À travers l'histoire du prophète Yona, des propos du Zohar et une explication concernant le fait de frapper le sol avec la Arava le matin de Hochaana Rabba, ce cours explique qu'Hachem n'a pas voulu créer un monde parfait mais un monde d'effort ; et que l'effort est indispensable pour faire téchouva et devenir tsadik. 

Les 21 jours qu'il y a entre le 17 Tamouz et le 9 Av sont liés aux 21 jours qu'il y a entre Roch Hachana et Chémini Atséret. Mais les premiers sont tristes et se finissent par un jour particulièrement triste (le 9 av), alors que les seconds sont joyeux et se finissent par un jour particulièrement joyeux (Chemini Atséret/Simhat Torah). 
 
A Min'ha de Kippour, nous lisons la Haftara de Yona ben Amitaï. 
 
Yona est le fils d'une dame appelée la Chounamite, qui a accueilli chez elle le prophète Élicha ; et c'est par ce prophète qu'il est revenu à la vie. 
 
Son nom "ben Amitaï" indique qu'il est, en quelque sorte, le fils d'Hachem (dont le sceau est le émet/la vérité). Car en permettant à Yona de revivre, Hachem a fait descendre une nouvelle âme sur terre. 
 
Plus tard, Yona est devenu prophète. Mais pas parce qu'il a beaucoup travaillé sur lui-même pour accéder à ce statut. Nos Sages disent qu'il a "attrapé" la prophétie en allant au Beth Hamikdash le jour de Simhat Beth Hachoéva (un jour de 'Hol Hamoed Soukkot, où il y avait une joie particulière, et où tout celui qui le voulait pouvait recevoir un peu de prophétie). 
 
C'est pourquoi il n'a pas été à la hauteur d'accepter la mission qu'Hachem lui a confié : aller à Ninvé dire aux Béné Israël de faire téchouva. 
 
Normalement, tout ce que nous apprenons dans la vie (parler, marcher etc...) nécessite un effort. Mais Yona, au moment où il a revécu et a donc reçu sa nouvelle âme, était déjà adulte, et n'a donc pas eu besoin de faire ces efforts. 
 
C'est pourquoi il ne conçoit pas l'effort. Il ne conçoit pas qu'on puisse faire téchouva. Car il pense qu'il est normal de faire du bien, et inconcevable de faire des erreurs. 
 
C'est pourquoi il ne veut pas aller à Ninvé demander aux Juifs de faire téchouva. Car le fait de faire téchouva implique celui d'avoir fait des erreurs, mais aussi le fait de faire des efforts. 
 
Comme l'indiquent les mots "Chéva yipol tsadik vékam", le tsadik n'est pas celui qui tombe jamais, mais celui qui se relève après être tombé ; qui continue à essayer de s'élever même lorsqu'il a échoué. 
 
Dans la vie, on ne devient pas tsadik parce qu'on a réussi, mais parce qu'on a essayé. 
 
Celui qui ne fait pas d'effort ne conçoit pas la téchouva, et est extrêmement rigoureux. 
 
C'est pourquoi les malakhim (anges) sont parfois très exigeants et accusateurs envers les êtres humains. Car puisqu'ils n'ont pas besoin de faire d'efforts pour faire le bien, il pense qu'il est naturel de le faire, et inconcevable de faire autre chose. 
 
L'être humain, par contre, a besoin de faire des efforts pour s'élever. Il ne naît pas adulte. Il naît enfants et doit, petit à petit, se développer. 
 
Yona n'arrive pas à concevoir l'effort, car il n'a pas eu besoin d'en fournir. Ni pour accéder à la prophétie, ni pour recevoir sa nouvelle âme, ni pour apprendre ensuite ce que tout nouveau-né a normalement besoin d'apprendre, ni pour planter le kikayone (l'arbre) qu'Hachem lui a demandé de planté (et qui a instantanément poussé). 
 
Au début de Kippour, nous disons la phrase "Baroukh Chem kévod malkouto léolam vaéd" du Chéma Israël à voix haute, car nous sommes alors comparables à des malakhim (anges). Pourtant, nous venons à peine de commencer Kippour. 
 
A la fin de Kippour, par contre, et alors que nous avons pourtant jeûné et prié toute la journée, nous disons cette même phrase à voix basse, car nous ne sommes plus comparables aux malakhim. 
 
Cela nous enseigne que nous sommes ce que nous voulons être. Que ce à quoi nous aspirons est plus important que ce que nous sommes maintenant.
 
