A chaque génération, il se trouve parmi nous des individus qui tentent de nous convaincre que c’est notre apparence distinctement juive, nos coutumes, et notre pratique qui nous a séparés de nos voisins non-juifs.

Mais comment peuvent-ils expliquer le fait que les Musulmans, les Hindous, les moines, les nonnes et prêtres, qui portent des habits distinctifs, ne sont généralement pas ennuyés, imposant même un certain respect ?

Regardez les couvre-chefs du pape et des cardinaux de l’église catholique. Et le pape porte un chapeau spécial, la mitre, assez semblable à ce que portait le Grand-Prêtre dans notre saint Temple.

Alors comment se fait-il que nous, qui avons introduit les couvre-chefs religieux dans le monde, soyons traités avec un tel mépris et une telle brutalité ?

Dans notre obsession de nous mêler aux nations, nous continuons à nous défaire de plus en plus de notre judaïsme, mais, paradoxalement, plus nous tentons de ressembler aux autres, plus on nous en tient rigueur.

En vain, le prophète Ezéchiel a-t-il jadis expliqué que même si nous fomentons dans notre cœur le désir de ressembler aux autres nations, nous ne serons jamais considérés au même titre qu’elles. Et il nous a avertis des terribles conséquences de renoncer à notre héritage, notre alliance.

Malheureusement, malgré les avertissements non seulement d’Ezéchiel, mais de tous les prophètes, la leçon n’a pas été retenue. Nous continuons à nous assimiler furieusement - une assimilation amplifiée par notre manque de connaissances du judaïsme. La vaste majorité de notre peuple n’a aucune connaissance en Torah, ni des Prophètes ou du Talmud. Même si nous nous contentions de les interroger sur les titres de nos livres sacrés, sans même parler d’une description de leur contenu, ils nous lanceraient un regard vide en guise de réponse.

Hachem, connaissant le passé, le présent et l’avenir, a créé dans Sa compassion infinie des « fenêtres », des opportunités pour nous. Des fenêtres par lesquelles nous pourrions voir ce que notre esprit rejette et ce que nos yeux ne peuvent apercevoir. Nous avons oublié le message, mais il est facilement accessible si nous prenons la peine de regarder seulement par la fenêtre.

Ces fenêtres mettent en avant le message de tous nos Yamim Tovim, les jours de fête, mais nous refusons de regarder. Dans notre poursuite de l’argent, de l’assimilation et du bon temps, nous permettons à la poussière de s’installer sur nos fenêtres, jusqu’à ce que nous ne puissions plus voir à travers.

Même les jeunes enfants connaissent le récit magique de Pourim. La Reine Esther était prête à sacrifier sa vie pour sauver son peuple de Haman. Ils savent que Mordékhaï était déterminé à « secouer » chaque Juif. Mais que s’est-il passé en réalité dans cette histoire ?
 

Pourim !

Des années avant l’ascension de Haman, le Roi A’hachvéroch avait appelé à une grande célébration en l’honneur de son mariage avec l’infâme Vachti. Tous les citoyens de l’empire étaient invités, y compris les Juifs. Mordékhaï implora ses frères juifs de ne pas s’y rendre. La nourriture servie n’était pas Cachère. L’atmosphère serait celle d’une profanation du Nom Divin.

Le peuple choisit d’ignorer les avertissements de Mordékhaï. Ils avaient leurs propres arguments pour justifier leur participation. « Il n’est pas bon pour nous de rester à l’écart… de refuser une invitation du Roi. La Perse est notre pays d’accueil. Nous menons une bonne vie ici. Nous avons de bonnes relations avec les Perses. »

Ils participèrent donc à ce banquet qui se transforma rapidement en cauchemar d’innommable ivresse et débauche.

Neuf ans plus tard, Haman est élevé au rang de vice-roi. Il convainc le roi d’annihiler tous les Juifs, soulignant que les Juifs avaient trahi leur alliance. « C’est le moment d’attaquer ! Lorsqu’ils abandonnent leur D.ieu, ils deviennent malléables entre nos mains. »

Nous sommes un agneau solitaire au milieu de 70 loups féroces. Notre protection ne provient que de notre Berger. Il nous protège et nous garde. Mais lorsque nous choisissons de L’ignorer et pensons être parfaitement capables de mener notre existence sans Lui, les loups se déchaînent et, sans compassion, se jettent sur nous pour nous dévorer.

