Einat Lévin a vécu au Vietnam plusieurs années, au cours desquelles elle a dû chaque mois prendre l’avion pour pouvoir se tremper au Mikvé… Pourtant, à son retour en Israël, elle découvre avec effroi que dans son village, le Mikvé est inutilisable ! Einat décide alors de réaliser l’impossible…

Deux semaines. Deux semaines seulement se sont écoulées depuis l’achèvement des travaux de réfection du vieux Mikvé d’Adéret, un petit Mochav situé non loin de Jérusalem ; ceux-ci ont transformé les lieux au point qu’il est devenu méconnaissable. D’un lieu désert, abandonné et vétuste, parfaitement inutilisable, il est devenu l’un des plus beaux Mikvés au monde, selon les dires d’Einat qui fut à l’initiative de cet ambitieux projet !

Il faut dire qu’entre le Mikvé et Einat, c’est une histoire d’amour aussi inattendue que passionnée. Cette Israélienne d’une quarantaine d’années, diplomate internationale qui a travaillé pendant des années pour le département des relations commerciales à l’ambassade israélienne du Vietnam, pas vraiment observante elle-même, a développé avec le temps un lien indestructible avec les lois de la Nidda. « Ma grand-mère est hollandaise et malgré tout ce qu’elle a vécu pendant la guerre, elle a toujours observé les lois de Nidda. Idem pour ma mère. Bien que nous ne soyons pas très pratiquants, il était à mes yeux tout à fait clair que lorsque je me marierais, j’observerais moi aussi ces lois. Mon mari n’en avait jamais entendu parler, mais il a joué le jeu… », explique Einat avec le sourire.

De par son métier de spécialiste en relations commerciales internationales, Einat donne des conférences à travers le monde et a été amenée à travailler plusieurs années pour l’ambassade israélienne au Vietnam. C’est en arrivant sur place que les choses se sont compliquées… : « Il n’y a pas de Mikvé au Vietnam. Chaque mois, c’était une autre aventure : je devais voyager jusqu’à Singapour, sinon aux Philippines ou encore à Bangkok, soit deux heures d’avion à l’aller et deux heures au retour ; je vous laisse imaginer la fatigue et le coût que ces voyages engendraient ! En temps de tempête, ce qui est fréquent dans cette région du monde, j’en étais réduite à me tremper dans la rivière à côté chez moi, où grouillaient les poissons et les détritus… C’est sans compter le danger : une fois, en voulant m’aider à sortir de l’eau, mon mari y est tombé et a failli se noyer ! Toutes ces difficultés ne nous ont pas découragés pour autant. Au contraire, elles ont rendu encore plus fort mon amour pour cette Mitsva », continue Einat.  

Pourtant, Einat n’est pas au bout de ses surprises… Car en rentrant en Israël il y a quelques mois, persuadée que ses péripéties mensuelles liées au Mikvé ne sont plus pour elle que de l’histoire ancienne, elle découvre avec effroi que le Mikvé de son Mochav est… inutilisable ! « La Balanite est adorable, mais le Mikvé était dans un tel état que presque plus personne n’osait y mettre les pieds. Vétuste et délabré, il était quasiment hors d’état de fonctionner. Dans le Mochav, certaines femmes se déplaçaient dans les villages alentour pour accomplir la Mitsva, d’autres avaient carrément abandonné l’idée… J’étais consternée. Moi qui avais tant lutté pour cette Mitsva à l’autre bout du monde, je ne pouvais même pas m’immerger ici, chez moi en Israël ? »

C’est alors qu’Einat décide de prendre les choses en main. Ambitieuse de nature et jamais à court d’idées, elle publie sur Facebook un post où elle expose avec des mots pleins de douleur la situation. De manière quasi-miraculeuse, son post parvient à attirer l’attention d’Aryéh Déri, ministre de l’Intérieur israélien. Quelques coups de fils et plusieurs miracles plus tard, Einat se retrouve être l’instigatrice d’un projet fou : faire revivre le Mikvé d’Adéret de ses cendres… « J’ai vu des miracles se produire tout au long du chemin. Je n’ai pas d’autre explication rationnelle. Nous cherchions par exemple un donateur, or il s’est avéré qu’une femme du nom de Tamar était prête à nous aider : en lui parlant, j’ai découvert qu’elle n’était qu’autre que la maman d’une très bonne amie d’enfance ! Les obstacles se sont levés les uns après les autres. Aujourd’hui, le Mikvé est sur pied, accueillant et majestueux. Mais nous n’avons pas encore fini la tâche : je rêve à présent de créer un Mikvé pour les ustensiles, qui n’existe pas encore chez nous », explique Einat.

Le résultat ? « De par mon métier, j’ai été amenée à me rendre dans beaucoup de Mikvés à travers le monde. Jusqu’ici, je pensais que celui des Philippines était vraiment un must. Aujourd’hui, je peux dire que le nôtre à Adéret, ce petit village perché sur les montagnes de Judée, n’a rien à lui envier ! »

Un bel exemple d’abnégation pour la Mitsva de Nidda !