Il y a quelques jours, nous a quittés un grand homme : le Rav Ouri Zohar. Il représente le symbole du Ba’al Téchouva de l’époque moderne. Au sommet du succès, ce comédien-humoriste quitte la scène et effectue un retour spectaculaire aux sources du judaïsme. Sa démarche sera ressentie comme un choc, un tremblement de terre, par le grand public israélien qui attendait avec engouement ses apparitions à la télévision et au cinéma. Je me souviens dans ma jeunesse alors que je me trouvais en Israël, des jeunes nous accostaient en nous demandant (nous qui avions l’apparence religieuse) si nous connaissions Ouri Zohar, car on cherchait à avoir de ses nouvelles et à comprendre ses choix.

On l’a comparé à Rabbi ‘Akiva qui, comme lui, commença à étudier la Torah à l’âge de 40 ans. Il est tout aussi comparable à Yitro qui quitta sa place de grand-prêtre idolâtre, une fois convaincu de l’insignifiance de ce culte. Rabbi Ouri, lui aussi, s’éloignera du milieu dans lequel il évoluait en super-star, réalisant le vide d’une vie dénuée de spiritualité. Il devra tout comme Yitro surmonter les pressions sociales afin de persévérer dans la voie qu’il considère être celle de la vérité. Car c’est uniquement la vérité qui véhicule ses choix, sa vie matérielle lui ayant tout donné jusque-là.

Après sa Téchouva, il ne niera pas ce qu’il a été dans le passé et se sentira toujours concerné par la société qui était la sienne, la “bohème” de Tel-Aviv. Il écrira un livre (Ouba’harta Ba’haïm “Et tu choisiras la vie”) afin d' expliquer sa démarche, accordera des interviews à des journaux populaires et fera quelques vidéos exposant ses nouvelles conceptions. Il conservera son amitié avec certains de ses anciens amis, comme le chanteur Arik Einstein. Il ira même jusqu'à réciter le Kaddich pour toutes ses connaissances décédées, le jour de leur Yortzeït (anniversaire de leur mort). 

Mais Rabbi Ouri voudra rattraper son “retard” dans la connaissance de la Torah et se construire. C’est pourquoi les premières années après sa Téchouva, il n'apparaîtra plus en public, étudiant la Torah assidûment. Plus tard, il commencera à transmettre son savoir, et se déplacera dans tous les coins du globe, provoquant un réveil au judaïsme sans précédent chez le public d’origine israélienne qui viendra l'écouter. Il sera à la tête, avec le Rav Sorotzkin, de l’organisation Lev Léa’him, proposant un suivi aux Ba’alé Téchouva dans leur évolution, s’occupant parallèlement de l’inscription des jeunes israéliens dans des écoles religieuses. 

Homme de cœur et de vérité, il prendra la défense du Rav Arié Derhy en 1999 lors de son inculpation, convaincu de son innocence. Il participera à la réalisation du film “Ani maachim” (“J’accuse”), dans lequel sont démontées les fausses accusations que l’on portait sur ce jeune ministre religieux prometteur. Durant toute la période d'incarcération de ce dernier, il créera en face de la prison un rassemblement quotidien avec des cours de Torah et des prières collectives, afin de soutenir moralement le chef du parti Chass.

Le Rav Ouri Zohar vivra une vie de grande simplicité, demeurant depuis quelques années dans un appartement de 30 m², détaché des biens de ce monde. Il nous a quittés brusquement, au regret de très nombreuses personnes qui lui doivent leur retour au judaïsme et aussi de tous ceux qui ont admiré ce personnage extraordinaire. Il tenait à se préparer à ce rendez-vous avec le Ciel et désirait arrêter toutes ses activités pour se consacrer à ce but. De grands Rabbanim ont insisté pour qu’il persiste dans son Zikouy Harabim, à propager son enseignement et ses conseils. C’est ce qu’il fera jusqu'à ses derniers jours, car Rabbi Ouri était un vrai soldat de D.ieu, et ainsi qu’il avait l’habitude de dire : “le devoir avant tout !”

Que son souvenir soit source de bénédictions.