La semaine dernière au Congrès, le siège de la plus ancienne et plus puissante démocratie, une haine totale des Juifs a conduit à une résolution risible contre l’antisémitisme. Le parti de la majorité craignait que cela choque au moins trois femmes du Congrès. Le parti démocratique bouge de plus en plus vers la gauche, sous la conduite des membres progressistes. La nouvelle venue, Alexandria Ocasion-Cortez, se considère comme la « boss » du Congrès et les chefs de parti de l’ancienne école ont peur.

Depuis l’époque de Franklin Delano Roosevelt, les Juifs ont voté massivement démocrate. Peut-être que cette résolution mitigée et embarrassante de la semaine dernière contre toutes les formes de haine aurait dû ouvrir nos yeux sur l’état actuel du parti. Les grands pontifes juifs qui dirigent les comités, comme Nadler, Lowey et Engel pensaient formuler une énième résolution dénuée de sens au Congrès, que tout le monde voterait pour celle-ci, et qu’ils passeraient à la suite. Ils offriraient des platitudes contre l’antisémitisme et tout le monde voterait pour leur proposition. Au lieu de cela, les candidats à la présidence, comme Bernie Sanders, Elisabeth Warren et Kamala Harris, ont suivi les progressistes nouvellement couronnés et ont refusé de soutenir une résolution fourre-tout contre l’antisémitisme.

Après un débat féroce, le parti a altéré la proposition, n’a pas mentionné la députée fautive et a omis l’évident : qu’elle ne mérite pas de siéger dans des comités importants. Il y a eu une déclaration, approuvée par le Congrès, puis ensuite, ils ont pu retourner à leurs affaires.

Qu’est-ce que cela dit sur notre époque où le parti démocrate n’est pas capable de s’élever contre une nouvelle membre du Congrès qui profère de la haine anti-juive ?

Soixante-dix ans se sont écoulés depuis la Shoah, et il est à nouveau à la mode de se moquer des Juifs et de les maudire auprès des instances politiques dans le monde démocratique. Nous nous sommes habitués à la haine européenne des Juifs au fil des ans, mais en Amérique ? Le bastion de liberté, où résident des millions de Juifs ? Le pays qui a renversé le nazisme, le communisme et le fascisme ? Le rempart de la démocratie depuis sa fondation depuis presque 250 ans ? Cette Amérique est désormais devenue un lieu où les Juifs se sentent mal à l’aise, qui nous rappelle une époque que nous pensions ne jamais revoir.

Ilhan Omar, la membre du congrès incriminée, ne se dérobe pas au brouhaha qu’elle a créé. « Je ne cherche pas à être à l’aise, et je ne cherche pas nécessairement à ce que tout le monde se sente à l’aise en ma présence », déclare-t-elle avec un sourire malicieux. « Je pense réellement que les choses les plus intéressantes ont lieu lorsque les gens sont très mal à l’aise. »

Les Juifs se sentent mal à l’aise ? Très bien. Ils doivent se sentir ainsi.

Les accusations contre les Juifs n’ont rien de neuf, mais heureusement, ce qui est nouveau, c’est qu’à une époque révolue, une telle attitude de bouc-émissaire aurait été suivie de pogroms, de meurtres de masse et de pillages. Aujourd’hui, jusque-là, ce n’est pas le cas.

Washington n’est pas la seule touchée par cette ambiance. Elle règne dans de nombreux autres endroits où résident de grandes concentrations de Juifs. Des groupes de non-Juifs se rassemblent et prétendent que les Juifs les mettent à la porte de leur maison et de leur quartier. Les Juifs ne suivent pas les lois, arguent-ils. Les Juifs sont sales, dénués de patriotisme et de respect, disent-ils. Nous devons les arrêter, les tenir à distance des quartiers qui nous appartiennent. 

