En 1969, le professeur Walter Mischel de l’université de Stanford a mené l’une des expériences les plus connues de l’histoire de la psychologie : le test du marshmallow. C’est une expérience liée à la gratification différée. Elle a été réalisée dans une maternelle de Stanford, dont les murs transparents ont permis au chercheur d’observer les enfants subir le test en temps réel.

On plaça dans une pièce vide une table et une chaise. Sur la table étaient disposées une cloche et une assiette contenant un marshmallow.

À l’enfant qui entrait dans la pièce, on expliquait qu’il pouvait manger le bonbon après avoir sonné la cloche. Mais s’il réussissait à surmonter son envie de manger en attendant quinze minutes, il recevrait en compensation un marshmallow supplémentaire.

Il n’y avait dans la pièce ni jeux ni livres, images ou autres objets susceptibles de détourner l’attention de l’enfant, ce qui était plus difficile pour celui-ci.

Pendant deux années entières, le professeur Mischel a observé 653 enfants. La majorité des enfants ont résisté pendant une minute avant de céder à la tentation du bonbon. Certains ont même mangé la friandise dès que la porte a été refermée derrière eux, sans même prendre la peine de sonner la cloche.

Le peu d’enfants qui ont relevé le défi des quinze minutes ont eu droit à un autre marshmallow, comme promis.

12 ans plus tard, en l’an 1981, le professeur Mischel a décidé de retrouver les enfants qui avaient subi le test pour déterminer leur niveau de réussite scolaire. Il s’avère que les enfants ayant échoué au « test des Marshmallows » avaient des difficultés scolaires et souffraient de divers troubles du comportement à l’école. En revanche, les enfants qui avaient relevé le défi, avaient réussi leurs examens d’entrée à l’université, et reçu en moyenne 210 points de plus que les autres, et réussissaient mieux dans tous les paramètres de leur vie personnelle.

Alors oui, à nous de mener notre vie et d’éduquer nos enfants et nos élèves à la maîtrise de soi et la gratification différée. Ce sont des qualités qui permettent de réussir dans la vie.

Liberté de construire, liberté de détruire

Il y a soixante-dix ans, « l’esprit de liberté » a commencé à souffler dans le monde occidental. Ce mouvement, dont la source est en Amérique, estimait que nous ne devions pas mettre un frein à nos impulsions ni « réprimer » nos enfants en leur imposant des tâches et des obligations, et chacun(e) devait laisser libre cours à ses envies du moment.

Un bref regard autour de nous nous renseignera sur la liste des torts engendrés par cet esprit destructeur : un gaspillage d’argent en conséquence d’achats impulsifs, des réactions agressives aux envies, des ruptures de régime, une persévérance limitée dans l’accomplissement de tâches… un monde qui devient dominé par les penchants et dont on perd le contrôle.


La Torah expose une vision inversée des choses : elle nous enseigne que la bravoure de l’homme tient à sa faculté de contrôler ses pulsions.

Dans le Zohar, nous trouvons que l’animal le plus dangereux sur terre est l’homme, étant donné que D.ieu a instillé en l’homme des qualités de l’animal : l’audace, l’insolence, la cruauté, etc.

D’un autre côté, l’homme peut être la couronne de la création. Le choix se trouve entre nos mains.

« Qui domine ses passions l’emporte sur un preneur de villes. »

Nos Sages évoquent une rencontre fascinante datant d’il y a 2300 ans entre Alexandre de Macédoine - Alexandre le Grand -, le messager de l’hellénisme, qui régnait sur tout le monde antique, et les Sages d’Israël, lors de sa courte visite en terre sainte. « Qui est un héros ? », s’interrogea Alexandre, se considérant certainement comme la réponse à sa question. L’architecte de la victoire de la bataille de Gaugamèles, au cours de laquelle il avait écrasé l’empire perse, était considéré comme l’un des grands dirigeants, si ce n’est le plus grand, et avait de ses dix doigts bâti l’empire le plus puissant dans l’histoire des peuples à l’âge de seulement 30 ans. Il était persuadé d’avoir atteint le sommet et que personne ne pouvait l’égaler.

Or, la perception des Sages juifs était différente : la bravoure n’est pas extérieure, mais intérieure !

La qualité de vie ne se mesure pas en fonction de l’assouvissement des passions. Elle se mesure principalement en fonction de la maîtrise de l’homme sur ses passions. Et, en conséquence, un authentique héros est celui qui domine ses penchants.

Dans un monde dominé majoritairement par cette culture grecque matérialiste, armons-nous de courage en apprenant à nous maîtriser et non à être maîtrisé.

Rav Yéhouda Chimoni