Il y a plus de 400 ans déjà, le Rabbi de Komarna disait au nom du Ari Zal et du Ba'al Chem Tov que nous nous étions « à son talon » (Notsar ‘Hessed sur Pirké Avot, p. 41). Le ‘Hida, 150 ans plus tard, disait que nous sommes « dans sa génération » (Chem Haguédolim tome 1, p. 16) suivi par Rabbi Nathan de Breslev en 1832 (Alim Létroufa p. 37), et du Rabbi Tsadok Hakohen de Lublin (Tsidkat Hatsadik, p. 46). Le phénomène s’intensifia avec le 'Hafets 'Haïm qui ne cessait de le répéter (Igrot Oumaamarim). Puis cela redoubla de vigueur avec le précédent Rabbi de Loubavitch (le Rayats) qui déclara  que « nous sommes sans le moindre doute dans sa génération » (Likouté Dibourim tome 5, p. 1081). Depuis, tous les grands maîtres des deux dernières générations n’ont plus que cela à la bouche, jusqu’au Steipeler, qui ira même jusqu’à dire que nous sommes « très très proches de sa venue » (Or’hot Rabbénou, p. 287). Vous l’aurez compris, il s’agit de la venue du Machia’h.

Pourquoi les Rabbanim des dernières générations sont-ils si persuadés que nous sommes en train de vivre les derniers instants avant l’arrivée du Machia’h ? Savent-ils des choses que leurs prédécesseurs ignoraient ? Pour le comprendre, remontons aux sources…

La Guémara, dans 'Avoda Zara (p. 9) nous rapporte un enseignement d’Eliahou Hanavi qui dit que « L’existence du monde est de 6000 ans ». Rachi explique sur place qu’il a été décrété que le monde ne dure que 6 millénaires et qu’il se « repose » le septième. Le Machia’h est donc censé se dévoiler avant cette limite, c’est-à-dire d’ici à 219 ans. Cependant, certaines conditions sont requises.

L’une d’elles est évoquée par la Guémara dans Yébamot (p. 62) qui rapporte au nom de Rav Assi que « le fils de David (le Machia’h) ne viendra qu’une fois que toutes les âmes du corps (céleste) seront épuisées », c’est-à-dire que toutes les âmes doivent avoir effectué leur passage sur terre avant qu’il ne soit possible de parler de la venue du Machia’h. Condition apparemment remplie, puisque la Guémara dans Sanhédrin (p. 97) nous dit que Rabbi Yéhochoua Ben Lévi rencontra un jour le Machia’h potentiel de sa génération qui lui dit qu’il pouvait apparaître à tout instant…

Si c’est ainsi, pourquoi est-ce précisément dans nos générations que les Rabbanim disent qu’il est plus proche que jamais ?

Car il y a les prophéties…

Les prophéties de la Bible

La Torah prédit des événements annonciateurs du Machia’h, certains directement dans les versets de la Bible, d’autres par le biais de la transmission des Sages, mais tous relèvent du caractère prophétique. Voyons de quoi il s’agit.

Commençons par les prophéties de la Torah. Alors qu’ils étaient sur le point d’entrer en terre de Canaan, Moïse annonce au peuple d’Israël qu’une fois installé, il fautera et qu’il sera exilé de la terre dans d’atroces souffrances. Les prophéties d’exils et de désolation de la terre se sont toutes réalisées dans les moindres détails, comme en témoignent les livres d’histoires extrabibliques. (Voir ce précédent article)

Puis, dans le même souffle, Moïse leur dit : « L’Éternel, ton D.ieu, te prenant en pitié, mettra un terme à ton exil, et il te rassemblera du sein des peuples parmi lesquels il t'aura dispersé. » (Deutéronome 30, 3)

Était–il prévisible qu’après plus de 2000 ans d’errance et de souffrances continues, le peuple juif réintègre sa terre ? Selon les historiens et sociologues du monde entier, ce phénomène n’a pas d’explications rationnelles… (J. P Sartre, Will Durant, The Story of Civilization, Vol, Nicolas Berdaiev, The Meaning of History, 1936, p. 86-87, Tolstoï, BJewish World, London 1908.

Et une fois le peuple à nouveau sur sa terre, la Torah lui promet une renaissance miraculeuse. Ezéchiel 36 : 8 , 9, 10, 11 : « Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez votre frondaison et vous porterez votre fruit pour mon peuple d’Israël, car ils sont près de revenir… les villes seront repeuplées et les ruines rebâties… Je vous repeuplerai comme dans les temps d’autrefois et vous ferai plus de bien qu’à vos débuts, vous saurez ainsi que je suis l’Eternel. » Rabbi Abba dit que prophéties sont descriptives des événements annonciateurs du Machia’h (Sanhédrin 98a).

