Dans la parachat Vayakhel (35, 3), il est écrit : "Vous ne ferez point de feu dans aucune de vos demeures en ce jour de repos".

On raconte qu’à l’époque du ’Hafets ’Haïm, un jeune homme fut surpris en train de fumer le jour du Chabbat. Cet incident provoqua un grand remous car rares étaient ceux qui osaient profaner le Chabbat de la sorte. On consulta donc le maître de Radin pour connaître l’attitude à adopter face à ce comportement : fallait-il renvoyer le jeune homme de la yéchiva ou lui accorda une seconde chance ? Pour toute réponse, le ’Hafets ’Haïm invita ce dernier à lui rendre visite. Après quelques minutes d’entretien, le jeune homme sortit de la pièce, les yeux rougis par les larmes et le cœur lourd de remords. Mais personne ne sut ce qui avait été dit durant cette conversation, et la question resta en suspens pendant longtemps.

Des dizaines d’années plus tard, un Rav important raconta cet incident durant un discours et conclut en soupirant : « Quel dommage que nous n’ayons pas cherché à savoir ce que le ’Hafets ’Haïm avait dit à ce jeune homme ! Nous aurions pu transmettre ce message à d’autres personnes se trouvant dans le même cas ! »

Après la conférence, l’assemblée se dispersa, à l’exception d’un homme âgé qui était affalé sur son siège. Pensant qu’il s’était assoupi, l’orateur s’approcha de lui pour le réveiller, mais à sa surprise, il constata qu’il s’était évanoui. Sans plus attendre, il aspergea son visage d’eau et resta à ses côtés jusqu’à ce qu’il retrouve ses esprits.

« Pourquoi ce malaise ? s’enquit le Rav une fois le vieil homme remis de ses émotions. Souffrez-vous d’un quelconque problème de santé ?

— Non, répondit-il. Ce sont vos paroles qui m’ont mis dans cet état. Voyez-vous, ce jeune homme que vous avez évoqué

dans votre discours, c’était moi ! »

Stupéfait par cette « coïncidence », le Rav pria le vieil homme de lui révéler la teneur de sa conversation avec le maître de Radin.

« Quand je suis entré chez le ’Hafets ’Haïm, confia l’homme, il a pris ma main et l’a serrée tendrement entre les siennes. Puis il m’a observé avec un regard plein de bonté et d’amour et s’est écrié en pleurant : "Shabbos... Heilige Shabbos !" (Chabbat, saint Chabbat). Il a sangloté ainsi durant dix minutes.... Mon cœur s’est mis à battre et j’ai senti comme une onde de sainteté traverser mon corps. Eclatant en sanglots, j’ai regretté du plus profond de mon cœur la faute que j’avais commise et pris sur moi de ne jamais plus transgresser le Chabbat. »

Et le vieil homme de conclure : « Lorsque vous avez évoqué cet incident, je me suis souvenu de cet entretien inoubliable et l’émotion m’a tant submergé que j’en ai perdu connaissance » (Néïmot Netsa’h du Rav Yaacov Chiknazi chlita).