Nous avons abordé précédemment la façon dont le commandement « d’aimer son prochain » exige de nous de vouloir le meilleur pour les autres et d’éviter de leur causer du tort.

On applique également ce commandement en accomplissant des actes de bonté pour les autres. De temps en temps, nous avons tous besoin de l’aide de nos amis, et nous sommes très reconnaissants lorsqu’ils sont disposés à nous la procurer. D’après la Torah, nous devons faire pour les autres ce que nous aimerions qu’ils fassent pour nous. Donc, par exemple, si vous voyez quelqu’un ployer sous le poids de sacs lourds, proposez-lui d’alléger son fardeau ; nous apprécions clairement lorsque d’autres se proposent de nous aider ! Si nous ouvrons les yeux, nous découvrirons d’innombrables moyens d’aider les autres et qui ne doivent pas nécessairement exiger une immense abnégation de notre part. Même des actes simples comme un sourire ou un mot gentil peuvent éclairer la journée de quelqu’un. Mon épouse et moi étions une fois dans un taxi dont le chauffeur arborait un air sévère. Ma femme se donna un défi : faire sourire cet homme ! Nous étions en Israël, et le chauffeur ne parlait pas bien l’anglais, mais lorsqu’il nous entendit parler cette langue, il se mit à baragouiner dans un anglais approximatif. Saisissant l’opportunité, mon épouse fit remarquer à quel point son anglais était bon. Sa réaction fut de rire et sourire pendant tout le reste du trajet ! Si nous adoptions tous l’attitude d’aimer notre prochain, le monde serait bien plus agréable à vivre.

« Aimer son prochain » est une forme de bonté reposant sur le fait de penser aux sentiments des autres. Un autre commandement se focalise sur un aspect différent de la bonté ; c’est « marcher dans les voies de D.ieu ». Nous devons tenter d’imiter les traits de caractère d’Hachem : tout comme Il est un pur donneur, nous devons nous évertuer à donner. Il est compatissant, à nous aussi de devenir compatissants. En de nombreuses occurrences de la Torah, Hachem prodigue des bontés - leur présence a pour but de nous enseigner à prodiguer des bontés nous aussi. Par exemple, lorsqu’Avraham ne se sentit pas bien, Hachem lui rendit visite. Nous apprenons de là que nous devons aussi rendre visite aux malades. De plus, nous apprenons les subtilités de la manière de les aider par la façon dont Hachem a agi en rendant visite à Avraham : Il n’a en réalité rien dit à Avraham. Il est simplement « resté là », pour ainsi dire. Ceci nous enseigne que lorsque nous rendons visite à un malade, le plus important n’est pas nécessairement le contenu de nos paroles, mais le fait que nous sommes là pour nous associer à leur douleur. Cette injonction est semblable à « Aime ton prochain » en ce qu’il conduit à des actes de bonté, mais une différence significative les sépare. Alors que « Aime ton prochain » se focalise sur l’autre, « Marcher dans les voies de D.ieu » nécessite de nous concentrer sur l’amélioration de nos propres traits de caractère ; je veux être meilleur, plus gentil. En observant ces deux commandements, on peut réellement ressembler à D.ieu.

Une clé pour accomplir le précepte d’aimer son prochain est de tourner notre attention vers ceux qui nous entourent. Nous avons tous une tendance naturelle à penser à nous-mêmes plus qu’aux autres, et en conséquence, nous ne sommes pas toujours conscients des besoins des autres. Pour aimer notre prochain, il est nécessaire de tenter sincèrement d’être sensibles à ses besoins.

Dans le judaïsme, les hommes les plus intelligents sont également les plus vertueux - il existe d’innombrables exemples indiquant comment d’illustres autorités rabbiniques ont exprimé leur préoccupation du prochain. Rabbi Moché Feinstein a été le Rav et guide du judaïsme américain pendant de longues décennies ; un jour, un de ses élèves le conduisit en voiture quelque part. Lorsque Rabbi Feinstein entra dans la voiture, l’élève ferma par inadvertance la porte sur ses doigts, mais le Rav garda un silence complet comme si de rien n’était. Un témoin, abasourdi, lui demanda pourquoi il n’avait pas crié, mais il répondit que l’élève aurait été extrêmement embarrassé de lui avoir fait mal et donc il se contrôla et garda le silence.

Autre exemple d’un altruisme exceptionnel avec le Rabbi Isser Zalman Meltzer, un grand Rav vivant en Israël au début du vingtième siècle. Son gendre, Rabbi Aharon Kotler et son petit-fils Shnéor rendirent visite à Rabbi Meltzer pour prendre congé de lui peu avant de quitter Erets Israël pour le mariage de Shnéor. Rabbi Meltzer s’arrêta au milieu des marches plutôt que de les accompagner tout le chemin jusque dans la rue. Lorsqu’ils l’interrogèrent à ce sujet, il s’expliqua : « De nombreuses personnes qui vivent aux alentours ont des petits-enfants qui ont été assassinés par les nazis. Comment pouvais-je aller dans la rue et embrasser mon petit-fils, affichant ma joie en public, alors qu’eux ne peuvent en faire de même » ??[1]

Ces démonstrations surhumaines d’altruisme peuvent constituer une source d’inspiration pour nous. De nombreuses opportunités s’offrent à nous de surmonter notre égocentrisme et de prendre conscience des besoins de notre entourage. Un certain nombre de préceptes encouragent le développement de cette qualité d’altruisme. Par exemple, si on trouve un objet perdu comme un portefeuille dans la rue, on est obligé (dans certaines circonstances) de le ramasser, de le garder et d’annoncer sa perte dans le quartier dans le but de retrouver son propriétaire. Ce commandement exige de nous de prendre du temps sur notre emploi du temps chargé et de consacrer des efforts pour aider notre prochain. En nous efforçant d’observer ces injonctions, nous pouvons tous nous améliorer.


[1] Kaplan : Major Impact, p.53.