La culture occidentale a mis l’amour au centre de ses préoccupations. L’amour idéal, le coup de foudre est sans cesse promu, vanté, mis en exergue, au détriment de la morale la plus élémentaire, parfois ; quand l’amour est au-dessus de tout, il sert à tout justifier : l’infidélité, l’adultère et la liste n’est pas exhaustive…

Quand l’amour est la valeur suprême et supplante toutes les autres valeurs, la porte est ouverte à toutes les déviations. Mais paradoxalement, cette idéalisation de l’amour s’accompagne d’un mépris du corps et de ses tentations qui peut expliquer, peut-être, cette tentative peu crédible de déboucher sur l’amour platonique. Ce malaise vis-à-vis du corps n’existe pas dans la Torah. L’attirance physique n’est pas considérée comme quelque chose de négatif, mais bien au contraire comme une force qui peut construire de grandes choses, et cela pour différentes raisons, comme l’explique le rav Ro’i Avi’hai.

L’attirance physique est un ciment qui permet d’arriver à une union parfaite entre les deux membres du couple et qui leur permet de retirer une grande satisfaction de leur relation. Seule l’union physique permet de mettre au monde de nouveaux enfants et d’attirer en ce bas-monde de nouvelles âmes. D’autre part, la Torah nous enseigne que le corps est également saint, et que l’âme n’a pas le monopole de la sainteté. Si aujourd’hui, le corps représente un obstacle à l’élévation spirituelle, cela est suite à la faute d’Adam Harichon (le premier homme), qui a eu pour conséquence de faire pénétrer l’impureté dans la matière. Notre travail consistera donc à élever la matière pour en expulser en quelque sorte cette impureté. D’où la nécessité de faire des Mitsvot en utilisant un support matériel, comme les lanières de cuir, par exemple, pour la Mitsva des Téfilin ; ou pour rester dans le domaine qui nous intéresse, la manière très positive dont la Torah considère l’union physique entre l’homme et la femme, au point d’y voir un summum de sainteté…

Étant bien entendu que cette vision positive de l’union physique entre l’homme et la femme ne se conçoit que dans le cadre du mariage tel que l’a conçu la Torah. Ce mariage tel que l’a conçu la Torah, devant témoins, représente la volonté divine de transformer une pulsion passagère en une relation durable, un désir passager en un édifice éternel, un simple déclic en une occasion unique de se construire et de donner toute sa vie durant…
 

Pourquoi attendre ?

La volonté irrépressible de s’unir à l’autre, si on la laisse s’exprimer de manière naturelle, aboutira au résultat exactement inverse de celui souhaité par la Torah : au lieu et place de construire un couple, on créera un semblant de couple dans le meilleur des cas ; et dans le pire, une aventure passagère et un brise-cœur… Le Maître de l’univers a créé cette attirance entre l’homme et la femme pour que l’humanité puisse perdurer, mais il en a donné aussi le mode d’emploi. Toute utilisation malvenue de cette force aura des conséquences destructrices redoutables ; cette attirance peut amener au summum du bien comme elle peut amener au summum du mal.

Le respect de barrières strictes avant le mariage, comme l’interdiction absolue de tout contact physique, aussi bien que la mise en place de limites claires après le mariage, comme le respect des lois de pureté familiale permettront au couple de perdurer, et à la relation de couple de s’épanouir. Les lois de pureté familiale, au-delà de leurs immenses bienfaits pour la spiritualité de l’homme et de la femme, permettront un maintien optimal du couple dans son dynamisme relationnel. En effet, l’interdit des relations intimes pendant une période donnée assure un renouvellement périodique de l’attirance mutuelle et évite au couple de sombrer dans les écueils de l’habitude et de la monotonie. Cet interdit amène aussi le couple à développer des relations qui transcendent l’attirance physique pour laisser place à une relation humaine, à proprement parler.

Il faut faire preuve en réalité de sagesse et d’intelligence pour savoir utiliser à bon escient les forces extraordinaires que le Créateur de l’univers a mises à notre disposition. Cela signifie ne pas se tromper sur le temps, le lieu, et avoir les bonnes intentions. Le mot « ‘Hèt » en hébreu, qui veut dire « faute », signifie étymologiquement, un manquement, un peu comme un tireur qui manquerait sa cible. La faute est une utilisation malvenue, en termes de temps, de lieu et d’intention des forces gigantesques que l’on nous a attribuées.

Le livre du Zohar nous révèle la différence fondamentale entre le Yétser Hatov (penchant au bien) et le Yétser Hara' (penchant au mal). Il ne s’agit pas comme on pourrait le croire, d’une opposition frontale où le Yétser Hara' voudrait nous donner un accès immédiat et facile au plaisir, alors que le Yétser Hatov attendrait de nous un dévouement à la cause de la vérité, sans contrepartie. La différence est beaucoup plus subtile : « Le Yétser Hara' se caractérise par un début dans la douceur et une fin dans l’amertume, alors que le Yétser Hatov se caractérise, lui, par un début dans l’amertume et une fin dans la douceur ». Il est très important de comprendre que la Torah souhaite que l’individu profite de ce monde, mais d’un profit qui soit durable et qui n’engendre pas au final bien plus de souffrance qu’il n’a été donné de connaître de plaisir.
 

Que perd celui qui n’attend pas ?