Ne sommes-nous pas revenus sur notre terre ? Ne sommes-nous pas témoins de cette reviviscence éclatante ? 

Moïse ne s’arrêta pas là. Il prédit également que le peuple fera Téchouva à la fin de son exil. « Tu retourneras à l'Éternel, ton D.ieu, et tu obéiras à Sa voix en tout ce que je te recommande aujourd'hui, toi et tes enfants, de tout ton cœur et de toute ton âme » (Deutéronome 30,2). Savez-vous combien de Baalé Téchouva (personnes revenues à la Torah et aux Mitsvot) ont pu être comptées seulement en Israël en 2016 ? 267 000. (voir http://www.maane.info/pages/3198) Sans compter ceux que l’institut n’a pas pu recenser, les générations précédentes et les dizaines de milliers de nouveaux membres depuis 2020… Et le tout en Israël seulement.

Les prophéties de la Torah orale

Le Zohar, écrit il y a plus de 1800 ans, ainsi que le Pirké Dérabbi Eliezer (il y a environ 1500 ans), décrivent tous deux la situation géopolitique en terre d’Israël une fois le peuple de retour. Dans la section Vaéra, le Zohar affirme : « Les enfants d’Ichmaël vont avoir la souveraineté sur la terre d’Israël pendant qu’elle sera vide un certain moment, à l’image de leur Mila, en absence de la Priya. Ils empêcheront les Juifs de s’installer dans leur terre jusqu’à ce que le mérite de leur circoncision s’achève. » Nous retrouvons là l’allusion au conflit israélo-palestinien…

Avant que ces prophéties ne se soient réalisées, il était impossible de parler de la venue du Machia’h. Mais ce ne sont pas les seules qui font dire à nos Maîtres que nous sommes dans la dernière génération avant la venue du messie. Il y a également des prophéties que nos Sages nous transmirent qui décrivent avec une grande précision le profil de la génération qui accueillera le Machia’h.

Énumérons-en quelques-unes.

Traité Sota (p. 49) « à l’approche du Machia’h, l’insolence augmentera »

Une génération bien différente de celle de nos aïeux. Les enfants n’ont vraisemblablement plus le même respect révérenciel qu’ils avaient vis-à-vis des adultes en général et du corps enseignant en particulier. Si autrefois, les enseignants inspiraient crainte et respect, aujourd’hui, ils sont des centaines milliers à travers le monde à se plaindre de violences verbales, parfois même physiques, subies au cours de leur carrière. En Israël, c’est 54% des professeurs qui témoignaient avoir été victimes d’agressions verbales en 2019 contre 67,5% en France (Le Point, Violence contre les enseignants : des chiffres alarmants, 2019). Mais il n’y a pas qu’au niveau scolaire que la jeunesse exprime l’effronterie, les parquets traitant des affaires pénales recensaient en 2016 plus de 36% des infractions liées au 10-24 ans. (Insee Réf. 22/11/2016). Pensez un peu à la jeunesse de nos parents et grands-parents et imaginez-vous l’état de la jeunesse du temps des Sages lorsqu’ils écrivaient ces lignes…

« À l’approche du Machia’h, les jeunes humilieront les personnes âgées et les vieillards se lèveront devant les jeunes » Depuis toujours, les Anciens de toutes les civilisations étaient considérés comme les « personnes vénérables » de la société, et leur savoir combiné à leur expérience furent recherchés par les plus jeunes. Aujourd’hui, plus de 60% de personnes à travers le monde déclarent que les seniors seraient discriminés et « bafoués » par la société moderne, comme en fait état le rapport en 2016 d’une étude réalisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La société et son avancée technologique donne l’impression de devancer le savoir de ses anciens et n’accorde que très peu d’importance aux « conseils » de ses pères qu’elle prend trop souvent pour dépassés. N’avez-vous jamais assisté à une scène dans le métro où des jeunes sont assis confortablement sur les sièges tandis que des personnes âgées se tiennent debout les jambes tremblantes ?

