« Souviens-toi des jours antiques, médite les annales de chaque siècle ; interroge ton père, il te l’apprendra, tes vieillards, ils te le diront ! » (Deut. 32, 7)

Le questionnement et la réflexion pour comprendre le monde sont intrinsèques au Judaïsme. Cette approche s’appuie sur la conviction qu’il n’y a pas de hasard. La Providence divine s’exerce sur les hommes à chaque instant comme il est écrit : « De la résidence qu’il s’est réservée, il dirige son attention sur tous les habitants de la terre. » (Psaumes 33, 14) Bien qu’il existe des nuances sur le concept de Providence individuelle, l’ensemble des rabbanim s’accordent sur l’origine divine de chaque phénomène. Nahamanide écrit à ce sujet qu'il faut savoir que toutes nos questions et les circonstances sont des miracles et ils ne suivent pas la nature ou la coutume générale du monde (Cf. Ramban Parachat Bo - Exode 13, 6) Maimonide écrit quant à lui (Hilkhot Taanit – Lois du Jeûne 1 ; 1-3) : « C'est un commandement positif de la Torah de crier et de sonner des trompettes en cas de difficulté qui affecte la communauté… (cf. Nombres 10, 9) ce commandement s’applique à chaque fois que notre peuple êtes affligé par des tragédies comme la famine, l’épidémie, les sauterelles ou calamités similaires – il faut « crier » à Hachem à cause de ces souffrances. Inversement, si les gens ne prient pas, et disent : « Tout cela n’est que le fruit du hasard », c'est une conception cruelle des choses […]

Tous les aléas de la vie résultent de la volonté directe d’Hachem, et, en tant que tel, l'ordre apparemment naturel du monde n’est qu’une illusion. Dès lors, il s’impose à nous de considérer chaque évènement que nous vivons comme un appel divin à la réflexion et à d’éventuels changements. Une chose est certaine, le coronavirus nous a enseigné que la vraie richesse est la santé, la famille et la sécurité. Il nous a appris qu’être en vie, pouvoir respirer est une bénédiction. Au XXIe siècle, qui aurait pensé que quelques bouffées d’air furent si précieuses ? Qui aurait imaginé que nous aurions peur de manquer d’air ?  Ce souffle si précieux nous rappelle indéniablement le souffle divin qui a fait de l’homme une âme vivante – Nefech ‘Haya. La vie est une bénédiction, mais pas uniquement ! La vie a un sens ! Chacun de nous est le héros de sa légende personnelle. C’est pour cela qu’Hachem créa l’homme à son image. Il lui conféra ainsi les pouvoirs d’accomplir sa mission en devenant l’une des facettes de ce merveilleux diamant qu’est le peuple d’Israël. Ben Azai avait l’habitude de dire : « Il n’est personne qui n’ait son heure, et il n’y a rien qui n’ait sa place » (cf. Avot 4, 3). Rav Chalom Brezovsky, Rabbi de Slonim et auteur du Netivot Chalom écrit à ce sujet : « Avant tout, chaque personne a le devoir de réfléchir et de rechercher quelle est sa mission unique, pour laquelle elle a été envoyée dans ce monde. » Lorsque tout s’arrête, on n’a pas d’autre choix que de réfléchir. C’est l’occasion de définir ou redéfinir notre rôle dans la vie, notre légende personnelle. Car nous vivons dans un monde où les innombrables distractions nous éloignent de notre véritable mission : révéler notre lumière intérieure afin de sanctifier le nom d’Hachem.  

Comment définir son rôle dans la vie ? 

Le Netsiv (cf. HaEmek Davar, Bamidbar/Nombres 15, 41) dit que si quelqu’un nous demande de lui dire quel chemin il doit prendre, notre réponse devrait être qu’il doit poursuivre le chemin que son cœur désire dans la large sphère de la Torah et des Mitsvot... On peut ajouter à cela une question fondamentale : « En quoi ma société, ma communauté et Hachem ont- ils besoin de moi ? » Durant la première vague, on a beaucoup parlé du Machia’h, à tort ou à raison. Certains ont même “prévu”sa venue pour avant Pessa’h, d’autres pour avant la fin de Nissan. La question est de savoir pourquoi nous voulons Machia’h. La religion n’est pas un guide pour une vie sans aucun problème ni contrariété, bien qu’elle contribue souvent à leur diminution. Il s'agit de faire de ce monde un endroit où toutes les âmes peuvent jouer leurs propres instruments dans l’ode à Hachem. Si ce n’est pas ce que nous voulons, alors nous ne voulons pas vraiment de Machia'h.  Au moment de la réaction de cet article, le gouvernement israélien a annoncé le début de la seconde vague. Nous ignorons encore les répercussions, mais il est certain que nous devons plus que jamais méditer sur notre mission dans ce monde.