Question d’une internaute : J’ai 25 ans et je vois beaucoup de filles autour de moi qui trouvent chaussure à leurs pieds et se marient. Je suis contente pour elles, mais je ne peux pas m’empêcher de me poser certaines questions. J’ai l’impression que les filles « qui se prennent moins la tête », qui font le premier pas avec les garçons, sont entreprenantes, ou n’ont pas vraiment de principes, ont plus de facilité à trouver quelqu’un. Tandis que moi, je ne suis pas du tout comme ça, je suis très pudique, réservée, avec beaucoup de principes, peut-être un peu « vieille école »... Et je me dis que c’est peut-être pour ça que je suis toujours seule, et je le vis vraiment mal, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, les filles comme moi ne sont plus vraiment appréciées. Merci de vos conseils !

La réponse de Mme Nathalie Seyman

Nous vivons une période particulière. Nous évoluons dans une société où tout est image, paraître et marketing. Dans ce contexte, les relations humaines ne sont évidemment plus ce qu’elles étaient et la plupart d’entre nous ont du mal à trouver leur place. Votre problématique est très actuelle : doit-on faire comme les autres et jouer un jeu pour parvenir à nos fins ou bien rester soi-même et ne pas dévier de sa ligne de conduite au risque de passer par davantage d’embûches ?

Pourquoi suis-je célibataire ?

De nos jours, être célibataire apporte un énorme lot de pression sociale, en particulier pour les femmes. Et totalement conscientes de cette pression, les femmes elles-mêmes s’en rajoutent une couche en réfléchissant à la raison pour laquelle elles ne trouvent pas la bonne personne, et si même elles la trouveront un jour. Ce questionnement n’est pas le bon. Ces jeunes femmes se demandent ce qui ne va pas chez elles et ce qu’elles doivent changer pour pouvoir avoir la chance de trouver leur moitié. Mais réfléchir ainsi, c’est entrer dans le cercle vicieux de l’autoflagellation et de la baisse d’estime de soi. Et c’est surtout prendre le problème à l’envers. Car la vraie réflexion réside dans le fait de comprendre ce que l’on doit accomplir avant d’être prêt à rencontrer celui partagera notre vie. Le fait d’être célibataire n’est pas une maladie dont il faudrait guérir à tout prix. Non, être célibataire est une opportunité, un temps donné (plus ou moins long) qu’Hachem nous offre. Ce temps va nous permettre de nous réaliser afin d’être au meilleur de nos possibilités, de notre spiritualité et de notre épanouissement avant de rencontrer celui que nous rendrons heureux et qui nous rendra heureuse. 

Nous sommes constitués chacun de qualités et de défauts. Mais c’est cet ensemble qui fait de nous qui nous sommes et qui nous permet d’être aimés de ceux qui nous entourent. Avoir la sensation de ne pas être assez bien pour pouvoir rencontrer quelqu’un est un obstacle en lui-même. Nous sommes un miroir. La façon dont nous nous percevons définit celle dont les autres nous voient. Si vous pensez que la discrétion est un problème pour les autres, alors elle en sera un. 

A contrario, si nous avons confiance en Hachem et que nous prenons cette période pour l’opportunité qu'elle est, alors le message que nous enverrons sera celui d’une personne confiante, rassurante et équilibrée et c’est cela qui rend plus attirant. Que celle-ci soit discrète ou expansive. Donc posez-vous plutôt la question : suis-je fière de qui je suis aujourd’hui et suis-je dans la bonne voie de ce que je souhaite devenir ? Et si la réponse est “pas encore”, alors profitez de cette période de célibat telle qu’elle est : une période de solitude qui va vous permettre de vous centrer sur vous-même et vous permettre de découvrir qui vous êtes vraiment et ce que vous désirez dans la vie.

Comment et qui je recherche ?

Alors évidemment, le fait de trouver son équilibre dans le célibat ne veut pas dire attendre passivement. Mais réfléchir sur soi et s’ouvrir à l’autre est déjà une démarche active. 

