Je ne savais pas si l’agent de sécurité souriait ou se moquait.

Tout a commencé en cela que, en tout et pour tout, je voulais monter à bord d’un vol des Etats-Unis vers Israël. Bien que la vérification américaine soit connue pour être difficile, si on est du genre à ne pas leur faire de problèmes, eux aussi n’en font pas.

Je suis arrivé à l’aéroport dans les temps. J’ai posé les sacs, y compris les chaussures, sur le tapis en direction du scanner. Je suis passé dans le scanner corporel et après, je me suis dépêché de reprendre mes affaires de l’autre côté de la machine et de mettre mes chaussures ainsi que ma ceinture.

À ce moment, ma femme m’a fait remarquer que le sac de notre poussette avait été déposé sur la table des objets suspects. J’ai jeté un œil vers le sac, et j’ai tout de suite compris que la boite de lait maternisé se trouvant dans le sac était la source du problème.

Il y avait là-bas d’autres sacs. Toutes les quelques minutes, un agent de sécurité y allait, soulevait un sac et demandait qui en étaient les propriétaires. Il se dirigeait alors vers une table à côté, ouvrait le sac, vérifiait que tout était ok, et libérait les propriétaires. Juste au moment où est arrivé le tour de mon sac, l’agent quitta l’endroit.

J’attendis. La pile de sacs « suspects » allait en augmentant, mais l’agent de sécurité avait disparu. J’ai fait remarquer au responsable du scanner que mon sac attendait, et il me sourit, ou, pour être plus précis, prit cela à la dérision, en voulant insinuer : « Penses-tu vraiment que quelqu’un ici s’inquiète du fait que tu attendes jusqu’à demain… ? »

J’ai continué à attendre. Au final, un nouvel agent de sécurité est arrivé, remplaçant le précédent. Il demanda à qui appartenait le sac, et je répondis que c’était à moi et me dirigeai avec lui vers la table à côté. Je lui dit qu’il y avait dedans du lait pour bébé, mais il ne s’y intéressa pas. Au lieu de cela, il s'intéressa à la photo qu’il voyait de mon sac sur l’écran en face de lui.

Je lui ai de nouveau dit qu’il y avait du lait pour bébé, et, en réponse, il m’a montré un signe rouge qui s’affichait sur l’écran et murmura quelques phrases. Si je comprenais bien, il disait que le scanner avait donné un avertissement contre moi, et pas uniquement contre le sac, et cela l’engageait à agir selon les instructions.

Je me suis souvenu qu’en dehors du fait qu’il y ait du lait maternisé, nous en avions également préparé en petites portions, ce qui avait peut-être éveillé la suspicion de la machine. Mais je n’avais pas imaginé que l’agent se comporterait comme la machine. Il m’ordonna de poser tous mes objets sur la table et de ne toucher à rien. Il m’expliqua de nouveau que j’étais considéré "suspect".

Je ne comprenais pas ce qu’il voulait de moi. Il m’informa qu’il allait me faire une vérification, m’expliquant toutes les étapes, et finit en me demandant si je voulais faire la vérification ici ou dans une pièce à part.

J’ai demandé si la pièce était loin – car je ne voulais pas perdre le temps précieux qu'il restait avant le vol – et il m’a indiqué de son doigt une pièce juste à côté. Nous nous sommes donc dirigés vers la pièce, lui avec mes affaires en tête, ensuite moi, et derrière, un autre agent de sécurité qui semblait être son supérieur.

Nous sommes rentrés dans la pièce. L’agent m’ordonna de me mettre droit face à une ligne dessinée au sol. Le supérieur lui donna toutes sortes d’instructions, et il commença à les réaliser. La vérification était externe, mais horriblement intime. Si j’avais caché avant cela dix miettes de ‘Hamets, il les aurait obligatoirement trouvées !

La vérification prit fin. Le "convoi" retourna vers la précédente table, et l’on me demanda d’attendre jusqu’à ce qu’une personne du laboratoire vienne. Mon bébé voulait son biberon, mais ils n’acceptèrent pas de libérer quoi que ce soit.

L’homme arriva – vieux, mais grand et énergique -, ouvrit son "James Bond" et commença à faire sur la pauvre poudre les "quatre morts du Beth-Din". Lorsqu’il fut convaincu qu’il ne s’agissait pas de poudre mortelle, il devint humain et s’intéressa à l’heure de mon vol. Il dit que sa vérification se terminerait en deux minutes.

Pendant tout ce temps, je réfléchis : pourquoi ai-je eu un tel problème ? Combien de fois ai-je voyagé alors que tout se passa pour le mieux ? Alors pourquoi, cette fois-ci, tout se compliqua ?

Et alors, j’ai compris : lors des précédents voyages, j’ai également pris de la poudre de lait maternisé, mais j’avais alors pensé à faire une chose simple : avant d’arriver au scanner, j’ai montré la boite à l’agent de sécurité, en lui disant que je prenais avec moi dans l’avion du lait maternisé.

Les agents ont toujours remué la poudre, parfois même, ils lui firent une vérification chimique rapide, mais cela se finissait là.

Mais que s’est-il passé cette fois ? Cette fois, j’ai essayé de la cacher. Je l’ai cachée au fond du sac, et je n’ai rien dit.

"Dissimuler ses péchés ne porte pas bonheur." (Michlé 28,13)

Alors quel est le conseil ? Le verset continue et dit : "qui les confesse et y renonce obtient miséricorde".

Dans quelques jours, nous nous tiendrons durant Roch Hachana face au "scanner" d’Hachem. Plus nous essaierons de cacher de la "poudre suspecte", moins cela marchera. Les Seli’hot que nous avons commencé à réciter sont la "table" se trouvant devant le scanner. C’est le moment de "tout poser sur la table"…

"Qui les confesse et y renonce obtient miséricorde."

Rav Israël Lamberger, Moussaf Chabbath Kodech Yeted Nééman – dirshu.co.il