Parmi les différents événements qui composent la Paracha de cette semaine, nous aimerions nous arrêter sur la figure de la matriarche Rachel.

Elle est restée dans notre tradition un personnage particulièrement attachant pour le peuple Juif, elle incarne la figure maternelle par excellence pour l’ensemble des générations et représente la meilleure avocate des enfants d’Israël. Aussi, à notre époque, les femmes et les hommes se pressent près de son tombeau afin de prier pour qu’elle intercède en leur faveur auprès de Hakadoch Baroukh Hou.

Comme nous le voyons dans notre Paracha, elle a été enterrée « sur la route », sur « le chemin d’Ephrat » (Gen. 35.19). Plus tard, dans la Paracha de Vayé’hi, Jacob expliquera à Joseph la raison de ce lieu en ces termes : « Mais sache que c’est sur ordre divin que je l’ai enterrée à cet endroit, afin qu’elle vienne au secours de ses descendants lorsque Nevouzaradan les enverra en exil et qu’ils passeront près de son tombeau (Pessikta Rabbati 3). Ra‘hel sortira alors de sa sépulture et elle implorera pour eux, en pleurant, la miséricorde divine, ainsi qu’il est écrit : « une voix est entendue à Rama... ». (Yirmiya 31, 14). Et le Saint béni soit-Il répondra : « ton acte aura sa récompense, parole d'Hachem, et tes enfants retourneront dans leur frontière » (versets 15 et 16). » (Rachi, Gen. 48.7)

La vie de Rachel fut courte mais particulièrement intense, « remplie de passion et de combats, marquée d’une abnégation et d’un dévouement comme rarement l’histoire des hommes en a enregistrés » (Rav. E. Munk). Et de fait, en dépit de sa belle rencontre avec Jacob, elle acceptera de laisser sa place à sa sœur aînée Léa le jour des noces. Elle lui transmettra même les signes de reconnaissance secrets que Jacob et elle avait partagés afin qu’elle ne soit pas humiliée. Après son mariage, elle fut confrontée, à l’instar des autres matriarches, à une longue période de stérilité. Mais ses « prières multiples » et sa piété, sa grandeur d’âme et sa générosité parvinrent à changer la nature, à mettre un terme à sa stérilité et lui donner la possibilité d’enfanter deux garçons : Yossef et Binyamin.

L’ensemble de ces mérites, la force de sa prière sont gravés pour l’éternité dans le souvenir des Bné Israël qui continuent à notre époque toujours de recourir à son souvenir pour obtenir tout type de délivrance.

De même qu’elle a prié pour les Bné Israël lorsqu’ils sont partis en exil et qu’ils sont passés près de sa tombe, de même ce sera Rachel qui accueillera la première le retour des exilés, le retour de l’ensemble de ses enfants, lors de la venue du Machia'h et qui priera à nouveau l’Eternel en leur faveur.

A travers Rachel, nous mesurons combien les femmes du peuple d’Israël sont vertueuses, et combien leur contribution au peuple d’Israël est unique et spécifique.

A cet égard, nous pouvons mentionner cette déclaration des Sages du Talmud « l’Eternel a donné une compréhension supplémentaire « Bina Yétéra » aux femmes par rapport aux hommes » (Nidda 45b). Comme nous le voyons par ailleurs, les Sages du Talmud reconnaissent aux femmes une perspicacité particulière qui leur permet notamment de déceler rapidement la vérité du mensonge, de comprendre l’intériorité d’un homme, son authenticité.

C’est ainsi que dans le Traité Brakhot du Talmud (page 10b), les femmes sont réputées être expertes pour comprendre le caractère de leurs invités et leurs qualités morales.

La Torah distingue différentes sortes d’intelligence : le Da’at (la connaissance), la ‘Hokhma (la sagesse), ou encore la bina. C’est cette dernière forme d’intelligence qui semble être particulièrement l’apanage des femmes. Selon nos Sages, elle est liée à la « Hargachat Halev » « les sentiments du cœur » (Rav Y. Kamenetsky, rapporté par Rav Rozenberg) qui permet de percevoir la réalité sous un angle particulier, au-delà des calculs de la raison. La psychologie moderne évoquerait probablement « l’intelligence émotionnelle ».

Nos maîtres nous indiquent également que cette forme d’intelligence permet de développer naturellement une approche spirituelle de la vie. Voilà pourquoi, les femmes du peuple juif, les mères, les grands-mères se sont souvent caractérisées par une très grande Emouna (foi) dans la providence divine. Bien qu’elles n’aient souvent pas les mêmes connaissances théoriques que les hommes, elles savent s’adresser à D.ieu, elles savent prier, et elles savent vivre avec l’Eternel au quotidien. Cette foi leur donne une force toute particulière, susceptible de rassurer leurs proches, de bâtir leurs foyers et de transmettre l’amour de la Torah.

Mentionnons également cette histoire du Talmud, rapportant le mérite de l’épouse de Abba 'Hilkiya. Ce dernier avait été sollicité par les Sages d’Israël pour prier en faveur du peuple afin que la pluie tombe sur la terre d’Israël. Il monta s’isoler avec son épouse sur leur terrasse et tous deux se mirent à prier.  Rapidement des nuages se sont accumulés près de son épouse et la pluie tomba. Elle avait donc été exaucée avant lui. Le Tsadik expliqua ce mérite de la manière suivante : « Parce que ma femme est souvent à la maison, qu'elle donne du pain aux pauvres et que, par conséquent, son aide aux nécessiteux est immédiate […] En conséquence, ses prières sont exaucées sans délai. Pour ma part, je donne de l'argent aux pauvres et, par conséquent, le bénéfice de mon don n'est pas immédiat. Pa ailleurs, ses prières ont peut-être été exaucées en premier parce que lorsque certains brigands vivaient dans notre quartier, j'ai prié pour qu'ils meurent, mais elle a prié pour qu'ils se repentent. Et en effet, ils se sont repentis » (Ta'anit 23b).

Ces éléments sont une goutte d’eau dans l’océan des textes qui décrivent avec force les mérites éminents des femmes. Puisse Hachem leur accorder Sa protection et leur permettre de continuer à bâtir les foyers du peuple Juif dans la sainteté, en restant fidèles à leur vocation d’être chacun une « femme vertueuse », une « Echet ‘Hayil ».