Que c’était impressionnant d’assister à la vente du ‘Hamets à laquelle procédait le Rav Wozner ! Les nombreux Dayanim étaient assis autour de la table. Il effectuait sept ou huit Kinyanim (« actes d’acquisition ») de nature différente, et il expliquait à l’assistance les avis des Richonim (les décisionnaires anciens) en précisant quel était le meilleur Kinyane, et pourquoi l’un expliquait que tel autre acte d’acquisition était préférable.

Avec sa façon particulière d’offrir un visage rayonnant à toute personne, même à un non-juif au marché, s’est-il adressé, avec humour, au non-juif qui était venu acheter le ‘Hamets accompagné de son enfant et il lui a demandé s’il l’avait amené pour lui apprendre « le métier » pour les années à venir…

Cette attitude est un « concentré » de la pureté de l’homme parfait, mais quand on y réfléchit en profondeur, on découvre qu’il s’agit de la continuité de la lignée de la même personne qui se comportait avec droiture, comme Hachem l’a créé et se déchargeait du fardeau des considérations des autres, puisque le comportement particulier du Rav avec son prochain émanait d’un travail personnel et d’une réflexion permanente pour savoir comment était-il possible de faire du bien avec les créatures de D.ieu et il faisait rayonner leurs visages.

« J’ai eu le mérite d’entendre de la bouche du Rav, une phrase qui a ouvert une légère lucarne permettant de contempler sa grande personnalité », a raconté son élève le Rav Binyamine Grossberd. « C’était l’un des jours de ‘Hol Hamo’èd de Pessa’h, à un moment où nombreuses étaient les personnes qui affluaient pour rendre visite au Rav. Parmi ce vaste public, il y avait des Rabbanim, des Raché Yéchivot, des Dayanim, des Talmidé ‘Hakhamim, des personnalités communautaires et des hommes simples d’Israël.

Après que tous se soient levés de leur place et soient passés pour se faire bénir, le Rav m’a fait signe de patienter (la raison pour laquelle il m’avait demandé d’attendre nous apprend beaucoup à propos de son humilité exceptionnelle. Le Rav voulait « demander conseil » pour fixer le programme d’étude du prochain trimestre. Pouvez-vous imaginer une chose pareille ? Notre grand maître, le décisionnaire de la génération, vers qui les yeux des membres du peuple d’Israël sont tournés, doit s’intéresser aux « jeunes brûleurs » et prendre en considération leurs souhaits !)

En me tenant près de lui, j’ai été témoin de sa relation personnelle impressionnante, pleine de patience et de chaleur à l’égard d’autrui. Si, au premier, il demandait : « Comment va votre père ? », au second, il s’intéressait à sa propre situation, et, au troisième, il faisait part du souci qu’il portait à son Gma’h.

Alors que j’étais encore stupéfait, l’assistance avait fini de passer et j’entendis le Rav conclure avec satisfaction : "Grâce à D.ieu, il y avait ici beaucoup de personnes de tous les cercles et de tous les milieux, et je les ai tous accueillis convenablement". On en déduit que le Rav investissait de la réflexion et s’efforçait en permanence de satisfaire le souhait de chacun, tout comme il investissait un travail personnel pour les Mitsvot ayant trait à la relation de l’homme envers Son Créateur, il en fut ainsi pour les Mitsvot relatives à la relation entre l’homme et son prochain, sans aucune distinction.

"Je me souviens, raconte son petit-fils, Rabbi Akiva Wozner, un jour, un Juif important est arrivé de l’étranger tôt le matin, et mon grand-père, arrivé à la synagogue pour la prière du matin, avait spécialement fait le tour pour passer devant lui afin de ne pas enfreindre l’interdit "Machkim Léfate’ho". Ainsi, il est passé devant sa place et lui a chaleureusement souhaité "Baroukh Habba", et, simultanément, il veilla à ne pas enfreindre l’interdit de saluer avant la prière. Immédiatement après la lecture de la Torah, il s’approcha à nouveau près de lui et prit de ses nouvelles… Voilà un exemple où le respect minutieux de la Halakha et la vigilance du respect du prochain s’associent."

Après l’office, il avait toujours l’habitude de s’adresser aux fidèles et de leur offrir une relation chaleureuse et paternelle en leur accordant de l’attention ou en adressant un mot gentil. Même les jeunes enfants bénéficiaient de l’attention du Rav. Il est arrivé une fois qu’il y avait une grande affluence, si bien qu’on poussa fortement un enfant sans y prêter attention. Immédiatement, le Rav s’était arrêté et avait appelé l’enfant en question pour le réconforter avec une chaleur remarquable.

Lors d’un séjour du Rav à Manchester, il était allé rendre visite au Rav Ségal qui résidait dans cette ville. Le Rav s’éloignait des flashs des appareils photo et n’appréciait guère - c’est le moins qu’on puisse dire - qu’on le photographie de temps à autre. Malgré cela, lorsqu’il fut informé que l’un des Ba’hourim qui était arrivé sur place avait été très peiné de ne pas se faire photographier avec le Rav, il n’hésita pas à sortir de la voiture pour faire une pause avec le jeune homme en question et lui accorder ce plaisir de se faire photographier avec lui.

Il en était ainsi également au moment du festin de Pourim. Lorsqu’un Juif entrait avec un appareil photo, les élèves du Rav se mettaient à crier pour qu’il ne fasse pas de photo. Mais le Rav les stoppait et leur disait avec calme et douceur : "Qu’est-ce que vous voulez ? Pourquoi faites-vous une histoire de cela ? Après tout, il est simplement venu prendre des photos !"

Pour le Rav, le travail des Middot n’était pas seulement un aspect ou un fondement de la ‘Avodat Hachem, mais c’était une base de la grandeur de la Torah. Comme ce qu’il a écrit et expliqué dans son introduction au responsa « Chévet Halévy ». À de nombreuses occasions, les sources de vérité sont inaccessibles à la personne, et ceci est dû au fait qu’une mauvaise Midda, telle que l’orgueil ou la sévérité, entrave l’étude. C’est cette mauvaise vertu qui se saisit de l’âme de la personne, de son esprit et de son cœur, et intervient au moment de l’étude, contre son gré, pour brouiller son esprit et trancher « l’impur » comme le « pur ». Pour cette erreur, il n’était pas puni, car c’est son esprit qui l’a contraint à s’écarter de la vérité, mais il en sera très humilié dans ce monde ici-bas et dans le monde futur, car on lui dira : « À cause d’une légère sévérité insignifiante, tu t’es causé un obstacle énorme qui t’a fermé les portes de la sagesse! »