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Vente du droit d’aînesse, abus de faiblesse ?

Rédigé le Mercredi 3 Octobre 2018
La question de Sarah A.

Bonjour,

Concernant la vente du droit d’aînesse entre Ya'acov et Essav, comment Ya'acov a-t-il pu proposer un tel marché (un repas contre un droit d’aînesse) ?

N'est-ce pas un abus de faiblesse face à son frère affamé ?

Merci.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40223 réponses

Bonjour,

1. C’est Essav, lui-même, qui a repoussé et dédaigné la Békhora [le droit d’aînesse].

C’est Essav, lui-même, qui a repoussé et dédaigné la Békhora.

Son premier « argument » :

Le droit d’aînesse est une chose instable et qui disparaîtra. Le service au Beth Hamikdach ne sera pas toujours le privilège des premiers-nés car il passera à la tribu de Lévi. D’autre part, il n’en tirera - lui-même - aucun profit de son vivant.

Son second « argument » :

Dans le service du Beth Hamikdach, il y a tant de précautions à prendre, il y a tant de sanctions qui peuvent aller jusqu’à la mort …

Je vais mourir à cause de ce droit d’aînesse. Si c’est ainsi, qu’en ai-je besoin ?

Au moment de la vente, Essav se moqua de la naïveté de Ya’acov Avinou :

« Ce nigaud avait renoncé à un bon repas chaud en échange du droit d’aînesse » qui à cette époque n’a aucune valeur.

Il était ravi d’avoir trompé Ya’acov Avinou dont les seules aspirations étaient d’ordre spirituelles.

Voir Rachi, passage Hiné Anokhi Holekh Lamout sur Béréchit, chapitre 29, verset 32, Rachbam sur Béréchit, chapitre 25, verset 33, Ramban sur Béréchit, chapitre 25, verset 34 et Le Midrash raconte Béréchit, volume 2, page 23.

2. La Torah, elle-même, témoigne de ce qu’Essav pensait du droit d’aînesse

La Torah, elle-même, témoigne de ce qu’Essav pensait du droit d’aînesse :

« Et Ya’acov donna à Essav du pain et un plat de lentilles, il mangea et il but, il se leva et s’en alla ; et Essav dédaigna le droit d’aînesse ».

Voir Béréchit, chapitre 25, verset 34.

3. C’est uniquement lorsque Ya’acov remarqua que la Békhora ne revenait vraiment pas à Essav, qu’il lui proposa la transaction

C’est uniquement lorsque Ya’acov remarqua que la Békhora [le droit d’aînesse] ne revenait vraiment pas à Essav, qu’il lui proposa la transaction.

Voir Rachi, passage Békhoratekha sur Béréchit, chapitre 25, verset 31.

4. Le jour de la vente, Essav prouva de façon éclatante qu’il n’était pas digne du droit d’aînesse

Le jour, même, de la vente, Essav prouva de façon éclatante qu’il n’en était pas digne. Il transgressa 5 des plus graves fautes.

Voir Talmud Baba Batra 16b et Rachi, passage Véhou ‘Ayef sur Béréchit, chapitre 25, verset 29.

5. Hachem abrégea la vie d’Avraham Avinou de 5 années afin qu’il ne voit pas Essav, son petit-fils, prendre le chemin du mal

Ce jour là, Avraham Avinou quitta ce monde. Hachem abrégea sa vie de 5 ans afin qu’il ne voit pas Essav, son petit-fils, prendre le chemin du mal.

Voir Rachi, passage Mine Haadom Haadom sur Béréchit, chapitre 25, verset 30.

6. La réaction d’Essav après la vente

Il rassembla des centaines de personnes et se moqua de Ya’acov Avinou en public :

« J’ai mangé ses lentilles, j’ai bu son vin, je me suis moqué de lui et je lui ai vendu mon droit d’aînesse »

Voir Midrash Hagadol et Torah Chléma sur Béréchit, chapitre 25, verset 34 [passages 216 et 219], Midrash Rabba 63, 14 sur Béréchit et Le Midrash raconte Béréchit, volume 2, pages 22-23.

7. Le plat de lentilles n’était que la conclusion du marché

Le Rachbam, le Radak [Rabbi David Kim’hi], ainsi que d’autres parmi nos maîtres pensent que Ya’acov Avinou a acheté le droit d’aînesse contre une grande somme d’argent - Le plat de lentilles n’était que la conclusion du marché.

Voir Rachbam sur Béréchit, chapitre 25, verset 34, Radak, rapporté par le Ramban sur Béréchit, chapitre 25, verset 32, Sforno sur Béréchit, chapitre 25, verset 33.

8. Ya’acov dit à Essav rendons la vente aussi claire que le jour

Ya’acov dit à Essav rendons la vente aussi réelle et claire que le jour.

Essav accepta et jura.

Voir Béréchit, chapitre 25, versets 31 et 33 ainsi que Rachi, passage Mikhra Kayom sur le verset 31.

9. La vente du droit d’aînesse a été approuvée par Hachem

Hachem affirme : « Israël est mon fils, mon premier-né ».

Voir Chémot, chapitre 4, verset 22.

10. La vente du droit d’aînesse est à l’origine d’une Halakha

La vente du droit d’aînesse est à l’origine d’une Halakha :

Si l’on voit un Séfer Torah ou une Mitsva entre les mains d’un méchant - risquant d’être méprisés - il est permis de tout faire pour leur éviter un manque de respect.

Voir l’opinion de Rabbi Yéhouda ‘Hassid rapportée par Da’at Zekénim sur Béréchit, chapitre 25, verset 34.

Attention avant d’agir dans ce sens, il faut contacter un Rav afin de lui décrire la situation.

Tout n’a pas été à ce sujet.

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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