La Paracha de cette semaine poursuit en l'approfondissant la législation donnée la semaine dernière au peuple Juif. Nos Sages, et notamment Rachi, soulignent que le texte commence par les mots suivants : “Et voici les lois…” afin de rappeler aux hommes, grâce à la conjonction de coordination “Et”, que les dispositions exposées cette semaine relatives notamment aux relations entre l’homme et son prochain ont la même valeur que celles qui les précédaient, c’est-à-dire les 10 paroles énoncées au Mont Sinaï.

Les hommes sont ainsi avertis que l’Eternel est aussi attentif aux règles relatives aux relations entre l’homme et son prochain qu’à celles relatives à la relation de l’homme à D.ieu.

C’est ainsi que la Paracha de cette semaine va exposer les nombreuses règles qui doivent présider aux relations entre les hommes. L’homme doit s’abstenir de la médisance, il doit porter secours à son prochain, l’aider à ne pas “tomber”, restituer les objets perdus. Notre texte mentionne également cette fameuse loi qui impose à un homme d’aider son prochain à relever son âne si ce dernier est tombé sous le poids de sa charge, et nos Sages de préciser que si l’homme a en face de lui l’âne de son ami et l’âne de son ennemi confrontés à la même situation, il doit aider en priorité son ennemi. En effet, la Torah souhaite faire échec au “Yétser Hara’” (le mauvais penchant) qui se réjouirait de voir la mauvaise fortune d’un “ennemi”.

A la lecture de cette Paracha et des nombreuses règles qui y sont mentionnées, nous mesurons la grande exigence que porte la Torah au raffinement des “Midot”, des qualités humaines des hommes. Ce travail n’est pas confié au bon sens des hommes, il ne relève pas d’une “prédisposition naturelle” des hommes qui les inciterait spontanément à être bons et à se comporter d’une manière vertueuse. La Torah semble souligner combien cette quête de de la vertu est délicate, et combien les écueils peuvent être nombreux.

Les Sages du Talmud se sont également penchés sur cette question à de nombreuses reprises, et notamment dans un passage étudié cette semaine dans le Daf Hayomi (étude quotidienne d’une page de Talmud).

Nos Maîtres nous expliquent ainsi qu’un Talmid 'Hakham (un Sage) doit être attentif en particulier à six attitudes inconvenantes : ne pas se parfumer pour sortir en public ; ne pas sortir seul la nuit ; ne pas porter de chaussures rapiécées ; ne pas parler avec une femme au marché ; ne pas multiplier les réunions avec les personnes peu raffinées ; ne pas être le dernier à entrer dans le Beth Hamidrach. Certains ajoutent même qu’un Sage doit être vigilant à ne pas “marcher” vite à grandes enjambées ou encore avec le buste relevé (c’est-à-dire avec arrogance).

Aussi, de même qu’un Talmid 'Hakham se distingue par sa connaissance précise de la Torah, il doit également se démarquer par une image de raffinement et d'excellence dans son comportement personnel.

Lorsque les Sages nous précisent qu’un homme ne doit pas avancer à grandes enjambées, ils veulent probablement nous mettre aussi en garde contre les jugements expéditifs, les attitudes grossières, peu raffinées où l’homme ne prend pas le temps de la réflexion et de la nuance.

De même, lorsque nos Maîtres énoncent qu’un Sage ne doit pas porter des vêtements visiblement détériorés,  ils désignent non seulement les vêtements matériels d’un homme, mais aussi ses vêtements “spirituels” : son comportement, ses pensées, ses paroles qui “enveloppent” la personnalité d’un homme. Il serait inconcevable qu’un Maître en Torah se comporte présente des taches sur ces domaines (manque de pudeur, colère, médisance…), car les hommes auront vite faits d’associer, D.ieu nous en préserve, cette indignité à la Torah elle-même.

Tout comme une tâche est plus prononcée sur un tissu fin et délicat que sur un chiffon, les imperfections de caractère d’un érudit sont également plus visibles car les hommes attendent de ce dernier une attitude exemplaire. Voilà pourquoi, un Talmid 'Hakham (un Sage) doit être vigilant à ne pas sous-estimer l'impact de sa conduite sur les autres.

Précisons toutefois que s’il est vrai que la vocation du Sage, de l’érudit est de tendre vers le perfectionnement constant de ses qualités morales, la vocation de ceux qui le fréquentent est de le juger avec “bienveillance” en comprenant que lui-aussi est un homme tiraillé par un “mauvais penchant” extrêmement fort qui essaie de le faire chuter. S’il lui arrive d’avoir une faiblesse, il faut être capable de lui trouver des circonstances atténuantes, imaginer qu’il a regretté de suite après, comprendre que chaque homme est confronté à ses limites que l’on doit corriger tout au long de sa vie.

Après avoir énoncé solennellement les dix paroles/commandements la semaine dernière au pied du Mont Sinaï, la Torah prend le soin de détailler cette semaine l’ensemble de leurs implications dans les relations entre l’homme et son prochain. Nous mesurons à la lecture de cette Paracha la grande exigence de la Torah sur ce domaine qui à l’ambition de permettre à l’homme de devenir avec l’aide d’Hachem “Tokho Kebaro”, c’est-à-dire d’atteindre la cohérence entre ce qu’il étudie, ce qu’il pense intérieurement, et la manière avec laquelle il agit extérieurement.