Aussi loin que je m’en souvienne, la Mézouza a toujours fait partie de nos vies, même lorsque nous n’étions pas du tout pratiquants. Et pourtant, une semaine par an, je dois me séparer d’elle. Souccot !

Aussi loin que je m’en souvienne, la Mézouza a toujours fait partie de nos vies, même lorsque nous n’étions pas du tout pratiquants. Je me souviens de ma grand-mère qui, dès qu’une occasion se présentait, ouvrait la porte d’entrée, se couvrait la tête avec un grand fichu, mettait sa main sur la Mézouza et priait, suppliait, remerciait, s’épanchait en français, en arabe. En fait je ne sais même pas en quelle langue elle parlait, tant l’émotion saccadait sa voix. Elle implorait tous les Rabbanim. Elle y allait lorsqu’on lui annonçait une bonne nouvelle, elle y allait lorsqu’une dispute éclatait à la maison, elle y est allée tous les jours pendant 2 ans pour demander à D.ieu d’envoyer un gentil mari à ma tante, elle y est allée lorsque cette même tante une fois mariée, l’a appelée pour lui annoncer qu’elle était enceinte. Ma grand-mère m’a fait grandir avec cet amour de la Mitsva de Mézouza, que beaucoup de nos aînés ont.

Bien plus qu’un simple boitier

Chez nous, la Mézouza est bien plus qu’un boitier d’ornement. Elle est notre soutien et notre réconfort. Lorsqu’on quitte la maison, on l’embrasse en priant pour que notre maison soit protégée, pour que les membres de notre famille soient gardés en bonne santé durant toute la journée, et lorsque nous rentrons le soir, nous l’embrassons de nouveau comme par soulagement et reconnaissance que cette journée se soit bien passée.

Si on y réfléchit bien, les versets écrits dans la Mézouza ne sont autres que le Chéma Israël, que nous récitons plusieurs fois par jour. Dans ce texte, on loue l’unicité de D.ieur. En plaçant une Mézouza sur le linteau extérieur de notre domicile, on prône avec fierté l’appartenance à un peuple de foi, on déclare aux yeux du monde « Ici vit une famille juive ! ».

J’ai élevé mes enfants en leur transmettant cet amour et cette valeur que ma grand-mère m’avait légués. Je la revois encore me dire : « Ma fille, rien ne sert de courir après l’argent ou le succès. Tu n’emporteras rien de tout ça avec toi après 120 ans. Tout le but de notre vie est de faire la fierté de Notre Créateur. Attache-toi à la Mézouza, parle devant elle, prie sans retenue, tu verras de grandes délivrances, car en ouvrant ton cœur devant ce boitier, tu donnes la place qui lui revient au Maître du Monde, tu Le fais rentrer dans ta vie, dans ton quotidien, tu te remets totalement entre Ses mains, tu sais qu’Il te protège et veut ton bien. Et toi de ton côté tu n’as qu’une requête à accomplir : Le rendre fier par tes pensées et tes actions. »

7 Jours sans Mézouza ?!

Je crois qu’elle n’avait même pas besoin de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait parce que pour avoir baigné dedans depuis petite, je le ressentais également. La Mézouza faisait partie intégrante de ma vie. Et pourtant, une semaine par an, je dois me séparer d’elle. Souccot ! Ces 7 jours où nous quittons notre domicile permanent pour loger dans une cabane tout ce qu’il y a de plus temporaire. Au début, je souffrais de rentrer dans mon « chez moi » sans pouvoir embrasser la Mézouza. D’ailleurs, instinctivement, plus d’une fois, j’avais levé ma main pour embrasser la Mézouza, et au lieu de ça je me retrouvais à toucher le branchage de la Soucca. Puis, en y réfléchissant, je comprenais pourquoi la Soucca n’avait pas besoin de Mézouza.

Comme dit plus haut, le rôle de la Mézouza est de nous recadrer. On habite dans une maison solide et protectrice, pourtant on passe aussi bien à nos allers qu’à nos retours par la Mézouza, et ce pour ne pas perdre l’essentiel de vue. Hachem est Un et c’est seulement sur Lui que tu dois compter. Peu importe si ta maison est splendide, si elle te permet d’avoir chaud en hiver, si elle t’offre un refuge alors que le monde extérieur est agressif… Elle reste une maison de passage, qui doit te servir sur ta route, mais qui ne doit pas être ta destination. A Souccot en revanche, on n’a aucun doute que cette cabane faite de feuillages et de branchages est notre destination, on voit bien qu’elle est temporaire, on comprend bien que si on y habite pendant 7 jours, c’est uniquement pour louer la gloire du Maître du Monde. Sa présence est palpable sous la Soucca. On ressent Sa protection et Son étreinte à travers le Skha’h qui nous protège, telles les nuées de gloire. On ressent Sa bonté à travers l’air frais et les parfums de la nature qui s’invitent dans notre « chez nous ». On ressent tout simplement Sa présence et Son unicité sous la Soucca, les mêmes sentiments que je ressens les autres jours de l’année lorsque je pose mes yeux et ma main sur la Mézouza.