Tout au long de notre histoire, nous avons rencontré cette animosité. Il y a certes eu des époques où cette haine était délicatement dissimulée, mais il est devenu de plus en plus à la mode et acceptable de dénigrer les Juifs. Il est devenu acceptable pour des célébrités d’exprimer ouvertement leur haine. Tandis qu’ils formulent leur rhétorique en termes de compassion pour les pauvres Palestiniens, la vérité émerge. Les Palestiniens ne les intéressent absolument pas. Ils détestent simplement les Juifs. Une fois de plus, les Juifs d’Europe battent en retraite et cherchent des échappées, un rappel glaçant d’il y a soixante-dix ans.

La gauche lutte contre Israël à chaque occasion, offrant des excuses insensées et hypocrites pour leur antisémitisme. Une bonne partie de l’antisémitisme moderne est dépeint comme de l’antisionisme, bien que le délire soit évident. Les Juifs combattent pour leur liberté et sont condamnés. Les Juifs luttent pour leur sécurité et sont condamnés. Des millions de Juifs ont été conduits à la mort à partir de ces mêmes pays dans lesquels les antisémites font étalage de leur force.

L’antisémitisme se transforme pour s’adapter à son époque. La haine ancestrale pour le peuple juif adopte différents slogans et chants, mais au cœur se trouve cette même haine pour Its’hak par Ichmaël, et Ya'acov par Essav et Lavan.

Que ce soit sous le couvert d’accuser les Juifs de diffuser la peste, ou boire du sang humain, comme dans le temps, ou sous couvert humanitaire, la haine reste de la haine.

En Europe, un continent imbibé de sang juif, il est à la mode de frapper les Juifs, de manifester contre eux, de les accuser des crimes les plus vils, et de créer une atmosphère qui rappelle les jours sombres du judaïsme que l’on croyait définitivement révolus.

Le 'EteTsara, cette période de détresse est palpable en Angleterre, où des Juifs avaient été brûlés vifs ; à Paris, où le Talmud a été brûlé et détruit ; en Allemagne, siège de la Nuit de cristal et de la Shoah ; en Pologne, foyer des crématoriums ; en Autriche, lieu de naissance de Hitler et en de nombreux autres endroits.

Nous reconnaissons que nous souffrons des persécutions et de discrimination en raison de notre judaïté. La haine du monde contre le Juif ne découle pas de leur préoccupation pour les violations contre les droits de l’homme ou des décisions politiques.

Cette semaine, nous lirons la Méguila et reconnaîtrons, dans les termes de Haman, la même rhétorique que nous entendons aujourd’hui. « Lève-toi Chouchane. Il est une nation répandue, disséminée parmi les autres nations… » Ce qu’il entendait par là, c’était ceci : « Ils ne suivent pas les lois, ils ne sont pas productifs, et il n’y a aucune raison de les garder. »

Haman parlait le langage d’aujourd’hui. Il parlait le langage ancestral des antisémites.

Ce que nous entendons aujourd’hui n’a rien de neuf. La Méguila nous enseigne comment gérer les Hamans de notre époque.

Aujourd’hui, nous lisons les informations et entendons les menaces, et nous demandons comment réagir. Manifester notre panique ? Agir de manière insensée ? Menacer en retour ? Capituler rapidement ?

Depuis l’époque du Mont Sinaï, nous avons été bannis des autres peuples, méprisés, injuriés, écrasés et assassinés. Miraculeusement, nous avons survécu. Comment avons-nous réussi ?

Des fonctionnaires qui estiment pouvoir agir à leur guise, sans prendre en compte toutes les ramifications de leurs propos, discours, votes et menaces, font encore plus de mal à notre peuple et mettent encore plus en péril notre existence paisible ici.

La reine Esther a occupé la deuxième place dans le pays, mais elle n’avait pas d’intérêt personnel. Chaque action et réaction de la reine était dictée par Mordékhaï. Les non-initiés voient le monde différemment de ceux qui sont plongés dans l’étude de la Torah. Très souvent, les politiciens, par leur nature même, ont un regard différent sur leur travail et leurs responsabilités. Lorsque des difficultés se présentent, ils cherchent à incarner la force, montrant à leurs électeurs qu’ils sont les défenseurs de la foi et du peuple, mais ce qui est peut-être nécessaire à ce moment-là pour nous mettre à l’abri, c’ est la subtilité et l’intelligence. Mordékhaï devait décider de la marche à suivre. Les Rabbanim doivent être consultés sur ces sujets.

