Bonne nouvelle, pour toutes celles qui sont frustrées de ne pas lire de magazine de mode, vous avez un substitut : la Paracha de Tétsavé !

En effet, aussi étonnant que cela puisse paraître, la Torah si parcimonieuse dans ses mots, consacre la moitié de la Paracha à nous décrire l’habit du Kohen Gadol (le Grand-Prêtre) qui officiait quotidiennement dans le sanctuaire. Sa tenue vestimentaire était composée de huit habits que la Torah prend le temps de décrire avec leur couleur, leur forme et leur tissu.

Pour celles qui souhaitent déguiser leur enfant en Kohen Gadol à Pourim, je vous préviens, cela va vous demander un sacré investissement ! Il faut une tunique en lin, un caleçon en lin, une coiffe en lin, une large ceinture en tissu, un tablier tissé en laine bleue et rouge, en lin et en fils d’or, un pectoral avec douze pierres précieuses, une robe dont le bord inférieur est tissé de clochettes, et enfin une plaque d’or, placée sur le front, sur laquelle est gravé le nom de D.ieu. Si la Torah est tellement insistante, c’est bien pour nous faire comprendre qu’il existe un message éternel concernant les vêtements. Quel est ce message que la Torah veut nous faire passer ?

La deuxième curiosité de notre Paracha est l’absence du nom de Moché. En effet, le nom de Moché Rabbénou figure dans toutes les Parachiot, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, à l’exception de la Paracha de Tétsavé. C’est la conséquence d’une promesse qu’il s’est donné à lui-même. Après la faute du veau d’or, il avait dit à Hachem : « Pardonne leur faute ! Sinon, efface-moi du livre que tu as écrit »[1]. Ainsi, cette parole a été accomplie de façon partielle et le nom de Moché fut effacé de cette Paracha.

Mais le plus surprenant est que la Paracha Tétsavé est lue précisément durant la semaine de sa Hiloula (son jour anniversaire de décès, le 7 Adar) ! Comment est-il possible que, durant cette semaine, moment propice pour mentionner son nom, on ne le prononce pas dans la Paracha ?

Pour répondre à cette question, analysons comment les vêtements du Kohen Gadol sont introduits : “Tu feras confectionner pour Aharon ton frère des vêtements sacrés, insignes d'honneur et de majesté”.

Peut-être que le message central qui ressort des mots “symboles d’honneur et de majesté” est que l'habillement fait bien plus que jouer le rôle fonctionnel de dissimuler certaines parties de notre corps. Les vêtements ne sont pas non plus une simple nécessité. Ce n'est pas non plus que nos vêtements ont pour vocation de nous faire paraître “fashion”. Le but de l’habillement est de nous conférer honneur et majesté. Rabbi Yo’hanan est allé jusqu'à donner comme définition aux vêtements de “Ceux qui nous honorent” !

Ainsi, contrairement à ce que certaines peuvent croire, une femme ne doit pas s’habiller de façon Tsni'out (discrète) pour se dissimuler autant que possible ou même ‘Hass Véchalom pour se dévaloriser. Non seulement ce n’est pas du tout l’objectif, mais c’est même le contraire de l’objectif ! La pudeur est avant tout une démonstration du respect de soi. Elle cherche à mettre en valeur la personne pour ce qu’elle est et faire rejaillir sa lumière intérieure.

Nous avons une autre preuve dans la Torah à cela : Dans la Méguilat Ruth, il est écrit que Bo’az a remarqué Ruth (il demanda “Qui est cette jeune fille ?”[2]). Nos Sages nous enseignent que ce qu’il a remarqué chez elle, c’est sa Tsni'out et la digne façon qu’elle avait de se comporter : elle ne se baissait pas en avant pour ramasser les épis de blé, ce qui aurait mis en avant sa silhouette, mais elle se baissait de façon à ne pas exposer ses formes. Donc, la Tsni'out de la femme est avant tout une façon pour elle d’attirer le respect et la dignité auprès de ceux qui la voient.

Maintenant, nous pouvons répondre à la question concernant l’absence de Moché. En réalité, le fait de ne pas mentionner le nom de Moché à ce moment est une louange ! En effet, agir ainsi rappelle le sacrifice qu’il a fait afin de sauver son peuple, et ceci constitue même un mérite pour celui qui fut le « berger du peuple d’Israël ». De plus, le texte certes ne mentionne pas son nom, mais il est, ô combien, présent. Hachem lui parle directement et s’adresse à lui à la deuxième personne (“Tu feras”, “Tu enjoindras”, “Tu prendras”...). Même s’il a l'air absent, il est en fait tellement présent. Ou, en d’autres termes, sa discrétion est non seulement remarquable mais surtout digne de louanges

De même, la discrétion d’une femme juive est tout autant remarquable et digne de louanges. La Tsni'out, qui pourrait paraître, au premier abord, amoindrir la présence de la femme, est en réalité ce qui lui confère le plus grand honneur.

Nous nous souviendrons de ce message chaque matin lorsque nous choisirons nos habits - conformément à ceux que la Torah nous enjoint de porter - et lorsque nous nous habillerons, nous nous dirons avec joie et émotion : “Merci mon D.ieu qui m’a donné des vêtements sacrés, insignes d'honneur et de majesté tels ceux du Kohen Gadol !”


[1] Chémot (32,32)

[2] Ruth (2,5)