A l'entrée de Kippour, où nous nous apprêtons à vivre une journée pleine de spiritualité, nous sommes comparables aux malakhim. Mais à la sortie de Kippour, ou nous pensons à manger et nous reposer, nous nous rapprochons du matériel et ne sommes donc plus comparables aux malakhim. 
 
Ce monde n'est pas un monde parfait, mais un monde d'effort. Et cela, Yona ne le comprenait pas. Parce qu'il n'a pas fait d'efforts pour obtenir ce qu'il a eu. 
 
Le Zohar explique que si Hachem l'avait voulu, Il aurait pu ne pas créer un monde matériel. Il aurait pu ne créer que des âmes. Mais Il a voulu nous mettre dans un monde de matière justement pour que nous fassions les efforts nécessaires pour nous rapprocher de Lui dans ce contexte. Et ainsi, au lieu de recevoir le pain de la honte (naama dékissoufa : expression faisant référence à la honte que ressent celui qui reçoit tout gratuitement, sans avoir fait d'efforts), nous mériterons notre monde futur, grâce aux efforts fournis dans ce monde.
 
Si Hachem l'avait voulu, Il aurait pu nous faire vivre uniquement dans un monde parfait, plein de spiritualité, semblables aux moments que nous vivons en Elloul et Tichri lorsque nous avons plus que d'habitude l'occasion d'accomplir des mitsvot et de nous rapprocher de Lui. 
 
Mais Il a volontairement fait en sorte qu'après cette période vienne un mois qui semble n'avoir rien de particulier : le mois de Héchvane, ou nous reprenons nos activités quotidiennes, et qui s'appelle aussi Mar Héchvane justement parce qu'il ne comporte aucune fête (en hébreu, le mot "mar" signifie "amer"). 
 
Car Hachem ne veut pas tout nous donner sur un plateau d'argent. Il veut que nous fassions des efforts pour obtenir. Car ce n'est qu'ainsi qu'on grandit. 
 
Lorsqu'Adam était au Gan Eden, il a fauté dès les premiers instants de son existence. Car puisqu'il recevait tout sans effort (il est notamment né adulte, sans avoir besoin de fournir d'efforts pour cela), il n'a pas supporté la moindre contrainte, et n'a donc pas fourni le seul effort qui lui avait été demandé : ne pas manger le fruit de l'arbre de la connaissance. 
 
De même pour Yona : il est né adulte, sans avoir besoin de faire d'efforts. 
 
C'est parce que nous ne sommes pas parfaits que nous pouvons comprendre l'imperfection des autres. C'est parce qu'il nous arrive d'avoir faim que nous pouvons les comprendre lorsqu'ils ont faim. C'est parce qu'il nous arrive d'échouer que nous pouvons les comprendre lorsqu'ils échouent etc... 
 
A Hochaana Rabba, certains éléments rappellent la joie (exemple : les arbaa minim) et d'autres la tristesse (exemple : nous savons que c'est la fin du jugement). Car en vérité, ce jour-là, nous sommes heureux ET triste. 
 
A la fin de Kippour, où nous sommes purifiés de nos fautes, nous lisons l'histoire de Yona. Pour nous rappeler qu'Hachem n'a pas voulu d'un monde parfait, d'un monde de profits sans aucun effort. 
 
Après Soukkot, fête pleine de joie, vient Hochaana Rabba. Pour nous rappeler que le monde n'est pas que joie. Il nécessite aussi des efforts. 
 
Le matin de Hochaana Rabba, on frappe cinq fois le sol avec les aravot et on dit "Havit havit véla barikh (Frappe, frappe et ne fais pas de berakha)". 
 
A ce sujet, le Zohar explique qu'à ce moment-là (la fin des fêtes), le Satane se dit qu'il va pouvoir recommencer à nous accuser. Alors nous lui disons : "Frappe frappe et ne parle pas. Car tu n'as rien compris. Le monde qu'Hachem a créé n'est pas un monde parfait. Si tu parles contre nous et refuse la téchouva, c'est parce que tu n'as jamais souffert ; tu n'a jamais fait le moindre effort pour obtenir". 
 
Un Juif doit essayer de faire entrer Hachem dans chaque partie de sa vie. De rester continuellement attaché à Lui. Dans les moments de joie, dans les difficultés ; dans n'importe laquelle de ses activités. 
 
Hachem n'a pas créé un monde parfait, mais un monde dans lequel Il nous demande de progresser. Et c'est justement parce que nous ne sommes pas parfaits que nous pouvons comprendre autrui lorsqu'il n'agit pas comme il le faudrait. 
 
Retranscription : Léa Marciano

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