Vous avez préparé vos gants, vos barres de fer et autres instruments de combat ? Ayez la patience de lire cet écrit et peut-être, n’en aurez-vous pas besoin ! Émettre des critiques ou subir des critiques fait partie de notre quotidien : elles font souvent mal, surtout si elles sont prononcées par le/la conjoint(e).
Faut-il critiquer ?
La question consiste plutôt à savoir comment utiliser les critiques et à faire la distinction entre les critiques constructives qui stimulent et les critiques négatives qui abattent. Le but de la critique est de corriger et de remettre la personne sur le bon chemin. La critique est souvent utilisée pour résoudre un problème ou surmonter un obstacle. L’être humain est ainsi fait qu’il évite de se remettre en cause et essaie d’attribuer ses échecs à l’autre. « C’est de Ta faute ! C’est à cause de Toi ! » « Le mal est chez Toi… à cause de Tes parents, de ton éducation, etc. » On pourrait ainsi remonter jusqu’à Adam Harichon ! La déclaration favorite est : « Tu es le problème ! » Personne ne dit : « Je suis peut-être responsable en partie ! »
L’orgueil et l’égocentrisme de certaines personnes les incitent à penser que le problème vient de l’autre. Et les entêtés supportent mal les critiques. Un postulat de base s’impose : aucun homme n’est parfait, aucune femme n’est parfaite. Si l’on s’appuie sur ce principe, la critique est justifiée. La femme qui critique son mari agit dans une bonne intention : elle veut l’aider à se parfaire. L’homme qui critique sa femme cherche à améliorer la situation. Ils tentent de s’aider mutuellement. La critique devient alors utile, elle sert à éclaircir la situation et à progresser. Les époux sont les seuls à se connaître mutuellement. Ils sont donc les mieux qualifiés pour se faire des remarques qui sont souvent justes.
Exemple : après 6 mois de mariage, un jeune couple se dispute constamment. Le mari dit : « Elle se dispute avec moi tout le temps ! » Elle dit : « Moi, pas du tout ! Je formule seulement des critiques ! Est-il interdit de faire des critiques ? »
Il faut établir une différence entre critique et dispute. Une critique mal formulée ou mal comprise peut cependant entraîner une dispute, qui, elle, est une autre notion. Les critiques sont constructives ou destructrices.
Comment formuler une critique ?
Comment faire admettre une critique ? Comment avoir l’art de se disputer avec style et noblesse ?
La Torah (Paracha Kédochim) nous enseigne qu’une remontrance est une Mitsva, une action positive, comme mettre les Téfillin, les Tsitsit ou faire Chabbath. Il est permis d’indiquer à l’autre ce qu’il peut faire pour progresser. Le Judaïsme incite à ne pas négliger l’intérêt de l’autre. Si quelqu’un s’égare en faisant quelque chose qui n’est pas bien, il faut l’alerter et essayer de l’amener à la compréhension de son erreur. Contrairement à la plupart des personnes qui ne s’intéressent qu’à leurs propres intérêts, les Juifs se sentent concernés par le sort de leurs frères juifs. Un individu intelligent apprécie les critiques positives qui l’aident à redresser les choses et à s’améliorer.
Le Gaon de Vilna payait quelqu’un pour lui faire la morale, pour le sermonner. Pourtant Rabbi ‘Akiva dit : « Dans notre génération, qui peut critiquer ? » Devant ce dilemme, que faire ? Il faut critiquer sans faire de la peine à l’autre. Alors comment critiquer ? Mieux vaut être intelligent plutôt que de chercher à avoir raison ! Si c’est une Mitsva de réveiller l’autre, c’est aussi une Mitsva de se taire si la critique ne peut être entendue. Mieux vaut se taire que de faire une critique qui blesse et perturbe l’autre. Le mari est l’être le plus cher pour sa femme et inversement. Cet amour pour son/sa conjoint(e) passe par la remontrance, qui n’est pas facile à faire ni à recevoir. Mieux vaut être intelligent et se taire plutôt qu’avoir raison à tout prix.
Nos remontrances ne doivent pas résulter d’une impulsion mais d’une réflexion. Exemple : un homme fatigué rentre le soir, s’installe dans un fauteuil et s’endort. Sa femme rentre plus tard et s’irrite car elle espérait bavarder avec lui. Elle lui dit : « Je me faisais une grande joie de te raconter ma journée et de te parler de mes achats. Mais je vois que ce que je fais ne t’intéresse pas, puisque tu dors ! » Elle est peinée, elle lui fait des reproches légitimes, mais sont-ils constructifs ? Comment ne pas blesser l’autre ? Une critique faite avec amour est ressentie positivement. Alors la remontrance est acceptée, si toutefois la personne arrive à se remettre en cause.
La main gauche repousse, la droite rapproche
Nous sommes une génération de critiqueurs ! Celui qui est le plus critique est « IN ». La vie lui sourit. Dans les journaux, on ne parle que de ceux qui réussissent en pratiquant « l’art » de la critique. Cette critique peut aller jusqu’à la méchanceté, la cruauté. Peu importe, il faut être dans le sens du vent. À la mode ! Et ainsi, on entend : « Il parle bien, il marche sur les pieds des autres », ou « En quelques mots, il l’a complètement massacré ! ».
Où sont les valeurs telles que l’altruisme, le souci de l’autre, la bonté ? La CRITIQUE est devenue une véritable maladie. Meurtrière ! Qui pourrait supporter de ne recevoir que des critiques ? Un grand principe éducatif : « la main gauche repousse, la main droite rapproche », propose une issue. La main gauche symbolise la main faible opposée à la main droite. Prenons l’habitude de faire des critiques avec la première et des compliments avec la main forte, la droite ! Dans quelles proportions ? Les critiques doivent représenter 20% de nos assertions et les compliments 80%. À la maison, en général, c’est l’inverse ! Les critiques peuvent même atteindre 95% !
Soyons ROIS !
Un roi est un homme capable d’oublier son rang et de se remettre en cause. Un esclave n’a pas cette aptitude. Yéhouda illustre parfaitement cette notion. Son histoire nous dévoile les nombreuses raisons qu’il avait de se taire et d’avoir honte d’avouer ses erreurs, mais il s’est avancé vers la foule et a annoncé : « J’ai tort ! ». Cet acte de courage, de sincérité, de vérité, lui a valu de mériter d’être l’ancêtre de la dynastie royale. Son honnêteté morale lui a valu d’être le père de Machi’ah. Machi’ah descendra de quelqu’un capable de dire : « Je me suis trompé ». Mais combien il est difficile de formuler ces petits mots !
Yéhouda vient du mot « Odaha », louange. Les Juifs, les « Yéhoudim », sont appelés à partir du nom de Yéhouda, parce qu’ils savent louer la vérité. Il y a une vérité. Mais il ne faut pas avoir honte de se tromper et avoir le courage de l’avouer. Si nous arrivons à tenir compte de ce qui précède, et à l’appliquer dans notre vie, 30% des problèmes conjugaux seront immédiatement résolus.
Arrêtons d’être esclaves et soyons ROIS !