Chaque mercredi, retrouvez les aventures de Eva, célibattante parisienne de 30 ans… Super carrière, super copines. La vie rêvée ? Pas tant que ça ! Petit à petit, Eva découvre la beauté du judaïsme et se met à dessiner les contours de sa vie. Un changement de vie riche en péripéties… qui l’amèneront plus loin que prévu !

Dans l'épisode précédent : Eva est sur le point de faire son Alyah et dit au revoir à ses proches. Mais surprise… David, son ancien ami, débarque et la supplie de rester en France, en lui annonçant qu’il est amoureux d’elle.

Moi qui ai grandi avec des histoires et des films romantiques, j’avais toujours cru que le jour où j’entendrais les fameux 3 mots magiques, alors ce serait le sommet du bonheur. C’était la première fois qu’on me disait “je t’aime”, mais vraiment, j’étais tout sauf une héroïne de film, parce que là, tout de suite, c’était pas le bonheur !

David venait de me dire qu’il m’aimait et qu’il voulait que je reste à Paris.

- Eva, c’est la vérité, je t’aime et je ne veux pas que tu partes.

- David, c’est pas vrai. Tu es juste un peu triste de me voir partir, c’est tout.

 - Je sais que j’ai mis du temps à le réaliser, mais c’est sincère.

- Franchement David, tu sais ce que je pense ? Toi, tu m’aimes, comme moi j’aime Paris : j’aime ses beaux immeubles et squatter les terrasses de café, rouler en trottinette avenue Victor Hugo et prendre le métro qui m’emmène partout en 20 minutes. Mais ce n’est pas un amour suffisant pour y vivre toute ma vie.

- Je ne te suis pas.

- Regarde, j’ai avancé sur mon chemin et à présent, je veux construire une vie de Torah. Et en plus, je veux que ça se passe à Jérusalem. On a pris des routes différentes et aujourd’hui on ne recherche plus la même chose. David, je te souhaite du fond du cœur le meilleur du monde, je sais que tu seras heureux. Mais ce ne sera pas avec moi.

Quelques jours après, dans l’avion, je me repassais la conversation en boucle dans la tête et je n’arrivais toujours pas à comprendre comment j’avais trouvé la force de lui dire tout ça. Quand le roi David remportait des batailles, il remerciait Hachem. Pas pour la victoire, mais parce qu’il savait que c’était D.ieu qui avait fourni toutes les armes et les forces nécessaires pour gagner. C’est exactement ça que je ressentais ! Pour la première fois, j’étais sereine, parce que je savais que je faisais les bons choix. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait en Israël, mais je me sentais pleine de force et prête à me mettre au travail !

En parlant de travail, j’étais embêtée parce que la plupart des agences d’évènementiel étaient basées à Tel Aviv, y compris celle où j’avais travaillé l’été passé. Mais je préférais rester à Jérusalem et j’avais envie de faire autre chose, quelque chose qui avait plus de sens à mes yeux. Pour l’instant, ma priorité était de m’installer. Je m’étais inscrite à l’Oulpan et j’espérais vite apprendre l’hébreu. Bien sûr, j’avais contacté le séminaire “Baté Sarah” et j’avais aussi prévu de suivre quelques cours en soirée. Un programme chargé m’attendait et c’était super excitant !

Les premiers mois filèrent en un éclair ! La première chose que j’appris en vivant en Israël, c’est combien le temps passe vite ! Ici, tout le monde vit de Chabbath en Chabbath. On fait 1000 choses par jour et on a toujours de nouveaux projets, il faut que ça bouge. J’adorais cette énergie. Par contre, je n’avais pas imaginé autant galérer pour apprendre l’hébreu ! Et quoi ? C’était pas la langue maternelle de tous les Juifs ? J’avais l’impression de bégayer chaque fois qu’on me posait une question, c’était hyper frustrant. Et ça me tapait sur les nerfs à chaque fois qu’un israélien me disait : “Savlanout” (patience), dès que je demandais quelque chose.

4 mois après mon Alyah, je terminais (laborieusement) mon Oulpan. Dès le début, je m’étais installée à Guivat Chaoul, un quartier proche de l’entrée de Jérusalem, dans un joli appartement, que je partageais avec 3 autres filles. Pas facile la cohabitation au quotidien et les embouteillages le matin pour la salle de bain, mais en réalité, on se voyait peu, puisqu’on courait toutes, chacune à son travail, à ses études ou à son Chidoukh.

Moi, le Chidoukh, je n’y pensais même pas. Après David et Mickaël, j’avais envie de me concentrer sur ma nouvelle vie et surtout de répondre à cette question qui me stressait de plus en plus : comment trouver un travail qui me convienne, rapidement ?

J’étais un peu perdue dans mes questions et justement, quelques soirs après la fin de l’Oulpan, j’avais rendez-vous avec Dana et Léa, mes 2 amies du séminaire de Baté Sarah qui étaient restées vivre à Jérusalem.

C’était génial de retrouver mes amies “d’avant” cette nouvelle vie de folie. En plus, le fait d’avoir étudié ensemble avait créé entre nous un lien vraiment spécial et j’avais besoin de ça en ce moment. Donc, autour d’une bonne part de pizza, je partageais mes dernières découvertes sur la vie israélienne (et ma frustration de ne toujours rien comprendre, quand je lisais les actualités en hébreu). Léa me rassura tout de suite en me disant que je vivais la même chose que tous les ‘Olim (nouveaux immigrants) : pas facile de s’intégrer tous les jours avec notre vision des choses “à la française” et nos bonnes habitudes, mais que, petit à petit, on s’y faisait mieux : on s’intégrait !

