רַבִּי אֶלְעָזָר בֶּן שַׁמּוּעַ אוֹמֵר, יְהִי כְבוֹד תַּלְמִידְךָ חָבִיב עָלֶיךָ כְּשֶׁלָּךְ, וּכְבוֹד חֲבֵרְךָ כְּמוֹרָא רַבָּךְ, וּמוֹרָא רַבָּךְ כְּמוֹרָא שָׁמָיִם.

« Rabbi Eléazar ben Chamoa dit : 'que le respect de ton élève te soit aussi cher que le tien, et le respect de ton ami comme la crainte de ton maître, et la crainte de ton maître comme celle du Ciel'. » (Maxime des Pères, 4-12).

Ainsi, Rabbi Eléazar ben Chamoa nous exhorte à prendre une marge de sécurité en ce qui concerne le respect que l’on doit à toute personne. En effet, le fait de côtoyer quelqu’un et de s’habituer l’un à l’autre effrite les marques de respect, jusqu’au point de se permettre quelques remarques déplacées. Ainsi, Moché Rabénou s’adressa à D.ieu d’une façon osée, ce qui lui valut d’être puni. (Chemot 5, 22)

Pour éviter cet effritement du respect, notre Michna nous conseille d’ajouter une marge de sécurité, en respectant un élève comme nous-même, notre collègue comme notre maître, et ce dernier comme nous respectons D.ieu. Cette addition de respect servira de garde-fou afin d’éviter des dérapages. Toutefois, certains commentateurs sont allés plus loin, arguant que l’élève mérite d’être honoré comme un collègue, de droit et non par « charité » ou par prudence.

Rav ‘Hanina dit : « J’ai beaucoup appris de mes maîtres et encore plus de mes collègues, mais le plus que j’ai appris, c’est de mes élèves. » (Traité Taanit 7/a)

Un élève est donc aussi un maître en quelque sorte et mérite un respect supplémentaire, conforme à celui d’un collègue. Le collègue lui-même, toujours selon rabbi ‘Hanina, étant lui aussi un maître, mérite donc un supplément de respect, qui le met sur le même plan que le maître.

Quant à ce dernier, notre Michna va jusqu’au sommet de la crainte, le comparant à la crainte du Ciel. Cet enseignement est conforme à ce que rabbi Akiva dit : « ète Hachem Eloké’ha tira – tu craindras l’Eternel ton D.ieu. » Le mot ète vient adjoindre les Talmidé ‘Ha’hamim, qu’eux aussi nous devons respecter et redouter, de la même manière que nous craignons D.ieu. (Traité Pessa’him 22/b)

Il nous reste encore à savoir que signifie la crainte du Ciel, et comment s’exprime-t-elle. Nous nous contenterons de rapporter un adage, rapporté par de nombreux Sages.

Dans la liste des obligations d’un fils à son père, la Torah exige qu’il craigne son père, et entre autres, il est interdit de s’asseoir sur son siège. Nous devons craindre D.ieu, tout au moins comme nous craignons nos parents.L’Eternel dirige le monde avec raison, et nous devons accepter Ses décisions sans rechigner. Ne nous mettons pas à Sa place, ne nous asseyons pas sur Son Siège, avec nos capacités limitées, pour essayer de comprendre ce qui nous dépasse…