Le mois d’Adar est selon la Tradition juive un mois de bon Mazal et de joie. Le miracle de Pourim s’est déroulé durant cette période de l’année et sera fêté par le Klal Israël par un repas copieux accompagné de vin ! En effet, cette boisson amène à l’allégresse, même lorsque l’humeur n’est pas au beau fixe. La 'Hassidout insiste sur l’importance de la Sim'ha dans le cadre du service divin et concrètement, les Admorim proposent régulièrement à leurs disciples un petit verre d’alcool. Dans les communautés séfarades également, la consommation d’eau de vie comme la Mah’ia (ou Arak) ou la Boukha lors de fêtes religieuses est une habitude qui se perpétue jusqu’à nos jours.

Si on analyse de plus près l’impact de l’alcool sur l’homme, on y décèlera un apport bien plus fondamental qu’une simple plus-value de bonne humeur. Dans la vie, on se trouve parfois dans des situations sans issue face à des problèmes d’ordre médical, financier ou familial. On a beau analyser les données sous tous les angles, on ne parvient pas à y trouver de solution. L’angoisse et le stress nous envahissent mais voilà qu’apparait soudain un élément nouveau et insoupçonné bouleversant ces données et apportant un dénouement heureux à notre problème. Il ne s’agit pas forcément de "miracle" sortant des limites du normal, mais tout simplement d’une nouvelle analyse ou d’un apport extérieur qui vient se greffer et changer de façon radicale la situation pénible dans laquelle nous étions embourbés. On peut appeler cela de la chance, un coup de pouce du destin, mais dans le Judaïsme, on donne un nom à ce phénomène : la Hachga'ha Pratit, l’intervention de D.ieu. 

Dans ces moments de stress, la consommation d’alcool peut nous aider à retrouver l’espoir, car il a la faculté de neutraliser l’esprit - qui fonctionne de manière analytique et confine au désespoir faute de solution -, pour amener à la Emouna. Bien qu’il soit nécessaire dans la vie d’utiliser notre intelligence pour prendre des décisions, nous devons savoir que cette réflexion est parfois paralysante, sachant qu’en finalité l’avenir nous réserve des surprises. 

C’est pourquoi Baba Salé, comme d'autres Tsadikim, proposait à toute personne qui venait lui raconter sa détresse un petit verre d’Arak, afin de surmonter sa douleur et de croire à la chou’a (le salut) de D.ieu. La consommation de vin (modérément évidemment) le jour de Pourim est aussi à comprendre dans cette optique. Elle nous permet de soulever le rideau des apparences afin de voir la Main de D.ieu intervenant continuellement dans notre destinée. 

Un des commentateurs contemporains, le Rav 'Haïm Chmoulevitch de la Yéchiva de Mir, expliquait à ce propos que c’est le sentiment de désespoir et d’abandon qui aurait amené les Bné Israël à la faute du Veau d’or dans le désert. En effet, Moché Rabbénou, après la Révélation, tarda à descendre du mont Sinaï. Il était prévu qu’il reviendrait au bout de 40 jours, mais cette échéance, que les Hébreux crurent dépassée, entraina toutes sortes de spéculations. "Qu’allons nous devenir sans notre guide Moché en plein désert ? Qui va nous mener en terre promise ?" Ces questions déboucheront sur un vent de panique générale, entraînant les juifs dans l’idolâtrie, poussés à la faute par leur imagination débridée.

Le Yéouch (désespoir) provient du Yétser Hara’ qui cherche à nous plonger dans l'abîme, sachons-le. 

Il est primordial de combattre ce sentiment pour conserver joie de vivre et Emouna