Les Juifs ont-ils tiré les conclusions qui s’imposent ? Ont-ils compris que leur participation enthousiaste au banquet a été la cause directe de l’ascension de Haman et son complot de tuer tous les Juifs ? Hélas, personne n’a fait le lien, et lorsque le décret d’extermination des Juifs a été proclamé, ils ont accusé Haman de sa folie, sans remettre en cause leur propre conduite.

Mordékhaï a envoyé un message à la Reine Esther selon lequel l’heure était venue d’agir. Elle, de son côté, lui demanda de « rassembler tous les Juifs, pour qu’ils s’unissent en prière, en jeûne et en Téchouva ».

Esther a invité le roi et Haman à dîner dans son palais. Pourquoi ? J’aimerais proposer l’explication suivante à son acte :

Pour prier vraiment du fond du cœur, il faut ressentir que personne d’autre ne peut nous venir en aide, hormis D.ieu. Il faut s’écrier vers Lui de tout notre être, et verser des larmes provenant de l’âme. Mais si le peuple juif pense que son salut peut provenir de l’homme, il proclamera avec arrogance : « Nous pouvons traiter ce problème. Nous sommes responsables. De plus, nous avons Esther au palais. Grâce à elle, rien de mal ne pourra nous arriver. »

Si, néanmoins, ils en viennent à croire qu’Esther s’est alignée sur Haman, en l’invitant à dîner au palais, ils n’auront d’autre recours que de se tourner vers D.ieu. 

Tragiquement, la tendance à se reposer sur les êtres humains plutôt que sur D.ieu a été notre malédiction au fil des siècles. Aujourd’hui, nous déclarons : « Nous avons de bonnes relations avec la Maison Blanche. Je connais ce membre du cabinet. Je connais tel sénateur. J’ai contribué à son élection. Je fais des dons substantiels. Il n’y a rien à craindre ! L’Amérique se tiendra toujours aux côtés d’Israël… »

Alors nous continuons à célébrer et à boire jusqu’à ce que nous soyons incapables de faire la différence ente Haman et Mordékhaï. Nous ne voulons pas reconnaître que les Mordékhaï sont les bergers terrestres juifs qui sont là pour nous guider vers le Berger Ultime, Hachem.

Et nous refusons de reconnaître que les Haman de l’histoire ne sont pas de simples fous furieux. Nous ne nous arrêtons jamais pour demander pourquoi et comment, nous n’examinons pas notre cœur pour y trouver des réponses. Nous ne demandons jamais ce que signifie le fait d’être juif. Mais les réponses sont disponibles pour tout le monde. Nous lisons dans les Téhilim (Psaumes) : « Si seulement Mon peuple Me suivait, Si Israël M’emboîtait le pas, en un instant J’anéantirais ses ennemis et tournerais Ma main contre leurs tortionnaires… »

Il est plus facile pour nous de continuer à accuser le destin aveugle et la perversité des Haman sur terre. Ce n’est jamais notre faute. Nous ne sommes jamais responsables. Ce n’est jamais vous, jamais moi. C’est toujours ces antisémites.

Si seulement nous éliminions la poussière sur nos fenêtres et regardions au dehors, nous aurions une vision plus claire de notre présent et de notre avenir. Les noms et les lieux ont peut-être changé, mais au bout du compte, c’est toujours pareil. La poussière sur les fenêtres nous permet de nous leurrer en prétendant que nous sommes en sécurité, que tout va bien, que le monde est différent aujourd’hui.

Il est si facile de pointer un doigt accusateur vers les autres, de penser que les tragédies de l’histoire juive sont le fait d’individus hostiles et fous, et non qu’elles surviennent pour avoir tourné le dos à notre alliance avec D.ieu en raison de notre désir intense de devenir semblable aux autres nations.

Inversement, il est si difficile de percer les portes des Cieux par nos prières, notre amour, et notre pratique de la Torah. Mais les nuages, une fois de plus, s’amoncellent de part et d’autre du monde. Il nous faut impérativement éliminer la poussière accumulée sur nos fenêtres avant qu’il ne soit trop tard.

Ou attendrons-nous que la foudre frappe ?