Cela n’est plus un secret pour personne : les contacts physiques avant le mariage peuvent donner la sensation d’une grande proximité et estomper par conséquent la vision claire qui doit être la nôtre sur notre futur partenaire et sur les liens du mariage. Voici quelques réflexions sur le thème de « Chomer négui’a ».

Un texte de Guila Manolson, extrait de son livre « La magie du contact ».

Le fait de ne pas se toucher, bien loin de créer un éloignement, permet d’obtenir l’effet exactement inverse. L’absence de contact physique permet de créer un espace de communication, dans lequel peut se développer une relation authentique et chargée de sens.

Andy est un jeune homme d’environ vingt-cinq ans qui est venu assister à mes cours et dont j’ai pu apprécier le sérieux et la qualité d’écoute. Il posait des questions intelligentes et avait l’air de vouloir intégrer mes propos à sa réflexion. Nous avons discuté un peu après la conférence, et j’ai eu la sensation qu’il était particulièrement sensible et intelligent. Peu de temps après, il me fut donné de savoir qu’il s’était mis à étudier la Torah, à la suite de mes conférences. Quelques jours plus tard, Andy fit son apparition chez moi, en présence de mon mari. « Il m’a semblé que je vous devais cette visite », dit-il comme si quelque chose lui pesait sur le cœur. « C’est parce qu’il m’est arrivé quelque chose d’incroyable ces deux dernières semaines, et c’est en rapport avec ce dont vous avez parlé dans votre conférence ».

« Cela a l’air intéressant, je vous écoute, dis-je. » « En tout premier lieu, je voudrai dire que tout ce que vous avez dit sur les rencontres, me parait très logique. Cela ne veut pas dire pour autant que je suis prêt à appliquer ce que vous dîtes, mais en tout cas au niveau de l’argumentation, il n’y a rien à redire. » Il prit une inspiration profonde. « Il y a deux semaines, j’ai connu une jeune fille nommée Déborah qui s’est rapprochée de la pratique religieuse l’année dernière aux Etats-Unis et qui est venue en Israël pour parfaire ses connaissances en la matière. Il me semble qu’elle est très intelligente et sociable. Je lui ai demandé pour quelle raison et par quel biais elle s’était intéressée au judaïsme. Nous avons commencé à discuter, et cela a continué pendant deux heures où nous avons découvert que nous étions sur la même longueur d’ondes. Cependant, je me dois de dire qu’au début cette jeune fille ne m’attirait pas particulièrement et que je n’envisageais pas de relation de couple avec elle. Mais elle m’a plu sur le plan humain et j’ai apprécié sa personnalité.

Du fait qu’elle est religieuse, il n’y a eu aucun contact physique entre nous. Ce fut un peu étrange pour moi, de ne pas pouvoir la toucher du tout, même de manière anodine, comme par une tape sur l’épaule, mais j’ai respecté sa volonté. Quoi qu’il en soit, je lui ai demandé si on pouvait se revoir le lendemain. C’est ce qui s’est passé, nous avons discuté de choses et d’autres pendant près de six heures et il en fut de même le surlendemain. En définitive, nous avons beaucoup parlé pendant ces deux dernières semaines. Nous avons pris beaucoup de plaisir à être ensemble et nous ne voulions pas que cela prenne fin. Je voudrais souligner que pendant ces deux semaines, je ne l’ai pas effleurée, même du bout des doigts… »

Il continua, un peu gêné : « Ce n’est pas que je veuille me vanter, mais je dois reconnaître que j’avais plutôt du succès avec les filles. Je suis toujours sorti avec les plus belles d’entre elles. Ma dernière petite amie était particulièrement jolie. Je pense qu’il est superflu de dire que nos relations n’étaient pas complètement platoniques, ni mêmes très profondes… Mais là, pour la première fois, c’est exactement l’inverse qui s’est produit. Comme je l’ai dit, cette fille ne m’avait pas plu au départ. Par contre, ce qui m’a attiré, c’est sa personnalité. Mais maintenant, même son aspect physique me séduit. Voici une photo d’elle, dont je ne me sépare jamais. Mignonne, non ? »

Andy sortit de sa poche la photo, la regarda avec enthousiasme et me la tendit. Il s’agissait d’une jeune fille souriante, mais sans attrait particulier. « Elle est mignonne, acquiesçai-je ». Il rayonna de bonheur, jeta un dernier coup d’œil à la photo et la remit dans sa poche. « Mais ce n’est pas l’essentiel », ajouta Andy. Puis il observa un moment de silence, conscient de la difficulté de ce qu’il voulait partager avec moi. « Ce qui me rend dingue dans tout cela, c’est que je n’ai jamais autant respecté une femme. Et je ne me souviens pas avoir éprouvé de tels sentiments envers une jeune fille en un laps de temps si court. En toute sincérité, je peux dire que je l’aime. Je sais, ajouta-t-il, qu’on ne peut comparer cet amour avec l’amour que l’on ressent après plusieurs années de mariage. Malgré tout, affirma-t-il, je suis sûr qu’il ne s’agit pas là d’une simple amourette. Quand je serai religieux -ou plutôt si je deviens religieux- je me marierai avec cette jeune fille. »

Tiens, tiens pensais-je, encore un macho qui rend les armes ! J’ai toujours affirmé qu’une des preuves les plus convaincantes que la Torah est vraie, c’est sa capacité à transformer les jeunes séducteurs en êtres humains sensibles.

« J’ai voulu vous raconter tout cela, me confia Andy, parce que j’ai été très impressionné par votre enseignement. Vous avez en main un matériau explosif de toute première puissance. Comment vous appelez ça, « Chomer négui’a » ? Alors, je tiens à vous dire que c’est le philtre d’amour le plus puissant qui soit. A mon avis, ça vaudrait le coup de le mettre en bouteilles et de le commercialiser. Je parle très sérieusement. »