La priorité va être de savoir ce que l’on recherche chez un futur conjoint et que cela soit compatible avec la façon dont on vit pour le rencontrer. Il faut savoir que le choix d’un partenaire de vie est complexe. Car c’est un choix qui est tout à la fois rationnel et émotionnel, mais aussi circonstanciel et divin, évidemment. C’est-à-dire que notre raison va nous diriger vers ce qui nous convient, selon ses qualités et ses défauts, mais il n’y aura pas que cela. L’émotionnel va y jouer un rôle très important : on peut appeler ça entre autres “le feeling”. Si l’on écoute l’un au détriment de l’autre, alors la relation aura plus de risque d’aboutir à un échec. Et à tout cela, s’ajouteront les circonstances de la rencontre : où l’on choisit de se rendre, ajouté à la touche d’Hachem pour que cela soit possible. 

Ce qu’il faut surtout retenir c’est que ce qui dépend de nous dans la rencontre avec l’être aimé sera le fait, indépendamment des émotions que l’on pourra ressentir, de bien évaluer chez l’autre ce qui sera indissociable de notre bonheur. Et c’est en apprenant à mieux se connaître et à mieux se comprendre que l’on arrive à mieux choisir ce qui nous conviendrait. 

Baroukh Hachem, tout est prévu dans la Torah pour que les relations entre un homme et une femme qui se rencontrent et apprennent à se connaître soient les plus profondes possible. Le fait de pouvoir apprendre à se découvrir sans le parasitage des relations intimes joue énormément en notre faveur pour éviter de s’engager trop loin dans une histoire qui ne nous conviendrait finalement pas.

Mes conseils

- Restez vous-même : c’est le meilleur conseil que je peux vous donner. La discrétion n’est non seulement pas un défaut, mais c’est en plus une qualité précieuse. Soyez fière d’en être dotée et les hommes qui ne sont pas attirés par ce trait de personnalité qui fait partie de vous sont des hommes qui ne vous auraient pas convenu. Ne portez plus votre discrétion et vos valeurs comme un fardeau, mais comme un diamant qui sera très vite perçu comme tel par celui qui vous rendra heureuse. 

- Ne faites jamais quelque chose qui vous met mal à l’aise pour rencontrer quelqu’un : ce ne sera pas une bonne base de rencontre et cela enverrait un message erroné sur qui vous êtes vraiment. Soyez naturelle, c’est la façon la plus simple et la plus saine de rencontrer et d'intéresser les bonnes personnes.

- Fréquentez des lieux propices : vous êtes une personne discrète, donc le mieux pour vous est de rencontrer par des intermédiaires ou dans des lieux calmes (cours de Torah, Chiddoukh, etc.). Il faut que vous vous sentiez en confiance.

- Investissez-vous dans vos amitiés : la Michna dit : “Achète-toi un ami”. C’est dire l’importance de l’amitié dans la Torah. Il est très difficile d’évoluer dans la vie sans amis sincères à ses côtés qui nous aident et nous conseillent. La période de célibat est un moment idéal pour développer des amitiés profondes et épanouissantes. Et qui sait ? Peut-être que le bonheur vous sera présenté par l’une de vos amies ?

- Ne renoncez pas au deuxième rendez-vous : si une personne semble ne pas vous convenir aux premiers abords, essayez tout de même un deuxième rendez-vous. Peut-être que l’autre a eu du mal à se montrer naturel et à l’aise. Soyez ouverte et donnez toujours une seconde chance. Cette méthode évite de passer à côté de rencontres extraordinaires. 

- Ne cédez pas à la pression socioculturelle : le choix du conjoint est le choix le plus important de toute votre vie. Prenez votre temps pour être bien sûre qu’il s’agira d’un homme qui vous rendra heureuse et que vous rendrez heureux. Gardez en tête qu’il s’agira de l’homme avec qui vous élèverez vos futurs enfants Bé’ézrat Hachem.

Donc ne vous pressez pas et réalisez-vous. Plus vous serez en accord avec vous-même et plus l’amour aura de bonnes chances de croiser votre chemin. Ne dit-on pas que c’est souvent quand on ne le cherche pas vraiment que l’on rencontre quelqu’un qui nous convient ? 

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.