Hiloula du Rav Chmouel Azimov, de mémoire bénie. L'équipe Torah-Box trouve là une bonne occasion de rendre hommage, à ce grand homme de Torah et d'amour du prochain qu'était ce leader du mouvement Loubavitch à Paris. Combien de flammes a-t-il allumé dans le cœur des juifs de France, et combien de leçons devons-nous apprendre de cette vie exemplaire.

Rav Chmouel Azimov, directeur du mouvement ‘Habad-Loubavitch à Paris, est décédé le 6 novembre 2014 au matin, d'un accident vasculaire cérébral. Rav Azimov est à l'origine de la création de plus de trois douzaines de communautés, mais on se souviendra aussi de lui pour la qualité des relations personnelles qu'il a su tisser avec des milliers de personnes qui le considéraient comme leur mentor personnel.

Rav Azimov, connu par tous comme "Reb Moulé", est né en Union soviétique de Rav Haïm Hillel et de son épouse Risha. Ses parents ont passé clandestinement le Rideau de fer avec des réfugiés de Pologne après la Seconde Guerre mondiale et se sont installés à Paris, où son père a dirigé l'école ‘Habad de la ville depuis plus de trente ans.

En 1964, encore étudiant à la Yéchiva ‘Habad de Brunoy, il a commencé à organiser des activités pour mobiliser la jeunesse juive de la région parisienne. Il a organisé des cours de Torah pour les étudiants, et a pris des dispositions qui leur permettaient de passer le week-end à la Yéchiva et d'avoir ainsi une expérience immersive de Chabbath. Peu de temps après, il s’est rendu à New York pour sa première audience privée avec le Rabbi de Loubavitch, Rabbi Menachem Mendel Schneerson, de mémoire bénie.

 « J'étais l'un des trois garçons qui étaient internes à la Yéchiva de Brunoy. Au retour de ma première visite au Rabbi, nous trois avons été invités à commencer nos activités en qualité d’émissaires à Paris tout en continuant nos études à la Yéchiva. Ainsi, chaque Chabbath, nous retournions à Paris. Il y avait alors beaucoup d'enfants de survivants de l'Holocauste qui étaient assimilés. Mais nous avons réussi à en toucher certains, nous avons commencé à étudier avec eux, à leur enseigner, et finalement ils nous ont rejoints à la Yéchiva de Brunoy  », a-t-il rappelé dans une interview à Loubavitch International.

En 1968, il épousa Bassie Chemtov, la fille du très actif Rab BenTsion Chemtov, Chalia'h (émissaire) ‘Habad à Londres et lui aussi engagé dans les activités de Paris. Peu de temps après son mariage à New York, sous la direction du Rabbi, Rav Azimov s'installe à Paris et commence son œuvre dans la ville. Au début, il s'adressa aux étudiants juifs dans les universités. Sa femme a elle aussi entamé une série de programmes éducatifs et sociaux pour les familles parisiennes.

Parmi ces étudiants universitaires, un groupe de base a formé un noyau assidu à ses cours. Ils sont devenus les membres fondateurs de la communauté ‘Habad à Paris, ce qui fut un accomplissement de la réponse du Rabbi quand Rav Azimov avait demandé que des émissaires ‘Habad supplémentaires soient envoyés à Paris : « Vous allez leur enseigner et ils deviendront des leaders. »

C'est de cette façon que le Rav Azimov a transformé la présence ‘Habad à Paris et dans sa banlieue, en encourageant ceux qui approfondissaient leur  judaïsme à devenir des leaders dans leur communauté, tout en continuant à vaquer à leurs occupations durant la journée. « Pour moi, déménager a signifié me déplacer de Paris à Fontenay-sous-Bois pour ouvrir un Beth Loubavitch, tout en continuant à être un médecin à plein temps », témoigne le rabbin Dr Daniel Danan. « Ce n'est que grâce à la forte influence de Rav Azimov sur nous que tout cela s'est révélé possible. »

Rav Azimov n'a pas édulcoré la chaleur et la profondeur des enseignements de ‘Habad. Il entraînait des classes entières et leur insufflait un esprit hassidique authentique, tout en encourageant ses élèves à se concentrer vers une plus grande croissance spirituelle, vers l'étude de la Torah et l'engagement juif.

« Rien ne peut se comparer à la présence de Rav Azimov. Il ne parlait jamais de lui-même, il était toujours préoccupé de D.ieu et de la Thora. Il m'était indispensable de m'entretenir avec lui au moins une fois par semaine » continue Danan.

Le Rav Azimov a développé des communautés juives dans la banlieue parisienne, a formé et coaché quelque 200 émissaires ‘Habad qui ont servi dans divers lieux et fonctions. Dans son interview de 2012, un journaliste l'a interrogé sur son style de leadership : « Quand je  connais mes élèves, je ressens la façon dont chacun d'entre eux peut optimiser ses atouts. Cela permet de savoir ce que chacun veut atteindre dans sa mission. Il est important de savoir quelles sont les responsabilités appropriées pour chacun. »

Il a humblement reconnu que lorsque les choses ne fonctionnaient pas comme il l’avait prévu, il essayait de réorienter l'émissaire avec délicatesse vers une autre position, plus appropriée à son profil. « Il y a assez de travail pour tout le monde ici, de sorte que si quelqu'un ne s'adapte pas bien dans un domaine, il peut se tourner vers autre chose. »

Rav Azimov a bâti un système éducatif qui compte aujourd'hui plus de 2000 inscrits à Paris. Pendant de nombreuses années, il a enseigné à mi-temps à l'école ‘Habad, tout en supervisant l'énorme infrastructure ‘Habad à Paris le reste de son temps. Il a notamment organisé des livraisons de nourriture Cachère pour les enfants juifs dans les écoles publiques et privées de Paris.

Interrogée par un journaliste sur ce qui faisait la clé du succès de son époux, sa femme a dit : « Il ne transige pas sur l'enseignement du judaïsme. Il n'abandonne jamais un dessein ou une personne. Il n'y a rien qu'il ressente comme étant inférieur à sa dignité, il s'occupe de tout ce qui est nécessaire. S'il y a un besoin d'enseignant de maternelle, il fait la classe aux tout-petits. Si quelqu'un a besoin d'une visite à domicile même pour une réponse à une question simple, pour apposer une Mézouza ou quelque chose dans le même esprit, il est plus qu'heureux d'y aller. »

Mais le Rav Azimov avait une autre vision sur l'essor phénoménal de la vie juive à Paris. Selon ses dires, « Le succès ici est le fruit d'une certaine philosophie. Notre objectif est de sensibiliser chaque individu sur le plan personnel. Peu importe qu'il soit un enfant, un étudiant d'université ou un médecin, on accorde toute notre patience et un dévouement complet à cette personne. »

Merci à Ami Fedida