Cette histoire émouvante a été relatée dans le journal Yated Nééman. On y découvre le pouvoir des pensées de repentir du Juif, même quelques instants avant sa mort.

« A l’attention de l’éditeur de la rubrique, un grand bonjour. Après avoir découvert votre rubrique, j’ai décidé de vous relater cette histoire personnelle émouvante, pour conférer des mérites au public. Tout en l’écrivant, les larmes me montent aux yeux, lorsque je me rappelle de tous les détails.

Cette histoire s’est déroulée il y a moins d’un an. A une heure tardive de la nuit, j’ai reçu un appel téléphonique d’un Juif, un ami proche qui aime les bonnes actions. D’après le ton de sa voix, je compris qu’il y avait quelque chose d’urgent. Il me demanda de me rendre à l’hôpital Tel Hachomer. « De quoi s’agit-il ? », demandais-je. Il me répondit : « Une femme âgée et très malade est hospitalisée à l’unité de soins intensifs, mais son esprit est lucide. Son état a empiré et elle a des douleurs très fortes. Les médecins ont décidé, en accord avec sa fille présente sur place, de lui administrer des doses de morphine pour apaiser les douleurs, mais ils ont expliqué que les doses fortes de médicaments lui provoqueront des troubles et la perte de la lucidité.

La fille en a parlé à sa mère et lui a posé la question : "Maman, as-tu une demande particulière à faire, tant que ton esprit est lucide ?" Et la mère de répondre : "Oui, je voudrais qu’un Rav vienne me bénir. C’est ma dernière demande et j’y tiens beaucoup." »

La fille, à notre grand regret, n’est pas encore respectueuse de la Torah et des Mitsvot, et ne connaissait pas de rabbins, à part ce Juif, cet ami. "Tu es un Juif orthodoxe, respectueux des Mitsvot, c’est pourquoi je te demande de te rendre au plus vite au chevet de cette dame malade, car les médecins attendent ton arrivée avant de lui administrer le traitement", me relata mon ami.

Je laissai toutes mes occupations et me rendis rapidement à Tel Hachomer. En chemin, je pris contact avec mon Rav, auprès duquel je prends conseil à tout propos, et je lui demandai comment agir et que dire à cette femme à l’article de la mort. Le Rav me répondit : "Comme on le sait, rien n’est comparable à une pensée de Téchouva de l’homme avant sa mort, et, de ce fait, tente autant que possible, avec discernement, de la conduire dans une situation où elle aura le privilège d’avoir des pensées de regret et de repentir." Il me conseilla de lui proposer que ceux qui l’entourent lui demandent pardon au nom de la famille, ensuite, elle en fera de même, puis lui proposer de demander pardon au Maître du monde, de réciter avec elle le Chéma’ Israël, et si elle y parvient, également les versets du Vidouï.

Arrivé à l’hôpital, je sentis tout d’abord la forte odeur des médicaments et le bruit des diverses machines. A côté du lit de la malade, se trouvaient sa fille accompagnée par son propre fils, un jeune homme laïc. Ils me regardèrent comme si j’étais venu d’une autre planète, ne comprenant pas vraiment ce qui se passait autour d’eux. Ils ont malgré tout collaboré, pour honorer les dernières volontés de leur mère et grand-mère.

La vieille dame se réjouit beaucoup de ma venue. Elle me demanda de la bénir. Après la Brakha, je proposais à la fille et au petit-fils de lui demander pardon, en ce moment élevé, au nom de toute la famille. La grand-mère accorda un pardon entier. A ce moment-là, je lui dis : "Je suis persuadé que toute la famille vous aime beaucoup, mais, malgré tout, en ces instants, il vaut la peine de leur demander également pardon, entendre leur généreux pardon, et savoir qu’ils n’ont rien contre vous." Elle accepta et je lui racontai alors à quel point, dans ce moment-là, on est proche du Saint béni soit-Il, lorsque la présence Divine repose à côté du malade, et il vaut vraiment la peine de demander pardon tout en exprimant ses regrets à D.ieu, loué soit-Il.

On pouvait voir les souffrances physiques qu’elle endurait. Dans sa douleur, elle commença à pleurer et se tourna vers le Maître du monde pour Lui demander pardon et exprimer ses regrets. La fille et le petit-fils se tenaient de côté, en pleurs également, extrêmement étonnés de voir à quel point on peut se rapprocher du Maître du monde, même aux derniers instants de la vie, avec toute la clarté d’esprit. Les instants suivants, elle récita avec moi le Chéma’ Israël, et les versets du Vidouï, et, enfin, elle me redemanda une bénédiction.

