Qui sont Ma’hla, Noa, ‘Hogla, Milka et Tirtsa ? Elles sont les cinq filles de Tsélof’had, qui est mort dans le désert sans laisser de fils. Selon les lois de l’héritage initiales, seuls les héritiers mâles étaient aptes à recevoir en possession une partie de la terre d’Israël. Se sentant lésées, elles vinrent voir Moché Rabbénou et lui dirent : “Faut-il que le nom de notre père disparaisse du milieu de sa famille, parce qu'il n'a pas laissé de fils ? Donne-nous une propriété parmi les frères de notre père !”. Hachem leur donna raison en statuant clairement la loi à Moché : “Si un homme meurt sans laisser de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille”.

Par leur mérite, une loi jusqu’alors inconnue de Moché Rabbénou a été révélée ! Mais quel a été leur mérite ? Quelle a été leur grandeur plus précisément ?

Leur grandeur réside dans leur capacité à garder une Émouna (foi) à toute épreuve et de croire qu’Hachem est capable de leur donner le meilleur, et ce, de façon inconditionnelle. Que rien n’est impossible pour D.ieu.

En effet, leurs conditions ne les prédestinent en rien à se marier dans un avenir proche, encore moins avec un mari de qualité. Elles ont… entre 40 et 65 ans et en plus de leur âge tardif, elles n’ont pas de patrimoine, ni d’ascendance glorieuse, puisque leur père est mort en transgressant Chabbath ! Pourtant, elles font savoir à Moché qu’elles savent pertinemment que D.ieu leur enverra un mari au moment opportun. Et pas avec n’importe quel parti : elles attendent des maris "Hagoun Lahèn”, c’est-à-dire convenables à leur niveau intellectuel et spirituel. L’avenir leur donnera raison et le miracle attendu est arrivé : malgré leur âge tardif, elles se sont toutes mariées de façon très honorable et ont toute enfanté - l’une d’entre elles jusqu’à l’âge de 135 ans.

Ce n’est sûrement pas par hasard que la Torah, au début de notre Paracha, les présente comme les descendantes de Yossef. Yossef le rêveur, celui qui sait que, malgré son interminable détention dans les geôles égyptiennes, la délivrance est toute proche !

Une des forces spécifiquement féminines est cette capacité à rêver, à croire qu’Hachem pourvoira à tous nos besoins, de la meilleure façon que possible, et ce malgré des pronostics pessimistes. C’est une des façons de comprendre le Talmud ‘Avoda Zara' : “Les femmes changent facilement leurs façons de penser”. Autrement dit, nous avons cette faculté à passer presque immédiatement de pensées sombres à des pensées positives ; à rêver que tout est encore possible et que rien n’est trop difficile pour Hachem.

C’est aussi ce à quoi fait allusion la Torah dans Chémot (1,18) : "C'est que les femmes des Hébreux […] sont vigoureuses et avant que la sage-femme soit arrivée près d'elles, elles sont délivrées.”

Autrement dit, à peine ont-elles commencé à ressentir des contractions qu’elle sont déjà en train de s’imaginer le bonheur de tenir prochainement leur enfant dans leurs bras et à faire fi de leur pénible souffrance. C’est ce qui leur donne la force de ne même pas ressentir la douleur, mais, au contraire, à ressentir immédiatement une joie intérieure profonde.

Voilà la leçon des filles de Tsélof’had : peu importe ce que la réalité (ou parfois notre entourage) veut nous faire croire, la réussite dépend de notre Émouna (foi en D.ieu) que rien n’est impossible pour Hachem et qu’Il nous enverra le meilleur dans un avenir très proche. C’est par le mérite de cette Émouna démesurée que nous trouverons la quiétude immédiate et qu’Hachem nous enverra rapidement des bénédictions… démesurées !