Il y a quelques semaines, ceux qui regardaient le match du tournoi NCAA masculin de basket-ball entre Gonzaga et l'USC ont vu quelque chose qui les a fait haleter, et il ne s’agissait pas du jeu sur le terrain. Dans le coin de l'écran, au milieu du match, Bert Smith, un arbitre vétéran, s'est évanoui. Il est tombé et était allongé au sol, immobile, les yeux ouverts, mais sans réponse. Pendant un instant, les personnes présentes et celles qui regardaient le match à travers le monde ont craint le pire.

Il n'a pas tardé à revenir à lui, mais même alors, il n'avait aucune idée de ce qui s'était passé. Il se souvenait de la scène précédente, qu’il avait du mal à reprendre son souffle et se sentait bancal, mais il ne se souvenait pas s'être évanoui. Il a décrit ce qu’il s’est passait lorsqu’il est revenu à lui :

« Je regarde à ma gauche : c'est un médecin. Je dis : "Qu'est-ce qui se passe ?", et il dit : "Bert, tu t'es évanoui. Tu as perdu connaissance." J'ai dit : "Quoi ?" Je regarde à ma droite et je vois une civière. "C’est pour quoi ?", et le médecin dit : "C'est ce sur quoi je vais t'emmener."

J'ai dit : "Écoute docteur, je vais sortir d'ici en marchant. Tu vas te mettre d'un côté, lui va se mettre de l'autre, nous allons saluer les fans, et je sors d'ici." Le médecin dit : "Écoute, pourquoi ne t’assois-tu pas tout simplement sur la civière ?", j'ai dit : "Ok, je peux le faire."

Le médecin dit : "Fais balancer tes jambes." Je balance mes jambes et j’entends "Clic, clic, clic, clic". Ils m'ont attaché ! Je l'ai regardé et j'ai dit : "Oh non, tu n'as pas fait ça..." »

Bert Smith est en pleine forme. Ayant grandi à Buffalo, il était un petit attaquant au secondaire, receveur et coureur de 400 mètres, qui a ensuite joué au basket-ball universitaire. Il utilise rarement l’ascenseur, préfère les escaliers, se gare à des endroits éloignés de sa destination et marche donc plus longtemps, et fait régulièrement de l'exercice. Cette saison, il a parcouru le terrain dans quatre-vingt-dix matchs, donc cela n'avait aucun sens qu'il s'évanouisse soudainement.

Il a été soigné pendant deux heures au stade, mais une fois que ses signes vitaux étaient normaux et qu'il n'était pas bancal, étourdi ou qu’il n’avait pas la vision trouble, la NCAA a annoncé que Bert allait bien. Tellement bien en fait, qu'il est retourné à l'hôtel et parlait et riait tout en dînant avec des amis, quand l'un d'eux a dit : "J'ai entendu le bruit de ta tête frapper le sol alors que j’étais 30 rangées plus haut, peut-être devrais-tu te faire examiner pour éloigner tout risque de commotion cérébrale, juste pour être sûr." Bert a accepté et s'est rendu à l'hôpital IU Health Methodist.

Ils lui ont fait les tests nécessaires, et il s’est avéré qu’il n’avait pas de commotion cérébrale. Mais il avait quelque chose de pire. Le médecin de garde a dit à Bert qu'elle avait vu la chute et que quelque chose n'allait pas. Elle n'était pas convaincue par le fait que son pouls, sa tension artérielle, son taux d'oxygène étaient normaux et qu'il n'avait pas mal à la tête. Elle a demandé à faire plus de tests.

Quand ils sont revenus, elle dit à Bert : "Je connais maintenant la raison pour laquelle vous vous êtes évanoui. Vous avez un caillot de sang dans votre poumon." Il a été admis à l'hôpital, mis sous anticoagulant, et quelques jours plus tard, le caillot avait disparu, il a été libéré et Bert Smith a reçu une nouvelle vie. Il s'avère que l'évanouissement était la meilleure chose qui ne lui soit jamais arrivée parce que s'il n'avait pas découvert ce caillot, il aurait pu atteindre son cœur ou son cerveau et le tuer.

Au lieu d'être plein de ressentiment ou d'amertume d'avoir eu une telle frayeur pour sa santé, Bert est reconnaissant de s'être évanoui pendant le tournoi de la NCAA, lorsque des gens étaient présents et ont pu immédiatement l’aider, et non quand il conduisait ou dormait. Réfléchissant à cet épisode, il a déclaré : "Cela met en relief la valeur de chaque jour, parce que nous "parcourons" tous nos vies - nous en sommes tous coupables - et nous vivons simplement, n’est-ce pas ? Mais disons-nous assez "je t'aime" ? Donnons-nous suffisamment de câlins ? Faisons-nous des choses avec notre famille et nos amis qui ont de la valeur pour eux ? Lorsque vous vivez quelque chose comme moi, cela vous frappe tellement aux yeux que vous devez vraiment apprécier chaque jour."

La chute de Bert Smith ne l'a pas tué. Cela lui a sauvé la vie.

En lisant cette histoire, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ce que Smith a enduré physiquement, la plupart d'entre nous le rencontrons émotionnellement et spirituellement. Dans une célèbre lettre écrite à l'un de ses étudiants, le grand Rav Its’hak Hutner écrivit (Pa’had Its’hak, Iguérot Ouktavim, n°128) :

"Sache cependant, mon cher, que la racine de ton âme n'est pas la tranquillité du Yétser Tov (bon penchant), mais plutôt la guerre du Yétser Tov. Ta lettre sincère atteste comme une centaine de témoins que tu es bien un fidèle guerrier dans l'armée du Yétser Tov. Un proverbe dit : « Perdez une bataille et gagnez la guerre ». Tu as certainement trébuché et trébucheras à nouveau… Et dans certaines batailles, tu tomberas, seras vaincu. Mais je te promets qu'après avoir perdu toutes ces batailles, tu sortiras de la guerre avec la couronne de la victoire sur la tête… « Perdez des batailles, mais gagnez des guerres. » Le plus sage de tous les hommes a dit : « Un homme juste tombe sept fois et se relève » (Michlé 24,16). Certains pensent que cela signifie - même s'il tombe sept fois, il se relève. Mais les Sages savent bien que cela signifie que la nature de la montée du Tsadik est due à ses sept chutes."

Dans la vie, nous tombons parfois, voire nous effondrons. Cela peut être une déception ou un échec au travail, une menace pour notre santé, une relation en détresse ou une crise dans notre foi. Dans ces moments-là, nous pouvons rester sur le terrain, nous vautrer dans notre situation, nous voir comme des victimes, ou nous pouvons relever le défi, en tirer les leçons, revenir plus forts et meilleurs.

Cette année, beaucoup d’entre nous ont été abattus. Mais pour la plupart d'entre nous, cela nous a fait sortir de notre routine et de notre zone de confort, de telle sorte que si nous le choisissons, nous pouvons en apprendre énormément sur nous-mêmes, nos familles, nos vies et nos modes de vie. Si nous le voulons, nous pouvons transformer l'expérience de coronavirus qui nous assomme en sauvant des aspects importants de nos vies.

Rabbi Efrem Goldberg