Dans la Paracha de cette semaine, Vayichla’h, nous assistons au retour de Ya’acov Avinou en Eretz Israël. Après plus de vingt ans passés chez Lavan, il rentre enfin avec sa famille et ses richesses à la maison de ses pères.

Seule ombre au tableau, des messagers célestes lui annoncent qu'Essav et son armée sont en chemin pour l'accueillir. Une grande peur s'empare alors de lui. Il prie le Tout-Puissant de le protéger, envoie des cadeaux à son frère afin de le calmer et se prépare à la guerre. Cependant, lors de la nuit qui précède l'affrontement, il se retrouve seul face à l'ange d'Essav. Après avoir lutté jusqu'au petit matin, Ya’acov sort vainqueur et mérite désormais de s'appeler Israël. Le lendemain, à la surprise de tous, Essav tombe dans les bras de son frère et le quitte en bonne intelligence.

Nos Sages soulèvent de nombreuses questions à propos de cet épisode. Premièrement, pourquoi Hachem n'est-Il pas intervenu pour défendre Ya’acov, comme Il le fit contre Pharaon, Avimélekh et Lavan ? Ne pouvait-Il pas simplement envoyer une lèpre virulente à Essav ? Ensuite, pourquoi Ya’acov avait-il eu aussi peur d'Essav ? Hachem ne lui avait-Il pas promis de le protéger ? Enfin, comment Ya’acov avait-il pu se retrouver seul face à l'ange d'Essav ? Où étaient ses enfants, ses serviteurs et ses anges qui l'accompagnaient partout ?

Afin de répondre à ces questions, il faut savoir que la Torah comporte plusieurs niveaux d'interprétation qui commencent au sens littéral, jusqu'à la Kabala, le sens le plus profond. Cet épisode est très difficilement interprétable dans son sens littéral. C'est pourquoi, de nombreux exégètes, dont notamment le rav Menahem Ménaché (que son mérite nous protège), donnent un sens plus profond à ce passage. Et c'est ainsi qu'ils expliquent que cet affrontement entre Ya’acov et l'ange d'Essav représente la nature de notre dernier exil : celui d'Edom (l'occident) dans lequel nous sommes plongés depuis deux mille ans.

Nous voyons dans la Paracha Ya’acov Avinou se battre seul dans la nuit, sans l'aide visible d'Hachem. Cela symbolise notre situation en cette fin des temps. Notre peuple est confronté à sa dernière épreuve, celle de la Emouna, la foi. En effet, nous n'avons ni connu le Beth Hamikdach, ni les miracles visibles effectués par Hachem. Nous sommes orphelins des prophètes et des Tsadikim faiseurs de miracles. Nous traversons en effet cette nuit terrifiante qui effraya tant Ya’acov. Nous nous débattons dans un monde dans lequel Hachem feint de s'être retiré. C'est dans cette atmosphère de doute qu'Amalek, descendant d'Essav, livre toutes ses forces : "D.ieu est mort" cria Nietzsche l'insolent, l'homme descend du singe poursuivit un autre, la Théorie du Bing Bang etc… Chacun met sa pierre à l'édifice pour bâtir la Tour de Babel du vingtième siècle. Même si ces clowns et leurs théories sont enterrés, une trace ineffaçable entache chaque juif. Cette foi transmise de père en fils depuis Moché Rabbénou a été ébranlée. De nombreux juifs doutent désormais de l'existence de D.ieu, malheureusement...

La Torah nous informe qu'à la fin des temps, le conflit entre Ya’acov et son frère n'est plus d'ordre physique mais spirituel. Le monde occidental à l'image d'Edom (autre nom d'Essav) n'est intéressé que par l'assouvissement des plaisirs matériels et corporels. Le rêve américain, devenu universel, est d'être en vacances dans sa deuxième maison, avec sa jolie femme et son chien… Les films et la publicité nous imposent constamment des critères de bonheur et nous font croire que nous vivons une vie sans D.ieu, sans monde futur, sans compte à rendre… Cette bataille de Ya’acov est celle de chaque juif à notre époque. Nous devons nous attacher à la foi de nos pères, à un D.ieu qui a créé le monde afin de Le servir, et qui nous a sortis d'Egypte pour nous sanctifier par Sa Torah et effectuer Ses Mitsvot comme des enfants écoutent et obéissent à leur père.

Nous devons également comprendre que tout ce qui nous arrive provient d'Hachem, qu'Il décide et dirige tout. Il nous faut cesser de croire les informations qui disent que le monde est entre les mains des politiciens et des hommes d'affaires. Hachem n'a-t-Il pas prouvé que même les plus puissants n'étaient que des pantins ? N'a-t-Il pas paralysé New York avec un ouragan ? N'a-t-Il pas fait trembler le Japon avec un tsunami ? Les économies européennes ne savent plus comment relever la tête ! Même si nous avons été élevés dans la technologie, les sciences et la philosophie, nous devons nous attacher à la simple croyance que rien n'existe hors d'Hachem. Car si nous tenons jusqu'au petit matin, comme le fit Israël notre père, alors nous verrons aussi Essav se précipiter vers nous et nous embrasser. Et nous assisterons à la reconnaissance universelle du peuple juif en tant que peuple élu. Toutes les nations se plieront devant Machia’h Tsidkénou et nous vivrons une vie de paix et de bonheur éternels.

Alors, affrontons ce défi et inspirons- nous de Ya’acov Avinou.
Accrochons-nous de toutes nos forces à la Torah, aux Mitsvot et à nos Sages afin de mériter la délivrance finale très rapidement.