La paracha Behar traite de la mitsva de la chémita. Cette mitsva, consiste à laisser (en  érets Israël) la terre se reposer une fois tous les sept ans, c'est-à-dire qu'il est interdit d'y effectuer les travaux agricoles. Le propriétaire doit aussi retirer sa propriété des fruits de sa récolte, et permettre leur consommation à tout celui qui le désire.

De nombreuses raisons ont été données pour expliquer le sens de cette mitsva. L’idée générale est de renforcer la foi et de savoir que même lorsque nous devons travailler pour vivre, il ne faut pas oublier qu’en réalité, c’est Hachem qui nous envoie la subsistance. La Torah promet donc à ceux qui respecteront cette année de chémita, qu’ils verront la Main d’Hachem. Ils auront de quoi vivre durant toute cette année et cela les aidera à se souvenir que même lorsque l’on travail, c’est en réalité Hachem qui nous nourrit !

Puis, la Torah continue par ce verset : « Lorsque ton frère va s’affaiblir… tu le soutiendras… ». Rachi commente que lorsque c’est possible, la Torah nous appelle à soutenir nos frères avant qu’ils ne deviennent pauvres. Fais en sorte de l’aider avant que ton aide lui devienne indispensable !

Le Imré Yossef explique au nom du Maguid de Douvna, la juxtaposition de ces deux mitsvot :

Il existe deux sortes de personnes. Celles qui craignent toujours de l’avenir et travaillent sans cesse pour avoir encore et encore de l’argent. D’autres, qui sont confiantes et qui vivent "au jour le jour".

Le comble, c’est qu’il peut arriver qu’un pauvre vienne chez une personne de la première catégorie, et que cette dernière refuse de l’aider (en argumentant que le pauvre a de quoi vivre quelques jours). Le riche expliquera alors au pauvre qu’il doit être confiant en Hachem, et que grâce à D’, il a déjà de quoi manger pour aujourd’hui et demain (!) etc.

Mais la Torah nous enseigne que c’est l’inverse qu’il faut faire :

Lorsqu’il s’agit de nous même, il est nécessaire de cultiver notre émouna, notre foi en Hachem. Il n’y pas besoin de courir après les richesses, surtout si cela risque de diminuer notre service divin, ‘Has véchalom.

Cependant, ce devoir ne doit pas être utilisé pour notre prochain. Si l’on aperçoit que ce dernier risque de s’effondrer, on ne peut se réfugier derrière notre foi. Il est nécessaire de s’inquiéter sur le sort du prochain et de le sortir de tout risque de faire faillite, même si actuellement il a de quoi vivre !

Le tsadik rabbi Réphaël Baroukh Tolédano nous a donné l’exemple. En effet, dans la ville du tsadik, à Mekhnès, il y avait deux dentistes. Un qui était de bonne réputation, et le second qui était, disons, un peu moins bon.

Et voici qu’un matin, le rav eut besoin d’aller chez le dentiste. Il alla voir le dentiste de second choix, s’appuyant sur sa foi inébranlable. L’après-midi même, un homme vint trouver le rav et lui raconta ses difficultés. Il lui raconta également qu’il avait besoin d’aller chez le dentiste, mais qu’il ne pouvait pas, faute de moyens…

Immédiatement, le rav se leva et alla chercher de l’argent pour que cet homme puisse recevoir les soins nécessaires. Sans hésiter, le rav lui donna la somme qu’il fallait pour aller chez le meilleur des deux dentistes ! Car, lorsqu’il s’agissait des autres, le rav ne voulait pas se servir de la émouna ! Le rav savait qu’à ces moments, Hachem veut nous donner le mérite de faire le plus possible !

Prions de tout notre cœur qu’Hachem nous donne ces deux qualités : avoir une entière confiance en Lui, et en même temps, lorsqu’il faut aider les autres, pouvoir le faire de toutes nos forces !

En ces jours qui précèdent Chavou’ot, la fête du don de la Torah, essayons avec encore plus de forces d’améliorer nos traits de caractères et notre amour de la Torah. Ainsi, nous pourrons recevoir durant la fête, une aide providentielle particulière pour servir Hachem tous les jours de notre vie, amen !


Rav Emmanuel Mimran