Le 1er Tichri, le jour de Roch Hachana, Hachem juge toutes les créatures individuellement. A ce moment-là, tous les actes de l’homme sont considérés, il n'y a pas d'oubli chez le Juge suprême, tout est clairement dressé devant Lui. Puis, Il ouvre trois livres : celui des Justes, celui des impies et celui des gens intermédiaires. Ensuite, sont mesurées dans la balance céleste, les bonnes actions face aux mauvaises. En fonction de la majorité qui l’emporte, Hachem scelle le jugement de la personne pour l'année à venir.

Hachem nous fit une bonté énorme en nous dévoilant la date du jour du jugement. En effet, pour les peuples des nations, ce jour ne revêt pas de sens particulier, il est comme tous les autres jours de l'année. Cependant, au peuple d'Israël qu’Il a choisi parmi les nations, Hachem dévoila l'importance singulière de ce jour afin que nous nous y préparions et l’abordions dans les meilleures conditions possibles.
 

Le jugement !

Un homme se promenait dans la ville de Moscou, encore sous régime soviétique, quand soudain… une voiture s'arrêta à côté de lui, apparemment une voiture civile. A l'intérieur, se trouvait un homme se présentant comme étant un agent secret de la police. Sans rien dire, il poussa l'homme à l'intérieur du véhicule. Il démarra et dit : « Tu vas comparaître en jugement prochainement ! »

 

Au son de ces mots, l'homme trembla de peur et commença à s'imaginer le pire. Il connaissait le sens d’une comparution en jugement, dans un pays sans loi ni justice. Un homme peut être innocent et, malgré tout, être condamné à de lourdes peines. Il pensa au pire : « Peut-être vont-ils m'emprisonner pour une longue période, peut-être même avec des travaux forcés ? Ou bien m'enverront-ils en Sibérie ou en hôpital psychiatrique ? » Des peines encore plus dures lui traversaient l'esprit. « Mais bon, ce qui doit m'arriver m'arrivera » se dit-il. Il était empli de chagrin et vu la gravité de la situation, c'est ainsi qu'il statua sur son sort : « Ce qui doit m'arriver, m'arrivera ».

Soudain, le chauffeur s'arrêta sur le bas-côté. Il se leva de son siège et vint s'asseoir près de cet homme. Puis, il se tourna vers lui en disant : « Je sais que tu es juif, moi aussi je le suis. Tu pensais que j'allais te conduire auprès de ces autorités sans foi ni loi, mais tu te trompes. Lorsque je t'ai dit que tu allais comparaître en jugement, je faisais allusion au jugement de Roch Hachana, qui approche à grands pas. Je souhaitais juste te sensibiliser, te réveiller à l'approche du jugement devant le Roi du monde ».

Nous nous tenons ainsi devant un jour d'une importance colossale. Comme il est écrit : « Pour toutes les nations, Il dit qui périra et qui vivra dans la sérénité. Qui sera touché par la famine et qui sera rassasié. Il se rappelle en ce jour de toutes Ses créatures et décrète la mort ou la vie pour chacune d'entre elles. Qui n'est pas jugé en ce jour.» Il est de notre devoir de prendre pleinement conscience de l’importance de ce jour.
 

Cinquante et un n'est pas cinquante-deux

Un Rav entra chez ses élèves et dit : « Cinquante et un, ce n'est pas cinquante-deux ! Cinquante et un, ce n'est pas cinquante-deux ! » Il répéta cette phrase plusieurs fois, avec un enthousiasme grandissant à chaque reprise. Les élèves le questionnèrent, étonnés : « Notre Maître pourrait-il nous révéler le sens de cette phrase ? » Il leur répondit : « Lorsque Loth (neveu d'Avraham) quitta la ville de Sodome sur le point d'être détruite, il s'empressa d'atteindre la ville appelée Mitzar (petite), et dit aux anges qui le sauvèrent : « Voici donc cette ville qui est proche pour m’y refugier, elle est Mitzar (insignifiante). Je vais m'enfuir là-bas… » [Béréchit 19.20]. Bien que la ville Mitzar fût remplie de péchés comme Sodome, elle n'a pas été détruite. Pourquoi ? Tout simplement parce que Sodome était une ville plus ancienne que Mitzar. De combien d'années la ville de Sodome était-elle plus ancienne ? Une année seulement ! Lorsque Sodome a été détruite, la ville avait été fondée cinquante-deux ans auparavant, tandis que Mitzar cinquante et un ans. C'est sur une différence d'un an, qu'une ville a été détruite et l'autre non ! » [Traité Chabbath 10b].

Et oui… Cinquante et un, ce n'est pas cinquante-deux ! L'homme peut réfléchir de la manière suivante : il y a dix ans, j'ai été inscrit dans le Livre de la vie et, bien que je n’aie pas changé, il y a cinq ans, j'ai également été inscrit pour la vie, de même qu’il y a deux ans, l'année dernière aussi … Cette année pareillement, je n'ai donc pas besoin de procéder à une introspection, je vais continuer de la sorte et je serai une fois de plus inscrit pour la vie. Non et non ! Cinquante et un, ce n'est pas cinquante-deux !
 

La crainte du Ciel comme celle des hommes

La Guémara, dans le Traité Brakhot (25b) ,rapporte les faits suivants : les élèves de Rabbi Yo’hanan ben Zakaï lui demandèrent avant sa mort : « Notre Maître, bénissez-nous ! » Il leur répondit : « Que soit la volonté d'Hachem, que votre crainte du Ciel soit aussi grande que votre crainte des êtres de chair et de sang. » Les élèves répondirent : « C'est tout ? » Il leur dit : « J'espère que vous atteindrez déjà ce niveau. Sachez qu'un homme, au moment où il faute, souhaite que personne ne le voie, mais il oublie que le Saint Béni soit-Il, avec toute Sa grandeur et Sa gloire, le voit très distinctement. »

Il serait déjà très bien que nous nous préparions au jour du jugement comme nous le faisons pour comparaitre devant des juges de chair et de sang. En effet, si un homme devait passer en jugement dans ce monde-ci, il est clair qu'il prendrait le meilleur avocat pour en sortir victorieux. Ceci est d’autant plus valable, à Roch Hachana, où toute la création est jugée pour la vie ou, à D.ieu ne plaise, pour la mort, pour la paix ou pour la guerre, pour la richesse ou pour la pauvreté. Il est clair que nous avons besoin de nombreux avocats. Et qui sont nos défenseurs ? La Torah, les commandements et les bonnes actions que nous engrangeons tout au long de l'année, eux-seuls peuvent nous aider en ce jour si redoutable.