Chalom Ouvrakha,
Doit-on arrêter d'étudier lorsqu'on manque de Sim'ha ? Non, absolument pas [je crois savoir d’où vient cette erreur].
Aucune source de nos Sages ne dit qu'une personne doit arrêter d'étudier parce qu'elle n'a pas de Sim'ha. Au contraire, la Torah soutient dans les moments difficiles.
Les textes qui parlent de Sim'ha Chel Mitsva expliquent simplement que lorsqu'une Mitsva se fait avec joie, elle est plus complète, et il en est de même pour l'étude de la Torah (préface du Iglé Tal).
Aucune condition d'humeur n'est requise pour l'obligation d'étudier. [Rambam, Hilkhoth Talmud Torah 3, 6] La Mitsva d'étudier ne cesse jamais, selon ses forces et capacités. [Choul'han 'Aroukh Yore Dé'a 246] Même si l'homme ne ressent rien, l'étude agit et compte. [Rav 'Haïm de Volozhin, Néfech Ha'haïm IV]
Nos Sages connaissaient l'âme humaine et savaient qu'on peut être fatigué, tendu, morose ou inquiet. Ils n’ont jamais exigé un état émotionnel particulier pour étudier.
Conclusion : une personne qui n'a pas de Sim'ha n'est pas dispensée d'étudier.
La Sim'ha dans la Torah n'est pas un état d'excitation, mais la certitude d'être dans la bonne direction. [Metsoudat David, Michlé 15-30 et autres]
Si vous ressentez une tristesse chronique, ce n'est pas une faute et cela ne vous disqualifie pas de l'étude. Votre obligation est d'étudier selon vos forces réelles, pas plus.
Existe-t-il une « recette » pour forcer la Sim'ha ? Forcer non, mais créer un terrain favorable, oui. Voici quelques conseils :
1. Étudier un sujet qui vous fait du bien ['Avoda Zara 19a].
2. Parfois, la tristesse elle-même donne une grande Torah. La Sim'ha peut venir plus tard, en adaptant l'étude à votre personnalité. [Ran sur Nedarim 81a]
3. Choisir un traité, un commentaire ou un sujet qui vous « parle » : selon le Pa'had Its'hak, la Sim'ha dans la Torah vient beaucoup de la compréhension ; chaque petite réussite crée une étincelle.
4. Étudier avec quelqu'un qui vous élève : la Guémara Ta'anit 7a, enseigne qu'une bonne 'Havrouta donne un feu intérieur et établit les paroles de Torah.
5. Adaptater la méthode d'étude : parfois, la technique est trop lourde ou stérile (Michné Halakhot 8, 247).
6. Se concentrer sur les réussites et non sur les lacunes (Vayachev Hayam tome 3 siman 19).
7. Réduire légèrement plutôt qu'arrêter : même 15 minutes bien faites valent énormément.
8. Un peu de conversation et de joie : Avot 6:5 – la Torah s'acquiert avec « Mi'out Si'ha ». Rav 'Haïm Kanievsky [Or'hot Yocher 11, 2], citant le Gaon de Vilna, recommande de parler un peu, et on pourrait rajouter de aussi rire dans la journée (Avot 3, 12 et Ben Porat Yossef, Parachat Toledot).
Comment régler le problème à la base ?
Rav 'Haïm Vital (Cha'ar Hakédoucha) explique que la tristesse provient du Yessod Ha'afar – le fondement de poussière – puis de la paresse et du désespoir. La solution :
- avoir une foi complète que ce que le Saint, béni soit-Il, donne exactement ce qu'on doit avoir, ni plus ni moins.
- l'homme riche est celui qui est heureux de ce qu'il possède.
Exercice pratique : commencer la journée par une ou deux bénédictions avec ferveur et joie, par exemple :
« Ché'assa Li Lol Tsorki » – qui m'a donné tout ce dont j'ai besoin
« Amékhin Mitsadé Gaver » – qui permet à l'homme de marcher
Conclusion :
- Ne pas arrêter d'étudier.
- Étudier à un rythme réaliste et sain.
- Chercher un appui professionnel si la tristesse est lourde.
- La Torah demande seulement d’avancer, même lentement. Avancer malgré la difficulté est parfois plus précieux que tout.
Kol Touv.