Question d'une internaute : "Divorcée et mère de 3 adorables enfants, je me remarie dans deux mois... et voilà que je n'ai toujours pas le courage de l'annoncer à mes enfants ! En fait, je ne sais tout simplement pas comment m'y prendre. Ils ont déjà été tellement choqués du divorce avec leur père... J'ai peur que la nouvelle de mon remariage les choque à nouveau. J'ai peur de faire une erreur qui peut s'avérer critique alors qu'ils sont déjà si fragilisés. Merci de votre éclairage !"

La réponse de Mme Nathalie Seyman

Tout d’abord, un grand Mazal Tov pour votre mariage ! À l’occasion d’un remariage, Hachem veille avec beaucoup de soin à ne marier que des gens qui se correspondent au niveau de leur Middot (qualités) et de leur comportement. Il est vrai que de secondes noces seront moins insouciantes que les premières, car on veillera avec plus d’attention à ménager les susceptibilités, en particulier celles des enfants. Mais avec de la bonne volonté de la part de chacun, il y a toutes les chances de reconstruire une famille équilibrée et heureuse.

Ce que ressentent les enfants

Même s’ils ont vécu une étape difficile et traumatisante, les enfants de parents divorcés grandissent et s’accomplissent aussi bien que les autres du moment que leurs parents arrivent à dialoguer, à prendre ensemble les décisions qui les concernent et surtout en ne dégradant jamais l’image de l’autre parent. Il est important que l’enfant sente qu’autour de lui, ses parents sont d’accord. Quand une mère ou un père divorcé rencontre à nouveau l'amour, c'est un nouvel équilibre à trouver au sein de la famille. L’enfant aura tendance à rejeter son beau-père (ou belle-mère) par solidarité avec son parent biologique. Mais plus encore, il pourrait éprouver de la gêne à être conciliant et se demander si ce qu'il fait pour son beau-parent ne constitue pas une sorte de trahison envers son parent resté en dehors. Il faut aussi souligner que le remariage marque aux yeux des enfants, le véritable deuil du couple parental avec la perte de tout espoir de réconciliation, espoir que les enfants gardent encore longtemps même après qu'il ait perdu de son réalisme. Donc en effet, pour toutes ces raisons évoquées, le fait de prendre des mesures pour que tout se passe bien semble indispensable pour démarrer une nouvelle vie sur de bonnes bases.

La famille recomposée

De nos jours, on a tendance à idéaliser le mariage en pensant que l'amour suffit à construire le couple. Mais cette utopie est bien loin de la vision juive, selon laquelle il faut s'investir pour construire, être patient et faire des efforts au quotidien. Et dans le cadre d'un remariage, c'est encore plus vrai. Car une famille recomposée n’est pas simple à mettre en place. Rien ne sera instantané ni miraculeux, cela prendra du temps, surtout au niveau des enfants. Mais ne vous inquiétez pas, car quand tout se mettra en place, une vie équilibrée et harmonieuse vous attend. Donc surtout ne culpabilisez pas ! Vous avez pris la bonne décision ! Sachez que quel que soit l'âge des enfants, le remariage des parents peut rapidement devenir bénéfique pour tous les membres du foyer. Le nouveau conjoint apporte, au quotidien, un repère adulte de sexe opposé pour l'enfant et une stabilité affective pour toute la famille. Et cela empêche également une relation trop fusionnelle de s’installer entre le parent qui vivait en célibataire et ses enfants. Sans omettre le fait que de voir leur mère heureuse et épanouie est une condition sine qua non à une construction psychique équilibrée des enfants.  

Mes conseils

- Parlez-en d’abord à votre ex-conjoint : lors d'un remariage, pour éviter tout conflit, il est conseillé de prévenir en premier son ex-mari. En effet, quelle que soit la nature de vos relations, il risque de prendre comme un manque de respect le fait de l’apprendre par vos enfants plutôt que par vous. Vos efforts pour que tout se passe au mieux avec le père de vos enfants vous seront bénéfiques. Si vous avez de bons rapports, discutez ensemble sur la façon d’en parler à vos enfants. Ainsi vos enfants ne sentiront pas que leur père est exclu.

- Préparez le terrain : tout changement intervenant dans la vie des enfants doit être discuté et préparé progressivement par les parents. Il faut amener le sujet de telle sorte qu’ils s’y attendent. Il est nécessaire qu'ils connaissent bien votre futur mari et qu'ils aient passé un certain temps avec lui avant de leur annoncer votre mariage.

- Choisissez un moment calme pour réunir les enfants et leur expliquer les raisons de cette nouvelle union. Soyez sûre de vous et de votre choix. Vous ne devez pas attendre leur approbation. Même s’il faut les protéger, les enfants doivent savoir qu’ils ne décident pas des choix de vie de leur parents.

- Répondez à toutes leurs questions : "On va déménager ? Je dois l’appeler Papa ? On aura de nouveaux frères et sœurs ? Etc." Plus ils auront de réponses et mieux ils appréhenderont la situation.

- Évitez de trop faire l’éloge de votre nouvel époux : ces compliments pourraient être perçus par l’enfant comme une façon indirecte de discréditer leur père. Gardez à l’esprit que pour se construire, un enfant a besoin d’avoir une bonne image de ses deux parents. Laissez les choses se faire, sans exercer de pression pour forcer la bonne entente entre eux.

- Faites-les participer : si les enfants partagent votre joie, vous pouvez leur proposer de préparer le mariage avec vous, comme choisir votre bouquet, les tenues, etc.

- Restez à leur écoute : s’ils n’accueillent pas la nouvelle avec bienveillance, écoutez leurs arguments et ne soyez pas déçue. Surtout ne rompez jamais le dialogue. Montrez-leur que vous les comprenez et que votre nouveau mari ne remplacera jamais leur père. Vous leur demandez juste du respect mais pour le reste, cela viendra avec le temps.  

Je vous souhaite plein de bonheur dans votre nouvelle vie. Construisez un foyer rempli d’amour, de respect et de Torah et vos enfants ne pourront que s’épanouir auprès d’une maman heureuse et d’un papa respecté, même s’ils ne vivent pas ensemble.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.