En Galout, en exil, il n’est pas toujours prudent de relâcher les muscles. Parfois, nous devons suivre le mouvement afin de survivre. Mais c’est Mordékhaï qui choisit d’agir de cette façon et du moment d’agir. Très souvent, Mordékhaï n’est pas populaire.

De retour à Chouchane, tous les Juifs avaient participé au festin d’A’hachvéroch. Ils firent le raisonnement qu’ils devaient agir en fidèles citoyens. Autant que nous le sachions, seul Mordékhaï était opposé à la participation des Juifs au festin. Seul Mordékhaï a réprimandé le peuple juif d’avoir mangé dans les ustensiles du Beth Hamikdach. Mais on se moqua de lui et personne ne l’écouta.

Les Juifs furent punis d’avoir assisté au festin d’A’hachvéroch et Haman les accusa d’être infidèles au roi, bien qu’ils eussent assisté à la fête grandiose. Ils avaient émis le raisonnement qu’il leur était nécessaire d’être présents, mais leur raisonnement était erroné et il s’est retourné contre eux.

En lisant et en étudiant la Méguila, nous assumons que nous aurions été des hommes suffisamment vertueux, érudits et intelligents pour aller contre la masse et suivre Mordékhaï. Mais en réalité, la grande majorité du peuple juif voyait Mordékhaï comme un cynique malavisé.

Lorsque Haman fut élevé au-dessus de tous et que le peuple dans son ensemble s’inclinait devant lui, Mordékhaï refusa et interdit aux Juifs de suivre cette règle. Une fois de plus, il fut tourné en dérision et désavoué par le peuple juif qui l’accusa de mettre leur vie en péril. Il n’en fut pas ébranlé. Il ne céda pas. Et c’est l’obstination de Mordékhaï qui a conduit au sauvetage du peuple juif.

Nous sommes accusés de ne pas nous soucier de nos enfants. Le gouvernement, par de nombreux moyens, laisse entendre que les Juifs religieux agissent de manière à porter atteinte à leurs enfants. Pour des porte-paroles autoproclamés et autres ignorants, la réponse peut paraître simple, mais elle ne l’est jamais.

Pour mériter un miracle, nous devons suivre la voie de la Torah. Souvent, cela signifie mettre de côté nos propres pensées et notre confort personnel.

Bien entendu, à tout moment, nous devons remettre notre propre conduite en question et nous assurer que lorsque d’autres observent les Juifs, ils sont une nation de princes. Ils doivent voir des gens de distinction, qui ont des manières, de la classe et se préoccupent des autres, des hommes qui sanctifient le Nom divin. Cela ne changera pas la manière dont Ilhan Omar, ou les haïsseurs de Jersey ou les bigots de Rockland, ou les autres Hamans nous considèrent, mais cela contribuera à la manière dont nous regardons les autres, cela nous rapprochera et nous rendra plus dignes des bénédictions et miracles de D.ieu.

Pourim est une fête du Hester, de la dissimulation, célébrant le fait que Hachem nous recherche, même lorsque nous ne Le voyons pas et le divin est couvert par le marasme de la Galout, l’exil. Plutôt que de nous concentrer sur le négatif, cherchons le positif dans la vie et fixons-nous dessus.

Pourim nous rappelle qu’il n’y a pas de hasard, et que même lorsque tout paraît perdu, la victoire est imminente.

Pourim nous rappelle qu’avec Emouna (foi en D.ieu) et fidélité à D.ieu, quelles que soient les difficultés, la fin sera enjouée.

Pourim est le jour où nous consommons suffisamment de vin au point de reconnaître que nous ne pouvons pas faire les bons calculs, penser et déterminer la bonne marche à suivre de nous-mêmes. Nous devons faire confiance à Hachem et savoir qu’Il nous aidera.

Lé’haïm ! Cessez de vous faire des soucis.

« Pour les Juifs, ce n'étaient que joie rayonnante, contentement, allégresse et marques d'honneur. »

Rabbi Pin’has Lipschutz Yated, traduit par Torah-Box