Soudain, la malade s’adressa à sa fille et son petit-fils et leur demanda, le ton empreint d’émotion, de se rapprocher du Maître du monde et de corriger leurs voies, les yeux rouges et pleins de larmes étouffées. Elle fit ensuite ses adieux à sa fille et son petit-fils, et je sortis à mon tour de l’hôpital, le cœur brisé, mais plein de satisfaction d’avoir sauvé une âme juive.

Je ne m’imaginais pas la suite des événements.

Une semaine passa, puis une autre. Un mois s’écoula, et j’en oubliai presque cette histoire. Un jour, le même Juif qui m’avait appelé pour me demander de me rendre à l’hôpital me rappelle. "Tu te souviens de ton voyage à Tel Hachomer pour rendre visite à cette dame malade ?", me demanda-t-il. "Bien sûr", lui répondis-je. "Elle est décédée il y a deux semaines, m’apprit mon ami. Je t’appelle à présent pour te demander une autre faveur : un autre ami, dont la fille s’apprête à épouser le petit-fils de cette vieille dame, s’est adressé à moi. Ce petit-fils avait refusé jusque-là, de façon absolue, de se marier selon la loi juive, en dépit de la volonté de la famille de la Kalla. Il avait refusé qu’un Rav vienne au mariage pour diriger la cérémonie religieuse, il était inflexible. Après ce qui s’est passé avec les derniers instants de la grand-mère, il a demandé qu’un Rav le marie, et il est intéressé de recevoir un enseignement selon la Halakha en vue du mariage, mais uniquement par l’intermédiaire du Rav présent auprès de sa grand-mère en ses derniers instants à l’hôpital... Voilà une nouvelle mission pour toi", m’annonça mon ami.

J’étais fort étonné. La force de l’étincelle juive s’était instillée au sein du petit-fils, sauvant la suite de la chaîne des générations dans cette famille, et autorisant la venue de générations Cachères.

Les semaines suivantes, je me mis à voyager pour enseigner au jeune ‘Hatan les lois du mariage, et, en parallèle, le jeune homme fréquentait une structure toranique plusieurs heures par jour, pendant que la lumière de la Torah commençait à influer sur son mode de vie. La Kalla eut également droit à un enseignement prodigué par mon épouse, qui la mit en relation avec une Rabbanite de valeur, en vue de la fondation d’un foyer selon la loi juive.

Au bout d’une courte période, le jour du mariage arriva. Une après-midi, je me rendis dans une magnifique salle de mariage au centre du pays, pour diriger la ‘Houppa, pour la première fois de ma vie. Je fis venir également un Rav spécialiste des lois de Kiddouchin, et nous nous tînmes sous la magnifique ‘Houppa.

C’était un jour de chaleur intense. Le soleil commençait à se coucher et des étoiles commençaient à apparaître dans le ciel. Je me trouvais devant un public inconnu, en dehors du ‘Hatan et de sa mère, prêt à prendre la parole avant la cérémonie religieuse.

Je parlais avec une grande émotion. Je racontais à la famille, qui portait pour la plupart des Kipot blanches à usage unique, tous les événements liés à la grand-mère à l’hôpital, ses dernières volontés, comment elle avait exploité ses derniers instants avec toute sa lucidité pour se repentir et se rapprocher du Maître du monde. Sur le fait que, grâce aux larmes de la grand-mère à l’article de la mort, elle avait le privilège de voir son petit-fils se marier selon la Loi juive et avoir des descendants Cachères.

En dépit de la chaleur étouffante, on aurait dit que de la pluie était tombée dans l’assemblée. Les plus âgés ne parvinrent pas à se retenir et gémirent d’une voix étouffée, le ‘Hatan et la Kalla versaient des pleurs retenus, et, de même, je versais des larmes d’émotion.

Même à présent, en vous rédigeant cette histoire, je pleurs d’émotion. Je remercie Hachem d’avoir eu le privilège d’être le messager de cette bonne action, tellement prodigieuse, la fin de la vie d’une grand-mère juive, et le début de la création d’un foyer juif, grâce au mérite de cette même étincelle juive qui ne s’éteint jamais, grâce au mérite de la demande d’une grand-mère juive à l’article de la mort. Grâce au mérite d’un acte de bonté. »