Vous avez été très nombreux à regarder et à apprécier l’émission que Torah-Box proposait sur Pourim, au cours de laquelle différents Rabbanim se sont exprimés sur des passages clés de la Méguila. À mon tour de vous faire partager une réflexion qui ressort de ce livre saint et qui ne peut nous laisser indifférents, surtout dans la conjoncture actuelle.

L’un des héros de ce récit qui s’est déroulé pendant l’exil de Babel après la destruction du premier Temple est assurément Mordekhaï. Tout au long des évènements relatés et des rebondissements, il garde la tête froide, confiant en la justice et la bonté divines. Il sait que les Bné Israël ont fauté en participant au festin donné par le roi A’hachvéroch des années auparavant et redoute un châtiment du Ciel. Lorsque les envoyés du roi s’emparent de sa nièce - qui n’est autre que sa femme - afin de l’amener dans le palais royal pour qu’elle soit finalement choisie comme reine parmi des milliers de prétendantes, il est persuadé que cet avènement décidé par le Ciel est crucial. Même si pour l’instant, les raisons lui échappent.

C’est lorsque Haman devient le second du roi et décrète l’extermination de tout le peuple juif que Mordekhaï réalise alors qu’Esther se trouve au meilleur endroit possible pour intercéder auprès du roi afin d’annuler ce décret. C’est pourquoi il lui demande d’intervenir sans tarder, mais Esther refuse en arguant du fait qu’elle se mettrait en danger en se présentant auprès du roi alors qu’il s’était séparé d’elle, comme le fixe le protocole en usage. Mordekhaï lui répond que même si elle refuse, “de toute façon, le Salut attendu viendra d’autre part !”.

Pour comprendre le poids de cette phrase émise avec certitude, il est important de rappeler que concrètement, devant un despote influencé par son ministre Haman - antisémite notoire et cruel qui décréta la Solution finale -, on ne voit pas vraiment qui aurait pu intervenir autre qu’Esther, qui se trouve être miraculeusement la Première dame du royaume.

Mais c’est mal connaître le degré d’Emouna de Mordekhaï qui est persuadé que le peuple juif ne sera jamais détruit, et que le sauvetage viendra de toute manière. Comment le Tout-Puissant va S’y prendre pour nous sauver ne doit pas nous inquiéter. Mordekhaï certes voit dans sa nièce Esther la personne se trouvant au bon endroit pour intervenir et pense, à juste titre, que le salut peut venir d’elle, mais dans l’absolu, il est convaincu que ce salut peut tout aussi bien provenir d’une autre source.

Ce message accompagne les Bné Israël tout au long de leur histoire. Comme on le mentionne dans la Haggada, à toutes les époques, se lèvent des personnages qui cherchent à nous détruire et seul D.ieu nous protège. Les délégués qui interviennent dans ce monde pour nous sauver seront certes récompensés, mais nous devons savoir que si nous sommes méritants, le Salut nous parviendra certainement, et D.ieu ne manque pas d’intermédiaires. 

A l’heure où Israël est en danger face à l’Iran avec lequel les nations occidentales veulent signer des accords, et alors qu'en Ukraine, des dizaines de milliers de Juifs se trouvent en situation très précaire, certains regrettent l’absence des grands dirigeants d’autrefois au pouvoir. De même, dans notre vécu personnel, lorsque nous sommes confrontés à un problème, nous regrettons l’absence de personnages clés qui pourraient nous sortir de l’impasse.

Mordekhaï nous rassure : “La délivrance et le salut surgiront pour les Juifs d’ailleurs”. Ce ne sont pas les hommes qui provoquent la Yéchou’a, mais elle provient uniquement de Celui qui peut tout.

Pourim Saméa’h !