Si on analyse les choses d’un point de vue humain, il n’est pas difficile de voir le mal-être et le malaise qui semblent être ceux de la civilisation occidentale face à cette question fondamentale de l’amour. Le grand péché et la grande faute de cette civilisation occidentale, est d’appréhender les provocations sexuelles et tout ce qui relève du désir physique comme l’expression normale d’un mode de vie, sans implication aucune au niveau sentimental, et d’appeler cela du terme pompeux d’ « amour ». Cette vision très limitée des rapports humains, dans le domaine le plus sensible qui est celui des relations hommes-femmes, amène sur le terrain à des conséquences catastrophiques : disputes, manque de confiance, trahisons, divorces, enfants malheureux, célibat prolongé sont le lot à la fois du monde occidental non-juif et du monde juif occidentalisé et non-religieux. De ce fait, toute la production artistique occidentale, romans, films, chansons, tourne autour de thèmes récurrents comme la douleur, le désespoir, l’amertume, les cœurs brisés, les histoires d’amour qui se terminent mal ; tout ceci étant une résultante directe de la conception très libre des rapports hommes-femmes, sans aucun engagement contraignant.

D’autre part, le rapport à la femme n’est pas différent du rapport que cette société occidentale entretient avec les objets de consommation. La femme est un objet de consommation comme un autre, un objet de désir, et un moyen commode pour l’homme de satisfaire ses envies.
 

Un couple qui n’en est pas un

Quelle tragédie pour les deux tenants du couple de ne pouvoir se faire confiance ! De savoir qu’au détour d’une soirée qui se prolonge entre amis, d’une relation de travail un peu trop « amicale », de vacances un peu trop « exotiques », la fidélité qui est à la base de tout couple normalement constitué va être ébranlée… Quoi de pire pour une femme que de voir son mari « loucher » sur les autres femmes dans la rue, à la télévision, devant son ordinateur, à la piscine, à la plage… Combien de douleur, de cicatrices sentimentales parfois indélébiles, de problèmes psychologiques profonds seront le lot de ceux qui ont subi, à leur corps défendant, l’infidélité de leur partenaire… Et ne parlons pas de la douleur des enfants qui doivent subir les conséquences destructrices d’un divorce… Combien de traumatismes, d’humiliations, de souffrances, de ballotements d’un parent à l’autre… Tout ceci est le fruit de cette grande permissivité qui a cours aujourd’hui dans les sociétés occidentales et qui ne mène qu’à des catastrophes humaines. Les « amitiés » qui n’en sont pas vraiment, les regards qui se perdent, la légèreté, les contacts physiques incontrôlés, l’isolement d’un homme et d’une femme alors qu’il n’a pas lieu d’être, tout cela amène à cette destruction du tissu familial et à cette fragilité psychologique caractéristique de notre génération.
 

Comment se marier après avoir connu la permissivité ?

Quand un individu qui a connu la permissivité en vient à se marier, tout ce qu’il a vu, touché, expérimenté restera gravé en lui. Il ne pourra s’empêcher de faire des comparaisons et ressentira certainement un manque par la suite. Les relations libres, à l’inverse des relations maritales, n’exigent pas un investissement véritable, puisqu’elles ne procèdent pas d’un engagement. De ce fait là, elles ne pourront jamais procurer à l’homme cette stabilité sentimentale et psychologique qui est le lot du mariage. Il est impossible de construire une famille dans ces conditions. À l’inverse, les liens du mariage exigent beaucoup d’investissement, de dévouement, de concessions, de fidélité mais procurent en échange stabilité, sécurité sentimentale et psychologique ; ils permettent de bâtir un foyer familial équilibré et épanoui et de mettre au monde des enfants qui grandiront dans une structure solide et porteuse d’avenir.

Dans le cadre du mariage, la relation physique constitue une sorte d’apothéose de la relation de couple au sens général du terme. En effet, il y a d’abord une relation humaine authentique, basée sur un véritable engagement et un véritable investissement en l’autre et pour l’autre. Cette configuration écarte complètement le risque de lassitude sexuelle qui guette inéluctablement les couples « libres ». Car dans les couples juifs qui fonctionnent en adéquation avec la Torah, la relation sexuelle ne constituera jamais l’essentiel ou l’essence de la relation. Il s’agit avant tout d’une relation spirituelle entre deux êtres humains qui ont décidé de manière définitive de vouer leur vie l’un à l’autre. Par conséquent, la relation physique viendra seulement renforcer cette relation spirituelle mais n’en constituera jamais le pôle majeur. Et ceci, d’autant plus que la Torah vient réguler la vie intime du couple avec les lois de pureté familiale, qui en instaurant des périodes d’interdit écartent définitivement le spectre de la lassitude.

Il n’en est pas de même dans un couple non-religieux ou les relations sexuelles ne sont pas mises au service d’un objectif spirituel, mais constituent une fin en soi, au titre de la recherche de plaisir. Cette recherche de plaisir, très intense et très gratifiante au début, selon le mécanisme du Yétser Hara', qui comme l’indique le Zohar, est doux au début et amer à la fin, finira par s’essouffler pour des causes diverses et variées, au nombre desquelles on peut compter l’infidélité et la lassitude qui vient avec les années, les attraits physiques allant naturellement en diminuant.
 

Conclusion

La recherche du bonheur est certes l’activité la plus légitime pour chacun d’entre nous. Mais comme chaque activité humaine, elle requiert des connaissances et des compétences bien précises. Lorsque l’on est juif, il existe une adresse où l’on peut trouver le matériau le plus adapté : il s’agit de l’enseignement de nos Maîtres de mémoire bénie, issu lui-même de la Torah qui nous a été révélée par D.ieu Lui-même par l’intermédiaire de Son prophète, Moché Rabbénou. Celui qui veut réussir sa vie et découvrir le bonheur ne doit pas chercher d’autre voie que celle d’un mariage conforme en tous points à l’enseignement du Judaïsme authentique. L’amour dans sa version moderne et occidentale n’est qu’un trompe-l’œil. Heureux celui qui écoute les enseignements de nos Sages…