Chaque mercredi, retrouvez les aventures de Eva, célibattante parisienne de 30 ans… Super carrière, super copines. La vie rêvée ? Pas tant que ça ! Petit à petit, Eva découvre la beauté du judaïsme et se met à dessiner les contours de sa vie. Un changement de vie riche en péripéties… qui l’amèneront plus loin que prévu ! 

Dans l'épisode précédent : Eva qui travaille maintenant pour l’association Israël ‘Hessed a organisé une grande collecte alimentaire pour les familles pauvres. A la fin de la journée, elle ne s’attendait pas à tomber sur Michaël, son ancien Chiddoukh !

- Bien sûr Michaël que je me souviens de toi (la réalité était qu’après tous ces mois sans nous voir, je continuais à penser à lui) ! Comment vas-tu ? Je suis désolée, je ne m’attendais pas du tout à te voir aujourd’hui. Tu es venu chercher les colis pour les familles de ton quartier, c’est ça ?

- Oui, tu n’as pas oublié, ça me fait plaisir, répondit-il avec un grand sourire.

Je me sentais comme une idiote, j’avais beaucoup de choses à lui dire, plein de questions à lui poser, mais d’un coup, j’avais perdu tous mes moyens. C’est lui qui prit le relais.

- C’est toi qui as organisé cet évènement ? C’est génial ! Une vraie réussite à ce que je vois, Baroukh Hachem, tu peux être contente.

- Ah mais justement ! C’est Hachem qui a tout fait ! Moi j’ai juste fait venir des banderoles et des animations, le reste, c’est Lui qui a tout envoyé.

- Une vraie Tsadékèt !

Et sur ces mots, il s’éloigna pour récupérer les cartons.

Je n’arrivais plus à me concentrer. Qu’est-ce qu’il faisait là, devant moi, aujourd’hui et maintenant ? 

Je n’avais pas cessé de l’observer, et alors qu’il commençait à s’éloigner avec les autres jeunes hommes de sa Yéchiva, il revint sur ses pas. Vers moi.

- Eva, ça m’a fait plaisir de te revoir, je ne savais pas que tu vivais à Jérusalem maintenant.

- Euh… oui, depuis quelques mois. Il y a eu pas mal de changements en fait. Et de ton côté ?

- Moi ? Je me marie la semaine prochaine.

Craaaaack. Ça c’est le bruit de mon cœur qui tombe en miettes sur le sol.

- Je plaisante ! Je ne suis ni marié, ni même fiancé. Et puisque j’ai l’occasion de te croiser, je vais être franc : j’ai vraiment regretté que tu aies mis fin à notre Chiddoukh...  

Ascenseur émotionnel, là tout de suite, devant les portes du supermarché. Qui aurait cru qu’en un instant, je passerais du désespoir aux papillons dans le ventre ? Preuve s’il en fallait, qu’Hachem n’est jamais très loin… Incapable de prononcer un mot, je restais muette. Mais mon sourire immense suffisait à lui seul à exprimer tout ce que je ressentais.

- Tu serais ok si je demandais à Mme Friedman, la Chadkhanite, de nous arranger un nouveau rendez-vous ?

- Ok (super, à quoi ça sert de faire des études supérieures, si c’est pour être incapable de prononcer un mot de plus de 2 lettres !).

- Alors “ok”, reprit-il avec le sourire.

Et sur ces mots, il s’éloigna rejoindre ses amis. 

Le soir-même, Mme Friedman m’appela, alors que je n’avais pas réussi à la joindre depuis plusieurs semaines. Quand je lui fis la remarque, elle me répondit en rigolant : “C’est drôle comme Hachem fait les choses”. Le rendez-vous fut pris… et je revis Michaël.

Pas de café au programme, mais une longue promenade un soir de pleine lune dans le Gan Saker. On n’arrêtait pas de parler ! Tellement de choses à se raconter sur ces 6 derniers mois, on riait et on discutait en même temps. Et puis d’un coup, il s’arrêta et me dit : “Tu sais, je voulais m’excuser, j’ai dû t’effrayer quand je t’ai dit que je voulais étudier la moitié de la journée, à l’époque je n’avais pas réalisé que c’était quelque chose de nouveau pour toi et je m’en suis voulu par la suite, de ne pas avoir su bien partager mes idées, mes envies.”

J’étais bluffée ! Non seulement, il n’avait rien fait de mal, mais en plus il se reprochait ma décision, qui n’était autre à l’époque qu’un manque de Bita’hon, de confiance en Hachem. 

- Tu n’as pas à t’excuser Michaël. A l’époque, je vivais encore en France et j’étais convaincue que le travail était la règle de base pour assurer une sécurité financière. Ma vie en Israël m’a depuis montré le contraire. Ici, tout dépasse la logique ! Je vois des gens qui travaillent du matin au soir et qui gagnent autant que d’autres qui étudient à mi-temps. Ça m’a rappelé que c’est Hachem qui gère les finances, pas Eva et ses certitudes.

- Content de l’entendre, dit-il avec un grand sourire. Et est-ce qu’Eva-et-ses-certitudes accepterait une nouvelle rencontre, pour que cette fois-ci on prenne le temps de parler du genre de foyer qu’on aimerait fonder ?

- Avec plaisir.

Je n’avais même pas besoin de répondre en réalité, mon sourire qui s’étendait d’une oreille à l’autre parlait tout seul.

Une autre rencontre, il y en a eu, plusieurs même. Et à chaque rencontre, j’avais ce même sentiment étonnant : comme si les pièces du puzzle se mettaient en place…

Je ne savais pas combien cette impression présageait de la suite. Aujourd’hui, 3 mois ont passé et ce sentiment, non seulement ne m’a pas quitté, mais ça y est, le puzzle a pris forme.

Je suis assise sur ce beau fauteuil blanc et je ferme les yeux, sans cesser d’y penser.

Aujourd’hui, toutes les pièces se sont emboîtées. Je me marie avec Michaël.

Dans ma belle robe blanche, je suis assise et je prie de toutes mes forces. Je remercie Hachem pour tout ce chemin incroyable, pour cette Téchouva du bonheur, pour ces rencontres exceptionnelles qui m’ont accompagnées le long de ma route, et qui sont aujourd’hui en face de moi. Elles ont toutes fait le déplacement pour le mariage. Guila et son bébé, Karen et les filles, la Rabbanite de Paris, Mme Charabit du séminaire, Mme Friedman qui ne cesse de rire, et ma famille bien sûr. Mon père est si fier, et, du coin de l’œil, je vois ma mère pleurer dans les bras de ma grande sœur. 

Il y a tant d’amour dans la salle, tant de joie. Et je prie sans m’arrêter, parce que je sais qu’Hachem m’entend en ce jour si spécial, et qu’en fait, Il m’a toujours entendu, même quand je croyais le contraire. 

Je prie pour toutes les jeunes filles à marier, pour tous les malades à guérir et pour tous les bébés à naître.

Et quand arrive le moment où Michaël s’approche de moi pour me mettre mon voile de Kalla, entouré de son père et son frère, avec derrière eux tous les hommes qui chantent et jouent de la musique, à ce moment précis, je comprends combien D.ieu m’aime et combien Il va m’aider à réaliser cet immense projet de construire un foyer de Torah et de joie.

Et plus que jamais, je remercie Hachem pour cette nouvelle vie qui commence… la vie en Froum.