Nous avons été à la rencontre de Rav Chmouel Marciano, nommé il y a quelques années conseiller municipal à la mairie de Jérusalem, dont l’action consiste à aider la communauté francophone de la capitale.

Rav Chmouel Marciano, bonjour. Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Bonjour. J’ai grandi dans une famille orthodoxe et ai obtenu mon bac à Merkaz Hatorah au Raincy. J’ai ensuite fait mon ‘Alya pour étudier à la Yéchivat Beth Halévy du Rav Avi Bloch. Après mon mariage, j’ai étudié au Kollel pendant 9 ans, au cours desquels j’ai obtenu mon diplôme de Mohel. J’ai ensuite créé l’association Darké Eliyahou, qui vient en aide aux francophones de Jérusalem sur divers plans (aide pour les fêtes, Gma’him, etc.) puis, suite au meurtre de mon meilleur ami Jonathan Sandler, nous avons créé avec son épouse le Beth Sandler, un Kollel de Halakha accueillant quelques 20 Avrékhim duquel j’ai pris la tête depuis quelques années. Parallèlement, j’ai aussi rédigé deux ouvrages en français : 120 Questions pour vivre la Cacheroute et 120 Questions pour vivre la Mila.

Un emploi du temps fort chargé… Comment vous êtes-vous retrouvé à occuper en plus le poste de conseiller municipal à la mairie de Jérusalem ?

En 2017, j’ai reçu l’appel du Rav Aryé Dérhy, actuel ministre de l’Intérieur, qui avait entendu parler de mes activités et qui me proposait l’un des deux sièges vacants de Chass à la mairie. Bien qu’il s’agisse d’un poste bénévole (les conseillers municipaux n’étant pas rémunérés en Israël), je l’ai accepté car j’y ai vu l’occasion de poursuivre mes actions en faveur de la communauté francophone, à plus grande échelle cette fois. Pour Rav Aryé Dérhy, il devenait urgent que les Francophones, qui sont de plus en plus nombreux en Israël, soient enfin dignement représentés à la mairie de Jérusalem.

Jusqu’alors, on ignorait à la municipalité les difficultés rencontrées par les Français ?

Hélas oui. Contrairement aux immigrants de Russie par exemple, qui bénéficient de certains avantages du fait que les autorités sont conscientes de leur situation, les Français quant à eux, continuent curieusement d’avoir la réputation de gens « aisés » qui n’ont pas besoin d’aide. C’est ainsi que face à la mairie par exemple, ils se heurtaient à l’incompréhension et à l’indifférence de certains employés. Or plusieurs cas graves de familles en détresse sont arrivés à la connaissance des responsables municipaux et ont eu pour effet de leur faire prendre conscience de la nécessité de se pencher sur le cas de cette communauté de plus en plus nombreuse.

Concrètement, en quoi consiste votre travail ?

Je travaille sur deux pôles : le premier consiste en l’aide concrète apportée aux gens dans leurs démarches face à la mairie ; le second concerne la mise en place de dispositifs visant à faciliter ces démarches à la base, afin d’éviter justement de se retrouver dans des situations inextricables (amendes élevées, procédures de saisie etc.) Nous travaillons ainsi à la création d’un site internet entièrement en français qui facilitera grandement ces démarches. J’ai également fait traduire les documents relatifs aux demandes de réduction d’Arnona que les Français ne comprenaient pas, ce qui entrainait toutes sortes de problèmes.

Vous parlez d’aide concrète. Tout le monde peut s’adresser à vous à la mairie et espérer obtenir de l’aide ?

En effet. Dès lors qu’une personne se retrouve en proie à des problèmes face aux employés de la mairie, que sa demande de réduction met trop de temps à être traitée ou qu’elle souhaite inscrire ses enfants dans un Gan spécifique, alors j’essaye d’intervenir personnellement pour faire avancer les choses. Il suffit pour cela de contacter mon secrétaire, Avi Haddad au +972 54-208-6865 ou par mail à l’adresse : [email protected]. Mais il faut bien comprendre que je ne suis pas un magicien devant lequel toutes les portes s’ouvrent ! Il est certain qu’un conseiller municipal possède tout de même un certain poids ; je fais donc ma Hichtadlout en plaidant la cause de ceux qui me sollicitent. Je fais valoir leur manque de maitrise de l’hébreu, leurs difficultés en tant que nouveaux immigrants etc. Grâce à D.ieu, nous avons déjà traité avec succès des centaines de demandes.

Un exemple ?

Dès mon arrivée à la mairie, j’ai été contacté par un Français qui venait de faire son ‘Alya et avait acheté un appartement avec balcon à Jérusalem. Il souhaitait fermer ce balcon ; or quelques jours après avoir commencé les travaux, un agent de la mairie l’informa du fait que… ce balcon avait été construit illégalement par le précédent propriétaire et il lui délivra un ordre de destruction qui devait être mis en application deux jours plus tard ! Paniqué, il a fait appel à moi et je suis intervenu auprès du service en question : l’ordre fut annulé et il put poursuivre ses travaux, sous certaines conditions toutefois.

Des projets ?

Dès mon arrivée, j’ai commencé à venir à la rencontre des communautés francophones de Jérusalem en organisant des soirées d’information. Nous avons ainsi rencontré les Français de Baka’ et de Har ‘Homa et écouté leurs besoins. Avec l’actualité due à la pandémie, c’est devenu difficile de poursuivre, mais nous souhaitons nous rendre dans tous les quartiers à forte présence française. J’ignore pour l’heure ce que l’avenir nous réserve mais j’espère mettre en place une vraie dynamique de compréhension des besoins de notre communauté.