Elle était courageuse Léa. Elle avait carrément repris ses études en hébreu à l’université et elle donnait des cours à côté pour payer son loyer. En fait, je réalisais que tout le monde dans ce pays avait beaucoup de courage. Beaucoup se levaient à l’aube, se déplaçaient d’un bout à l’autre de la ville en bus, pour travailler ou pour étudier. C’était beau à voir. Même Dana, jeune mariée, travaillait de longues journée, sans oublier le temps des trajets quotidiens, alors qu’elle était enceinte : “C’est ça l’amour de la Torah”, répétait-elle en riant, une part de pizza à la main, “Tu sais que ce que tu fais est important. Il y a des matins où je me réveille fatiguée, et je vois mon mari déjà debout qui part prier aux aurores et ça me remplit de fierté. Je me dis que moi aussi, j’ai un mérite à monter dans le bus et à partir travailler, parce que c’est pour construire mon foyer. C’est pas juste métro-boulot-dodo, ici, tout a un sens.”

Le mot était lâché. Je voulais trouver une activité qui ait du sens. Je voulais apporter ma contribution à cette ville, à mon peuple. C’est ce que je leur expliquais et Dana eut cette curieuse idée : “Tu sais organiser des évènements ? Pourquoi tu ne contactes pas Léa de Israël ‘Hessed ? Je crois qu’ils ont besoin d’aide en ce moment.”

- Attends, Israël ‘Hessed c'est ce grand organisme qui aide les familles dans le besoin ? Quel rapport avec l’évènementiel ?

- Ils font une tonne de choses, entre autres beaucoup d’actions de solidarité, de grandes soirées pour soutenir leurs projets, et je sais qu’ils ont besoin d’aide, donc si en plus c’est un domaine que tu maîtrises, tout le monde y gagne.”

Il fallait avouer que l’idée de Dana tenait la route et je ne perdais rien à les contacter pour proposer mon aide. En plus, leur bureau se trouvait près de “Baté Sarah”, où j’avais prévu d’aller, donc je pourrais toujours faire d’une pierre, deux coups.

La semaine suivante, après avoir envoyé un mail assez spontané expliquant mon parcours et mon expérience, j’avais donc obtenu un rendez-vous avec les responsables de Israël ‘Hessed.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas passé d’entretien, donc j’étais un peu intimidée. En plus, j’étais très fan du site et de tout ce que j’apprenais grâce à eux, donc j’avais plein de questions à leur poser.

J’avais rendez-vous avec 2 responsables : Léa et Déborah. J’étais venue en pensant juste raconter un peu mon parcours et proposer mon aide, mais j’avais sous-estimé le rendez-vous.

Elles posèrent des questions assez poussées sur mes expériences et sur la façon dont je gérais des projets, surtout ceux qui étaient uniquement destinés aux personnes dans le besoin. Je réalisais qu’elles savaient vraiment de quoi elles parlaient et qu’ici c’était du sérieux, quand il s’agissait d’aider les autres. Ça me plaisait bien. En plus, en les écoutant, je réalisais que j’avais très envie de travailler sur des actions de ‘Hessed, de me sentir vraiment utile aux autres.

En sortant de chez Israël ‘Hessed, je pris la route du séminaire, tout en repensant à cet entretien. Ce qui m’avait aussi frappé, c’était cette super combinaison de “femmes de Torah” et de “professionnelles” que j’avais observé chez Léa et Déborah. C’était exactement comme ça que j’ambitionnais ma vie, et j’étais heureuse de découvrir que c’était possible. Ça me motivait d’autant plus !

J’aimais bien aller au séminaire, c’était toujours agréable. Mais aujourd’hui, l’ambiance était à la fête et je le sentis dès mon arrivée : une jeune étudiante s’était fiancée et toutes les filles étaient heureuses. D’ailleurs, même Mme Friedman, la Chadkhanite, était là. Je compris de suite que c’était elle qui avait organisé l’heureuse rencontre.

C’était vraiment une bonne journée. Et dès que Mme Friedman me reconnut, elle vint me voir et me dit : “Alors, j’attends que tu me recontactes, tu le sais ?”

- Oui Mme Friedman, c’est très gentil à vous. J’ai été débordée depuis mon arrivée, entre l’Alyah, l’Oulpan et mes recherches de travail. Mais promis, je vais vous appeler.

- Tu dois avoir l’impression que tout est sens dessus dessous dans ta vie en ce moment, rassure-toi, c’est passager, et je suis sûre qu’Hachem te réserve de belles surprises… très bientôt !

Elle avait raison, pour l’instant je ne me voyais pas la contacter de suite, sachant que je n’avais aucune idée ni de mon avenir, ni de ce que je recherchais. Mais qu’est-ce que c’était bon d’être en Israël ! Vous en connaissez beaucoup des pays où tout le monde se préoccupe de vous et vous bénit à longueur de journée ?

J’espérais secrètement qu’Hachem avait entendu la Brakha de Mme Friedman.

Il faut croire que oui, parce que quelques jours plus tard, je reçus un appel :

- Allo Eva ? C’est Déborah de Israël ‘Hessed. On aimerait beaucoup que tu rejoignes notre équipe et que tu t’occupes d’organiser des évènements de ‘Hessed !

Baroukh Hachem ! Mme Friedman avait raison, l’avenir me promettait de belles surprises !