« A l’approche du Machia’h, la vigne donnera son fruit et le vin sera cher » On est en droit de se demander la raison d’une telle chose : si la vigne donnera son fruit, il n’y a pas de raison que le vin soit cher, au contraire ! Le Tiféret Israël, expliquait il y a plus de 160 ans déjà dans son commentaire sur la Michna qu’il y aurait beaucoup de gens qui boiront de l’alcool pour noyer leurs soucis. Le baromètre santé de 2015 produit par l’Inpes indiquait qu’entre 2004 et 2005, 20% des hommes et 7% des femmes buvaient quotidiennement. En 2017, c’était plus de 41 000 décès enregistrés qui étaient liés à la consommation d’alcool, soit 11% de la mortalité totale de France. En Israël, le journal Ynet publiait en 2016 que l’alcoolisme était désormais le lot des 10-11ans…   (https://www.ynet.co.il/articles/0,7340,L-3303541,00.html)

« A l’approche du Machia’h, les gouvernements seront athées » Il va sans dire qu’avec la théorie de l’évolution enseignée au programme scolaire dès le plus jeune âge, cette prophétie est sans équivoque. Et si les gouvernements passés étaient tous plus ou moins influencés par une culture judéo-chrétienne, aujourd’hui, le vent a tourné, comme le disait un des porte-parole de la Qualifications and Curriculum Authority (QCA) à l'hebdomadaire "The Observer" : « C'est clairement notre intention de voir les élèves étudier les convictions non religieuses dans le cadre de l'éducation religieuse ». En Israël, Zeev Jabotinsky, chef du parti sioniste déclarait : « Au Sénat, nous allons annoncer que tous les Juifs qui refuseraient de se raser la barbe et les pattes (péotes) seront considérés comme des citoyens de second rang, nous ne leur octroierons pas de droit de vote » (Journal Haarets, ‘A l’extérieur du camp’ 20/10/1919).

« A l’approche du Machia’h, les établissements seront à la débauche » Tout commentaire serait superflu.

« A l’approche du Machia’h, la sagesse des Sages sera répugnée et ceux craignant D.ieu seront dégoûtés » Si, de tous temps, les Sages d’Israël étaient admirés pour leur savoir et leur valeurs morales, les temps ont bien changé. Nous assistons actuellement en Israël à un véritable schisme au sein de la société entre orthodoxes et laïcs. Insultes, démagogies et caricatures ont remplacé la crainte révérencielle qui était le lot des Sages d’Israël depuis toujours. Le « religieux » a dorénavant plus l’image d’un primitif que d’un noble. La société voit en eux un poids qu’elle supporte sans possibilité d’exploitation.

Il y a encore de nombreuses prophéties émises par les Sages dans le Talmud, le Zohar ainsi que dans les Midrachim, qui comme celles énoncées, se concrétisent jour après jour sous nos yeux. L’une d’entre elle est mentionnée dans Chir Hachirim Rabba (chap. 13) qui annonce « Rabbi ‘Hiya Bar Abba déclara : proche de la venue du Machia’h, une grande épidémie s’abattra sur le monde » Serait-ce celle que nous traversons actuellement ?

Quoi qu’il en soit, nous voyons bien la lucidité de nos maîtres lorsqu’ils nous répètent que nous sommes assurément dans les derniers instants avant la venue du Machia’h ; ils s’avancent, prophéties à l’appui. La réalisation de toutes les prophéties n’est néanmoins  pas indispensable pour voir apparaître le Machia’h, comme celles liées à des malheurs ainsi que l’explique le Rambam dans son introduction sur la Michna, car celles-ci dépendent de notre repentir. Cependant, il est intéressant de les connaître pour se « mettre en état », le dicton dit bien qu’un homme avisé en vaut deux…

La Guémara, dans le traité 'Avoda Zara (p. 3), nous dit que la royauté d’Edom – l’Occident – ainsi que celle de la Perse – l’Iran – seront toutes les deux présentes jusqu’à la venue du Machia’h, et Tossefot de rapporter selon une tradition que « la Perse (l’Iran) tombera dans les mains (sera vaincue par) d'Edom (l’Occident) ».

Au vu de toutes ces révélations, je pense qu’il est judicieux de prendre conseil auprès des Sages qui ont reçu, en parallèle de ces prévisions, les moyens de les traverser en « toute sérénité ». Ils demandent « que devra faire l’homme afin d’être épargné par les souffrances liées à l’enfantement du Machia’h ? Qu’il s’adonne à la Torah et à la charité » (Sanhédrin p.98) Dans un autre enseignement, les Sages nous disent d’insister sur les trois repas de Chabbath, car cela est protecteur de ces souffrances (traité Chabbath 118).

La carte de l’avenir est maintenant déployée devant nous, il ne nous reste plus qu’à nous préparer à ce voyage qui va vers le dévoilement de la royauté de D.ieu dans le monde…