Dans sa jeunesse, alors qu’il habitait rue Elkana, Rav 'Ovadia Yossef avait pour habitude de dédier la journée du vendredi à l’écriture de ses Responsa. Il se rendait, le matin, au BetHamidrach voisin et y restait des heures, jusqu’à l’après-midi, à y rédiger ses décisions juridiques.

Dévouée, la Rabbanite lui apportait à midi son repas. Le Gabbaï qui venait régulièrement ranger les Sifré Torah, avait pour habitude de reprendre l’assiette vide et de la rapporter à la maison du Rav.

Après un certain temps, le Gabbaï suggéra à la Rabbanite d’augmenter la quantité de nourriture - il avait remarqué, en effet, que tout disparaissait jusqu’à la dernière miette. « Le Rav a peut-être faim » dit-il. La Rabbanite s’étonna : même à la maison, il ne mangeait pas beaucoup. « Bon, je vais enrajouter », pensa-t-elle. La semaine suivante, elle doubla la ration, et tout fut avalé jusqu’au dernier morceau. Et ainsi enfut-il chaque vendredi.

 

Ceci mit la puce à l’oreille du Gabbaï. « Il y a là quelque chose d’anormal, il faut que je vérifie, » se dit-il.

Le vendredi suivant, il arriva plus tôt que d’ordinaire,accomplit ses tâches habituelles et lorsqu’il eût terminé, se cacha dans la Téva, alors que le Rav était plongé dans son étude. A travers le trou de la porte, il observait ce qui se passait dans le Beth-Hamidrach. Il vit la Rabbanite arriver à midi, comme à l’accoutumée, et servir au Rav son repas. Puis, elle repartit. Il ne se passa pas quelques minutes que plusieurs chats firent irruption par la fenêtre. Ils savaient déjà ce qu’ils avaient à faire. Ils grimpèrent sur la table, avalèrent tout le contenu de l’assiette, léchèrent les os et s’en allèrent comme ils étaient venus.

Plongé dans les profondeurs de la Torah, le Rav ignorait tout de leurs allées et venues...