Cela faisait quelques mois que j’avais commencé à revenir un peu au judaïsme. Je fréquentais un cours de Torah une fois par semaine, j’allais le vendredi soir à la synagogue puis rentrais pour le Kiddouch et le repas de Chabbath et enfin, je ne mangeais plus de viande non Cachère. Je me sentais super religieuse ! Et mes amis me confortaient dans ce sens : “Avec toi, on ne peut pas manger là-bas, il faut aller dans un resto Cachère !”, “Pourquoi le vendredi soir, tu ne sors plus avec nous ?”, “Tu vas à un cours de Torah ? Ça y est, tu veux faire Rabbanite !”. J'étais assez fière de cette singularité et je ne ressentais pas le besoin d’en faire plus. Après tout, les personnes que je côtoyais en étaient au même stade que moi depuis des années et s’en contentaient très bien !

Petit à petit, malgré tout, j’ai commencé à avoir envie de faire Chabbath. Je ne me sentais pas encore prête, je me disais que j’avais le temps et que, le moment venu, j’irais par étapes.

Un jour, j’ai regardé un film dans lequel l'héroïne essayait tour à tour toutes les religions. Lorsqu’elle se mit au judaïsme, elle devint du jour au lendemain Choméret Chabbath (dans les grandes lignes). Cette approche m’a fait un choc. Certes, il s’agissait d’une fiction mais malgré tout, si une non-juive, qui décidait de devenir juive, arrivait à se lancer dans Chabbath du jour au lendemain, alors pourquoi pas moi ? N'était-ce pas finalement plus facile de foncer sans se poser toutes sortes de questions existentielles ? Ma nature instinctive et mon orgueil me firent décider que dès le prochain Chabbath, je n’allumerai ni mon téléphone ni aucune lumière ! Et effectivement, je me suis conformée à cette décision. J'étais vraiment contente de moi, je sentais que j’avais pris la bonne décision. Quelques semaines plus tard, je décidai de monter d’un échelon, je fis l’acquisition d’une Plata pour mettre tous mes plats à réchauffer sans allumer le gaz.

Cela faisait maintenant cinq mois que je “faisais Chabbath”. Comme dans toute épreuve ou changement dans la vie, ce fut un moment qui m’a permis de faire le tri parmi mes amis. Me rapprocher de ceux qui se montraient bienveillants et encourageants et s'éloigner d’autres peu respectueux de mes choix.

Les vertus du Chabbath commençaient à faire effet sur moi. Je ressentais, à ma manière, que tout comme je gardais le Chabbath, Chabbath me gardait et je sentais une véritable protection toute la semaine.

Un après-midi, j’ai ouvert un livre sur les lois de Chabbath. Pour moi qui croyais que cela se résumait à ne pas utiliser l'électricité, ni allumer le feu et à ne pas porter, je suis tombée du 36ème étage ! Qu'étaient-ce que tous ces interdits ? Est-ce que quelqu’un au monde était capable de respecter tout cela ?! Je refermai le livre, perdue. Si finalement c'était ça Chabbath, mieux valait alors que j'arrête tout puisque je n’arriverais jamais au but…

Hachem, dans Sa grande miséricorde, m’a envoyé la personne qui pouvait m’aider. J’ai rencontré un Rav spécialiste des jeunes Baalé Téchouva (qui reviennent à la pratique religieuse), avec qui j’ai beaucoup parlé. Il m’a félicitée pour mon parcours en m’assurant que j’avais fait le plus dur et que le reste viendrait tout seul. Il m’a proposé d'étudier avec lui les lois de Chabbath. En réalité, c’est surtout en les voyant appliquées chez lui que je me suis aperçue, au final, que ce n'était pas difficile. Plus que cela, les Chabbatot chez eux étaient tout simplement magnifiques !

Aujourd’hui, des années plus tard, Chabbath est le jour tant attendu de la semaine où je retrouve avec plaisir mon mari et nos enfants dans la joie et la Kédoucha. Mes plus jeunes connaissent déjà un bon nombre de choses sur les lois de Chabbath et pour eux, c’est inné et acquis.

Celui qui ne voit pas la main d’Hachem se dirait “si elle n'avait pas vu ce film, toute sa vie aurait été différente”. En réalité, Hachem a choisi la chose la plus adaptée pour moi, dans la vie qui était la mienne à ce moment-là : un petit film à l'eau de rose ! Car si j’avais su dès le départ, tout ce que Chabbath représentait, je n’aurais pas pu me lancer.

Je vous souhaite à toutes d'avoir, chacune selon votre parcours, la même chance que moi de connaître Chabbath. Jetez-vous à l'eau, commencez ! Si vous regardez bien et êtes à l'écoute de vous-même, vous remarquerez que votre vie se mettra à changer, que vous bénéficierez d’une protection spéciale pour commencer puis de quelques embûches pour tester votre détermination. C’est le signe qu’il faut continuer ! Ne vous découragez pas !

Témoignage anonyme reçu.