Avraham, notre Patriarche, fut sans aucun doute le personnage le plus important de l’Histoire. Il réussit seul à freiner la chute morale vers laquelle glissait l’humanité à nouveau. Il était bien autre chose qu’un homme respectable qui prodiguait l’hospitalité, sa tente ouverte à tout venant. D’une carrure spirituelle inégalée, il établira, sans maitre, sans guide, à contre-courant de son l’époque, tous les fondements du monothéisme. Il donnera naissance au peuple juif dont dépendra la réparation du monde et deviendra la référence pour toute personne qui dorénavant aspirera à se rapprocher de D.ieu, et plus particulièrement du judaïsme. En effet, Avraham Avinou grandit dans une famille et dans un milieu plongé dans l’idolâtrie, (et qui en faisait commerce), et dut trouver en lui force et courage pour faire ses choix.

Commençons par les débuts de sa Téchouva. Le Midrach l’explique par une parabole : "Une personne lors de ses voyages découvrit un jour un grand palais éclairé qui semblait abandonné. Il se dit : 'Est-il possible qu’il n’y ait pas d’habitant dans cette demeure alors qu’on y a allumé une lanterne ?!’ C’est alors que le propriétaire fit son apparition et lui dit : 'C’est moi le maître de cette demeure.'" Ainsi Avraham observait le monde qui l’entourait et qui l’interpelait. Le mouvement des astres orchestré à la perfection, les merveilles de la nature et l’équilibre délicat entre les différentes forces qui gèrent le monde cachaient obligatoirement la Main d’un Créateur qui intervenait continuellement dans l’univers. D.ieu Se dévoila à Avraham, le reconnaissant comme méritant entre tous les individus et scella avec lui et sa descendance un pacte de fidélité éternelle.

Tout Ba’al Téchouva des temps modernes effectue une démarche semblable à celle d’Avraham. Il grandit dans un milieu éloigné des sources de la Tradition, mais se pose des questions : "En quoi s’exprime mon identité juive ? Pourquoi les Nations nous haïssent elles ? Y a-t-il un sens à la vie ? Où se trouve le bonheur ? Sommes-nous dans un monde de hasard et d’absurde ? Etc., etc.

Les réponses à ces questions les mèneront au judaïsme, sur les traces de leur ancêtre Avraham. Et tout Ba'al Téchouva vous dira qu’afin d’effectuer les changements colossaux qui s’imposent à lui, il recevra une aide incroyable (rencontre d’un futur maître, d’une communauté chaleureuse, d’un conjoint fait sur mesure…) que seule La Providence Divine peut expliquer.   

Une autre similitude entre le parcours du Patriarche et de celui qui revient à ses sources est le fait d’oser la non-conformité. La nature de l’homme est de se conduire en adéquation avec son milieu ambiant. La façon de s’habiller, le choix d’une activité ou d’un hobby, le mode de vie et même la façon de penser et de s’exprimer sont généralement très influencés par notre environnement. Il est difficile voire presque impossible de s’en démarquer, car l’homme est un être social qui recherche la compagnie d’autres personnes et l’une des conditions pour se créer des liens est évidemment de se conduire comme les autres. Mais le choix d’une vie de Torah entraîne un mode de vie différent, qui provoque très souvent un éloignement de ces codes sociaux. 

Avraham s’appelle Ha'ivri, l’hébreu, c'est-à-dire "celui qui se tient de l’autre côté". Il devra à un certain moment de sa vie quitter son pays et sa famille (Lekh Lekha), ne pouvant évoluer correctement avec des attaches qui le freinent. De même, le Ba’al Téchouva devra courageusement faire face à la critique et savoir parfois se tenir seul "de l’autre côté du fleuve".

Ces facultés d’observation du monde, d'introspection, de questionnement qui mènent à la foi en un D.ieu unique nous viennent d’Avraham. Il les a fixées dans l’ADN de sa descendance. Mais également cette possibilité d’être 'Ivri - non conforme -, nous l’avons reçue de lui. Aucune mode, aucune civilisation, aucun carcan social ne peut dorénavant séduire totalement un juif, car coule dans ses veines l’héritage spirituel, moral et intellectuel de notre père. Et il nous donne la force de pouvoir, même éloigné et presque fondu dans les Nations, revenir, plus fort que jamais.