur laquelle était imprimée une prière permettant de retrouver des objets perdus. Le Sofer a expliqué à Baroukh qu'il devait faire vœu de donner de l'argent à une œuvre de bienfaisance en l'honneur du grand sage Rabbi Méir et qu’il devait répéter trois fois la phrase « Elakaï Dérabbi Méir ‘Anéni » ( « D.ieu de Rabbi Méir réponds-moi »).

Bien que sachant évidemment qui était le grand sage Rabbi Méir et que cette Ségoula existait, Baroukh n'en avait jusque là jamais fait cas car il se considérait comme une personne rationnelle. « Qu'est-ce que tu as à perdre? », lui demanda le Sofer.

« Très bien », céda-t-il finalement. « Je vais réciter cette prière et promettre de donner de l’argent, mais je n’y crois pas tellement ». Il a donc tout de même commandé de nouvelles Téfilines et a ajouté avec un sourire : « Si un miracle se produit et que je retrouve mes Téfilines volées, je lèguerai cette nouvelle paire de Téfilines à une association de charité ».

Une fois rentré chez lui, Baroukh s’exécuta et récita trois fois de suite la phrase imprimée sur la carte donnée par le Sofer, tout en promettant de faire un don à une œuvre de bienfaisance par le mérite de Rabbi Méir. Puis il oublia tout cela.

Le lendemain, le téléphone sonna chez Baroukh vers deux heures de l’après-midi. Au bout du fil se présenta un certain Méir Kleiner, un Juif religieux de Baltimore que Baroukh connaissait vaguement, car les beaux-pères des deux hommes priaient dans la même synagogue à Monsey et qu’ils s’y étaient rencontrés lors de leurs visites familiales ou pendant les fêtes. Méir Kleiner était un homme d’affaires dont une partie des activités était liée aux prêteurs sur gages locaux.

Ce même jour, Kleiner avait reçu un appel d’un Juif non-pratiquant dénommé Méir Glazer. Ce dernier dirigeait un bureau de prêt sur gages à Baltimore. Un client régulier était entré dans le magasin le matin même et avait déposé sur la banque un sac contenant un Talit et des Téfilines. Il expliqua à Glazer qu’il avait trouvé ce sac jeté à terre dans une ruelle près de la boutique. « Ça ressemble à un truc juif, non ? », ajouta-t-il. Sans être pratiquant, Glazer avait identifié qu’il s’agissait d’un Talith et de Téfilines. Il a donc pris l’initiative de se tourner vers le seul Juif religieux qu’il connaissait, à savoir Méir Kleiner, dans l’espoir de pouvoir identifier le propriétaire de ces objets.

Lorsque Kleiner inspecta le sac, il identifia tout de suite le nom qui y était brodé : Baroukh Salzberg. « Mon beau-père prie avec le sien dans la même synagogue », expliqua-t-il à Glazer. « Je peux donc me procurer son numéro de téléphone et l’avertir que son Talith et ses Téfilines ont été retrouvés. » Glazer lui remit donc avec plaisir le sac contenant les objets de culte.

Ainsi, moins de 24 heures après que Baroukh ait donné la Tsédaka et ait prié pour récupérer son sac de prières, il fut informé du fait qu’il avait été retrouvé… Le tout lui parvint en quelques heures, en parfait état. « Regardez comment la providence divine a joué ici !, s’exclama-t-il. Après que le voleur se soit rendu compte qu'il n’avait rien à faire de mes Téfilines, il aurait pu les jeter à la poubelle. Au lieu de cela, il les a jetées dans la ruelle, et la personne qui les trouvées n’était autre que le fidèle client du presque unique magasin tenu par un Juif dans ce quartier de Baltimore ! Et ce Juif connaissait un seul Juif religieux qui, « par hasard », me connaissait aussi ! »

Baroukh n’a pas oublié ce qu’il avait promis au Sofer sur le ton de la plaisanterie : il n’a pas annulé sa commande de Téfilines. « J’aurais peut-être pu trouver un prétexte pour ne pas léguer ces nouvelles Téfilines, mais après une histoire aussi extraordinaire, je ne voulais pas agir ainsi. Je les ai offerts à un Juif qui revenait à la pratique et qui en avait donc besoin. »

Ah, un point supplémentaire… Savez-vous comment se nomme le Sofer qui a convaincu Baroukh Salzberg de réaliser cette Ségoula ? Tsion Ba’al Haness (Rabbi Méir est surnommé Rabbi Méir Ba’al Haness). Pour de vrai.