Notre génération, que l’on a l’habitude de définir comme pré-messianique, a un point commun avec la génération du « Dor Dé’a », la génération qui a connu la sortie d’Egypte.

Le « Dor Dé’a », la génération de la connaissance, ainsi nommée puisque c’est la génération qui a eu le privilège insigne de recevoir la Torah, a dû, avant de pouvoir s’élever vers des sommets de spiritualité, faire face au quarante-neuvième degré d’impureté, tel qu’il existait en Egypte.

Le rav Israël-Ya’acov Lougassy, dans son livre « Ner Léragli », explique que le peuple juif n’aurait pas pu atteindre le quarante-neuvième degré de pureté, après être sorti d’Egypte et juste avant de recevoir la Torah, s’il n’avait pas affronté le quarante-neuvième degré d’impureté, tel qu’il sévissait en Egypte.

Notre génération également, pour avoir un jour droit aux dévoilements extraordinaires qui surviendront à l’époque messianique, doit affronter à l’heure actuelle, non pas le quarante-neuvième degré d’impureté, mais carrément le cinquantième degré d’impureté, autrement dit le summum du mal, ce qui ne s’était jamais produit dans l’histoire de l’humanité.

L’immoralité, la licence des mœurs, la débauche ont atteint de nos jours des sommets inégalés à une telle échelle… Les moyens technologiques les plus puissants et les réseaux de communication les plus développés sont mis au service des pulsions les plus basses et des instincts les plus sordides ; aujourd’hui la débauche est à portée de main de tout un chacun : un simple clic et les portes de l’enfer s’ouvrent…  

Nos Sages, bien avant que cette période n’advienne, en ont déjà défini les contours.

Le Or Ha’Hayim Hakadoch explique que l’essence de la cinquantième porte de l’impureté, c’est l’hérésie et le reniement de la foi. Il prouve ses dires de la manière suivante : étant donné que toutes les promesses de bonheur et d’accomplissement que nous ont faites les Prophètes, concernant la fin des temps, ne parlent que de la perfection de la connaissance, comme l’indique le verset : « La terre sera remplie de la connaissance de D. comme l’eau qui recouvre la mer » (Yécha’yahou 11,9).

Ainsi que le dit explicitement le Rambam à la fin des lois sur les Rois (chapitre 12, halakha 7): «  Tout le désir qu’ont eu les Sages de vivre l’époque messianique, n’était basé que sur la volonté de pouvoir se consacrer librement à la Torah et à la sagesse divine, et mériter ainsi le monde futur ».

Le Rambam affirme également (ibid. halakha 8) que « Le monde entier  ne s’occupera que de connaître D. »

Cela signifie que la cinquantième porte de la pureté, que nous aurons le mérite de connaître à l’époque messianique, constitue en une connaissance d’Hachem d’un très haut niveau, qui surpassera de loin le niveau de nos connaissances actuelles. Par conséquent, la cinquantième porte d’impureté se définit elle précisément par le contraire, à savoir l’ignorance de la connaissance de D. et le reniement de la foi.

Le Ram’hal (rabbi Moché-‘Hayim Luzzato) explique que le sommet de la connaissance que nous atteindrons à l’époque messianique, se concrétisera par la révélation de l’unicité d’Hachem que nous pourrons saisir bien davantage qu’aujourd’hui. Cela signifie que nous pourrons percevoir la présence d’Hachem au travers de chacun des éléments de la Création.

Hérésie ou débauche ?

Notre génération doit donc aujourd’hui se mesurer à la cinquantième porte d’impureté. Des propos du rav Lougassy, il semblerait que cela se concrétise par la débauche, alors que des propos du Or Ha’hayim Hakadoch, il ressort qu’il s’agit de l’athéisme qui sévit aujourd’hui sous toutes ses formes.

Or concrètement, la lutte aujourd’hui semble davantage porter sur le terrain des mœurs que sur celui de la foi, puisqu’à l’heure actuelle les Juifs peuvent pratiquer librement leur foi dans tous les pays où ils se trouvent ; alors que les agressions visuelles et autres dans le domaine de la sexualité se produisent de manière quasiment ininterrompue dans tous les médias.

Cependant, il faut savoir que la lutte principale du yetser hara (penchant au mal) ne porte que sur la émouna (la foi). Simplement, le yetser hara ne peut venir s’en prendre au peuple d’Israël, en l’attaquant directement sur la foi. En effet, le peuple juif est un peuple saint, « maaminim bné maaminim » (croyants fils de croyants). Par conséquent, le yetser hara utilise une voie détournée qui est censée lui assurer le succès. Il est rapporté à ce propos dans le traité Sanhédrin 63 : « Le peuple d’Israël sait que l’idolâtrie est vaine et il ne s’y est livré que pour s’autoriser les relations sexuelles interdites ». Mais la question n’en demeure pas moins : puisqu’ils connaissaient la vanité de l’idolâtrie, pourquoi s’y sont-ils livrés malgré eux ?

