Comme tout le monde, j’aime bien rendre service, mais je n’aurais jamais imaginé qu’en me souciant d’un jeune juif, je déclencherai une telle avalanche de... miracles !

Apprentissage de la langue

Dès que je me suis installée en Israël, j’ai filé m’inscrire à l’Oulpan. Je ne connaissais que quelques mots d’hébreu, mais ce n’était pas assez pour la vie de tous les jours (à vrai dire, à part dire “combien coûte la glace ?”, je ne connaissais pas grand chose).

En plus, je n’avais pas de travail, et, pour en trouver un, je me disais qu’il fallait savoir parler la langue, ne serait-ce qu’un minimum...

C’était si beau de voir des gens du monde entier et de toutes les cultures qui venaient ici pour les mêmes raisons que moi : parce qu’ils faisaient partie du ‘Am Israël (peuple d’Israël).

Un jour, j’en discutais avec ma professeur d’hébreu et elle me dit que, dans son autre classe, il y avait Miguel, un jeune argentin de 32 ans venu tout seul sans sa famille, juste parce qu’il venait d’apprendre qu’il était juif et qu’il voulait renouer avec ses origines. Et à 32 ans, il s’apprêtait à fêter… sa Bar-Mitsva ! Incroyable !

C’était si émouvant qu’à son âge, il ait envie de montrer à D.ieu son attachement, que je me dis qu’il fallait lui montrer combien on est un peuple uni et combien on se soucie de chacun. J’en ai parlé autour de moi et on a décidé de lui offrir une paire de Téfilines en cadeau.

Une Bar-Mitsva pour tout un peuple

Je ne connaissais pas beaucoup de monde à l’Oulpan et je suis d’une nature assez timide, mais là, je pris sur moi d’aller taper à toutes les portes, d’entrer dans toutes les salles de classe pour faire une quête, en espérant récolter assez pour lui offrir ce merveilleux cadeau.

Les premiers jours, les gens souriaient, mais personne ne mettait d’argent dans mon enveloppe. J’étais un peu déçue, mais j’essayais de ne pas le prendre personnellement, peut-être que les gens ne pouvaient pas donner ou alors qu’ils ne comprenaient rien à cause de mon hébreu de débutante ?

Je me disais qu’Hachem voulait sans aucun doute que l’on soutienne notre frère juif, et qu’il fallait donc coûte que coûte garder espoir. Bref, je décidai de ne pas baisser les bras et tous les jours je continuai ma quête autour de moi. Au bout de quatre jours, une jeune fille vient me voir et me dit : “C’est super ce que tu fais, continue !” et paf, elle met une pièce dans mon enveloppe vide. La première ! J’étais super heureuse !

Et en quelques heures, tout a changé ! Les gens ont commencé à tous venir et, les uns après les autres, ont participé, certains donnant même des billets, toujours avec un mot d’encouragement. Et le bouche-à-oreille fit le reste, en quelques jours, non seulement j’avais récolté assez pour qu’on lui offre une paire de Téfilines, mais aussi pour lui offrir une Sé’ouda (repas) pour fêter sa Bar-Mitsva !

Mais quelle fierté ! Non pas parce que j’avais réussi mon défi d’organiser une fête pour un jeune homme qui renoue avec son judaïsme, mais parce que tout le monde avait pris part à cette Mitsva.

Le grand jour est enfin arrivé et tout l’Oulpan s’est réuni autour du ‘Hatan Bar-Mitsva, il y avait même les professeurs ! Quelle fête ! Et Miguel, ému aux larmes, a découvert sa première paire de Téfilines.

J’étais si heureuse... mais pas encore au bout de mes surprises : en fait, beaucoup de personnes qui n’avaient pas participé au cadeau sont venues me voir à la fin de la fête et m’ont fait des dons en me souhaitant de continuer à toujours faire du ‘Hessed !

Le sourire des enfants de Pourim

Je me retrouvai donc après la Bar-Mitsva avec une enveloppe encore plus remplie qu’avant l’achat du cadeau ! J’en parlai à ma Rabbanite et elle me proposa, comme nous étions à quelques jours de Pourim, d’offrir des sacs de bonbons pour les enfants hospitalisés à l’hôpital Cha’aré Tsédèk, à Jérusalem. Et me voilà repartie dans un nouveau projet ! Je vais au Chouk (marché), j’achète plein de bonbons différents et le soir, dans ma chambre d’Oulpan, je prépare avec joie plus d’une cinquantaine de paquets !

Il me fallait des volontaires pour m’aider à les distribuer à l'hôpital, donc de nouveau, je fais une petite annonce dans les classes. Et là, le miracle se reproduit, tout le monde cherche à participer !

On se retrouve à plusieurs à offrir des bonbons aux enfants qui nous remercient tous par leurs sourires et ça me fait tellement chaud au cœur, je me demande par quel miracle je me suis retrouvée à déambuler dans les couloirs de l'hôpital, à distribuer un peu de joie à ces enfants ? Quel sentiment incroyable, c’est très fort, plus que jamais l’impression d’être unie avec chacune des familles. C’est ma plus belle expérience de Pourim !

Et vous me croirez si je vous dis que des gens extérieurs à l’Oulpan ont appris que j’organisais des Michloa’h Manot pour les enfants hospitalisés, et que j’ai ainsi reçu, après Pourim, encore plus de dons pour les prochains projets ?

Des paniers pour Pessa’h

On aurait dit qu’Hachem voulait à tout prix que je continue ce programme d’une fête juive à l’autre !

Dès le lendemain de Pourim, tout le pays s’est mis en effervescence pour Pessa’h : les courses, le ménage, l’étude.

Et moi, je pensais à tous ceux qui n’auraient pas la chance de passer les fêtes en famille ou qui n’auraient pas les moyens d’organiser un Sédèr à la hauteur de la fête. Et me voilà repartie en quête d’un traiteur pour offrir des paniers repas aux familles nécessiteuses.

A force de recherches et de coups de téléphone, je finis par trouver un traiteur français d’une gentillesse incroyable !

Quand je l’ai rencontré, je lui ai raconté toute cette improbable aventure ! Que tout avait commencé par un simple cours d’hébreu à l’Oulpan et que maintenant je cherchais à organiser la distribution de paniers garnis pour réjouir le cœur de plusieurs familles.

Avec une voix adorable, le traiteur m’a appris ma première expression en hébreu : “Mitsva Gorérèt Mitsva” : une Mitsva entraîne une autre Mitsva...

Et le meilleur dans tout ça ? À la fin de l’Oulpan, le traiteur m’a embauchée pour travailler avec lui ! Moi aussi j’ai été bénie par toutes mes actions. Hachem m’avait appris ma première leçon dans ce si beau pays : quand on cherche à faire quelque chose de bon pour ses frères juifs, D.ieu nous donne toujours les moyens d’aller encore plus loin !

Encore aujourd’hui, si j’ai l’occasion de rendre service, je me précipite ! Parce que je sais que les bénédictions seront sans fin, pas seulement pour moi, mais surtout pour tous ceux qui en auront besoin…