Moché Rabbénou (notre maître), le plus grand prophète que le peuple juif n’ait jamais connu, fait œuvre de figure centrale des 5 livres du Tanakh, qui portent par la même occasion son nom (les 5 livres de Moché). Mais comment cet homme est-il parvenu à atteindre un tel niveau de Kédoucha (sainteté), si ce n’est pour sa femme ? Tsipora, la femme de Moché Rabbénou, est souvent méconnue et semble agir dans l’ombre. Penchons-nous sur sa personnalité ainsi que sur le rôle qu’elle a joué dans l’ascension spirituelle de son mari.

Le nom Tsipora, qui signifie oiseau en hébreu, fait allusion au fait que celle qui le porte est toujours pressée d’accomplir de bonnes actions. Par ailleurs, le Midrach souligne qu’elle possédait la grandeur de Sarah, Rivka, Ra’hel et Léa, nos matriarches.

Tsipora fut la fille de Yitro, qui est connu pour avoir maîtrisé tous les types de cultes idolâtres qui puissent y avoir. Il décida cependant de tous les rejeter lorsqu’il comprit que seul Le D.ieu des juifs constituait la seule et unique source de vérité dans ce monde.

Mais la question se pose : comment le plus grand prophète que le peuple juif n’ait jamais connu a-t-il pu se résoudre à se marier avec une femme d’origine païenne, et pis, la fille du plus grand maître idolâtre de son temps ?

Le Maharal offre une magnifique explication à ce propos. Moché, souligne-t-il, incarnait en lui-même toute la nation d’Israël. « Aussi fallait-il que son épouse fût de souche non-juive, afin qu’elle puisse lui offrir un complément moral et social compris dans la vocation de la femme en tant que ‘Ezèr Kénégdo, aide à ses côtés » (Rav Elie Munk sur Chémot). Tsipora était en fait de souche non-juive, mais elle s’est vite résolue à épouser la foi juive ; elle a tout laissé tomber pour suivre la voix d’Hachem. Plus encore, elle était la fille du plus grand théologien de l’époque, ainsi, sa stature lui permit-elle d’épouser le plus grand prophète d’Israël.

Le rôle que Tsipora occupa en tant que femme du sauveur du peuple juif n’était pas des plus aisés, bien au contraire. Ô combien de sacrifices dut-elle faire pour propulser l’ascension de son mari. Le plus notoire fut lorsque Moché monta chercher les tables de la Loi sur le Mont Sinaï, et, conséquemment, Tsipora lui fut interdite. Le second, et moins connu, fut lorsque Moché séjourna chez son beau-père Yitro avant d’épouser Tsipora, et que ce dernier jeta Moché dans un cachot de peur qu’il ne soit un messager de Par’o venu lui porter préjudice. Tsipora alla secrètement apporter de la nourriture à son futur mari pour qu’il puisse rester en vie. Moché demeura dans ce cachot pendant 10 ans. Et chaque bonté de Tsipora le maintint en vie.

Nous pouvons tirer de nombreuses leçons des actes de Tsipora. La première est que les actions ayant le plus d’impact sont celles qui sont accomplies avec discrétion et composition. En effet, la Kédoucha réside dans la modestie et la discrétion, et non dans la notoriété. Il est dit qu’il existe deux types de Tsadikim : le Tsadik connu et le Tsadik caché. Le premier est bien évidemment nécessaire, puisque le juif a besoin de s’attacher à un Tsadik dans sa ‘Avodat Hachem (service divin). Mais ce dernier peut s’enorgueillir du Kavod (honneur) qui lui est octroyé. Le Tsadik caché, quant à lui, ne reçoit aucun Kavod, puisqu’il est méconnu de tous. Ainsi, ses actions sont-elles bien plus élevées. C’est exactement le cas de Tsipora ; tout en elle s’apparentait à une Tsadékèt cachée, puisque ses actions n’ont jamais été autant popularisées que ses ancêtres.

La seconde leçon que nous pouvons tirer de sa bravoure est le sacrifice de soi, ou, en hébreu, la Méssirout Néfèch. En effet, dans le mariage, ce concept est primordial, quoiqu’extrêmement difficile à accomplir. Afin de propulser l’autre et le faire grandir, il faut le faire passer avant soi, malgré les peines que cela peut engendrer.

Puissions-nous suivre les traces de Tsipora, en ne cherchant pas à nous mettre en avant lorsque nous faisons un don ou un acte de ‘Hessed. Car Hachem réside chez celui qui agit Léchem Chamayim (au nom du Ciel), et non chez celui qui ne cherche qu’à s’attirer du Kavod.