« Moché fit assembler toute la communauté des enfants d’Israël, il leur dit : "Celles-là sont les paroles qu’Hachem a ordonné de faire. Pendant six jours sera fait le travail, mais le septième jour sera pour vous sainteté, un Chabbat Chabbaton pour Hachem ; quiconque y fera un travail sera mis à mort." » (Chémot 35,1-2)

La Paracha commence par le rassemblement que fit Moché Rabbénou de tout le peuple pour leur présenter les lois du Michkan. Le mot « Vayakel », utilisé pour parler du rassemblement est très rarement employé dans la Torah. On nous précise ensuite que Moché parla du Chabbath et de l’interdit de faire une Mélakha (activité interdite pendant Chabbath). Le Yalkout Chimoni[1] explique le lien entre le rassemblement et le Chabbath ; Hachem enjoignait à Moché d’enseigner les lois du Chabbath au peuple juif, par groupes. Pourquoi fallait-il établir ce lien précisément avec le Chabbath ?

Le Chabbath est, pour plusieurs raisons, un sujet d’une importance majeure et il convient d’encourager les gens à réviser ses lois. Or, pour les diffuser, il est bien plus efficace de les enseigner en groupes. D’ailleurs, le Michna Béroura rapporte ce massage du Yalkout et souligne l’importance d’enseigner ces lois durant la Sé'ouda Chélichit, quand les gens avaient l’habitude de se réunir et de manger tous ensemble. Il ajoute que telle n’était pas l’habitude à son époque[2]. Essayons de comprendre pourquoi la Torah insista pour enseigner précisément les lois du Chabbath.

Dans son introduction au troisième volume du Michna Béroura qui parle du Chabbath, le ’Hafets ’Haïm rapporte plusieurs raisons expliquant la nécessité d’étudier les lois relatives au Chabbath. Tout d’abord, le fait de transgresser le Chabbath en public est puni très sévèrement (du temps du Sanhédrin, c’était punissable de la peine de mort la plus sévère[3]). En outre, seuls deux interdits font de celui qui les commet, un Moumar Lékol Hatorah (qui renie toute la Torah), ce qui a de graves conséquences sur son statut halakhique ; l’idolâtrie et la profanation du Chabbath en public.

Par ailleurs, ’Hazal chantent les louanges de celui qui respecte le Chabbath. La Guémara[4] affirme que celui qui respecte bien le Chabbath est pardonné de toutes ses fautes. De plus, le Chabbath est décrit comme l’équivalent de toutes les autres Mitsvot, au point que celui qui le respecte est considéré comme s’il avait respecté toute la Torah.[5]

Le ‘Hafets ‘Haïm explique ensuite que le Chabbath est un fondement de notre Émouna, de notre foi en Hachem, parce qu’il montre notre croyance en la Création du monde par D.ieu. Ainsi, celui qui profane le Chabbath est considéré comme s’il reniait toute la Torah, puisqu’il montre qu’il ne croit pas vraiment en la Création divine du monde.

Il cite ensuite un verset de Michlé : « Connaitre la sagesse et le Moussar (la morale) »[6], ainsi que le Midrach qui déduit de ce verset que celui qui a de la sagesse peut apprendre le Moussar, mais celui qui en est dépourvu ne peut pas apprendre le Moussar. Dans cet ordre d’idées, on peut affirmer que même si l’on comprend toutes les belles idées concernant le Chabbat (le côté « Moussar »), on ne pourra toujours pas le respecter correctement, si l’on ne connait pas les nombreuses Halakhot (la sagesse) à apprendre pour ne pas transgresser involontairement un interdit – de la Torah ou dicté par nos Sages.

Si l’on n’étudie pas les lois relatives au respect du Chabbat, il est impossible de connaître tous les cas où l’on risque un ’Hiloul Chabbath. Par exemple, il n’est pas rare de voir des gens mettre un peu d’eau sur un vêtement taché. D’après tous les avis, il s’agit d’un interdit de la Torah. Aussi, il est interdit de demander à un non-juif d’effectuer une Mélakha pour un Juif pendant Chabbat. Celui qui n’a jamais appris cette règle risque de penser que c’est autorisé. Et, comme le souligne le ’Hafets ’Haïm, si l’on connait les détails des lois, on pourra sortir de situations délicates de façon permise. Par exemple, si l’on ne connait pas les lois de Mélekhet Lach (pétrir), on aura peur de mélanger différents aliments, tandis que si l’on a appris les Halakhot, on saura dans quelles conditions ceci est permis.

Comment peut-on apprendre toutes ces lois concernant le Chabbat ? Le Michna Béroura fut rédigé pour permettre aux gens d’étudier les lois de base, avec clarté. Mais la plupart des gens ont du mal à connaitre la Halakha dans un cas pratique, en ayant seulement étudié le Michna Béroura. Il existe plusieurs ouvrages en français, accessibles, faciles à comprendre, et actuels, qui peuvent aider à atteindre cet objectif.

 

 

[1] Le Yalkout ajoute que le peuple doit également se rassembler pour apprendre d’autres lois, surtout celles de Pessa’h. Voir l’explication du Ktav Sofer à ce sujet.

[2] Michna Béroura, vol. 3, Siman 290, S.k.6

[3] Même du temps du Sanhédrin, la peine de mort n’était presque jamais appliquée, car de nombreuses conditions doivent être remplies. De plus, la sanction n’était donnée qu’à celui qui comprenait la Torah et le sens du Chabbath et qui le profanait en public, malgré tout. Celui qui transgresse le Chabbath involontairement devait apporter un sacrifice, sans autre sanction. De nos jours, les gens qui n’ont pas étudié la Torah sont considérés par les décisionnaires, comme des fauteurs involontaires.

[4] Chabbath 118b.

[5] Voir Chémot Raba 25,12.

[6] Michlé 1,2.