L’explication en est la suivante : les relations sexuelles interdites constituent la corruption la plus grande de l’esprit et du cœur de l’homme, au point d’entraver totalement son jugement et de l’amener à renier toute la Torah. La démarche est la suivante : l’homme désire fauter, et il ne peut décemment s’autoriser ses désirs en tant que juif croyant ; par conséquent, il va de prime abord adopter une croyance vaine, une idolâtrie quelconque, pour s’autoriser dans le cadre de cette idolâtrie toutes les déviations…

Nous apprenons de là que le but principal poursuivi par le yetser hara en incitant l’homme à la débauche, est d’amener l’individu à l’apikorsout (hérésie) et au reniement des treize principes de foi tels qu’ils ont été définis par le Rambam. Lorsque l’individu est confronté à une tentation sexuelle, et que les principes de sa foi l’empêchent de fauter, la clarté de son jugement se trouble alors, et il en vient à remettre en cause les principes de base du Judaïsme, comme la croyance en la récompense des Justes et en la punition des pervers, pour s’autoriser l’objet de son désir.

Un exemple historique

L’épisode des Filles de Moav (Bamidbar 25) illustre parfaitement le sujet. Suite aux conseils pernicieux de Bile’am, Balak décide de pervertir les juifs en envoyant les filles de son peuple s’adonner à la prostitution, dans le but bien évidemment d’amener les Juifs à se livrer à l’idolâtrie, en l’occurrence celle de Ba’al Pé’or.

Les filles de Moav n’acceptaient de céder aux avances des Juifs que dans la mesure où ceux-ci voulaient bien pratiquer le culte de Ba’al Péor. Et ce stratagème a malheureusement réussi, amenant ainsi les Juifs à pratiquer un culte idolâtre dans lequel ils ne croyaient pas du tout.

Le regard de nos Sages sur notre époque

Nous nous trouvons aujourd’hui au cœur d’une époque qui était redoutée par les saints Tanaïm (Sages de la Michna) et qu’on appelle ‘Ikvéta Déméchi’ha (époque pré-messianique). Dans le Zohar (Chémot 7), il est dit : « rabbi Chim’on [bar Yo’haï] a élevé ses mains [au ciel], a pleuré et a dit : « malheur à celui qui vivra à cette époque ! » Rachbi a prononcé ces paroles, lorsqu’il a vu par inspiration divine notre époque. Rachbi a aussi conclu par ces paroles : « Méritant est celui qui vivra cette époque dans la foi ».

C’est à propos de notre époque qu’a été dit le verset : « Le juste vivra par sa foi » (‘Havakouk 2,4). En effet, pour pouvoir traverser sereinement une époque comme la nôtre, remplie de difficultés dans tous les domaines (mariage, parnassa, éducation etc.), il faut être empli d’une émouna sincère et solide. Or la condition sine-qua-non pour être empli d’une émouna sincère, c’est de vivre une vie basée sur la kédoucha (la sainteté).

La kédoucha, cela signifie s’éloigner de tous les interdits sexuels, comme l’exprime le verset : « Soyez saints, car Je suis saint » (Vayikra 19,2). Rachi explique sur place : « Séparés des relations sexuelles interdites ».

Puisque les relations sexuelles interdites constituent la plus grande des corruptions au point d’amener l’homme à pratiquer l’idolâtrie, et ceci pour justifier son comportement, en toute logique le fait de s’abstenir de telles relations constitue la meilleure garantie pour garder une foi intacte ; l’esprit restant clair et à même de percevoir dans toute sa splendeur et sa vérité la Torah d’Hachem.

C’est ainsi que nous pouvons comprendre les paroles du « Réchit ‘Hokhma (Cha’ar Hakedoucha chapitre 16 ), selon lesquelles Hachem juge le pêché de débauche avec plus de sévérité que n’importe quelle autre déviation, car celui qui se livre à cette pratique déracine totalement la sainteté de son âme, ce qui n’est pas le cas pour les autres fautes.

Le Réchit ‘Hokhma affirme également que chaque génération a une réparation particulière à accomplir, comme c’est mentionné dans le No’am Elimélekh ; dans la génération de ‘Ikvéta Déméchi’ha, le yetser hara s’acharnera sur deux domaines : refroidir la émouna et amener les gens à fauter dans le domaine des relations interdites, sachant que cette dernière faute est le facteur principal de refroidissement de la émouna.

Conclusion

Les paroles de nos Sages sont d’une clarté absolue. Heureux celui qui traverse notre époque, armé d’une foi sincère et ardente… Il peut atteindre des niveaux de proximité avec Hachem sans équivalent. Le fait de se préserver au niveau de sa kédoucha, et de maintenir la pureté de ses mœurs constitue la meilleure garantie d’une foi authentique. Puissions-nous être à la hauteur de ce véritable défi.