Il y a de ceux qui, sournoisement, se permettent de comparer le judaïsme orthodoxe à des mouvements fondamentalistes et intégristes. Ils s’appuient sur des similitudes extérieures comme le port de la barbe, l’habit austère, l’absence du public féminin sur la scène publique et surtout par l’existence d’interdictions religieuses qui ont disparu du paysage occidental. Pourtant, si l’on se donne la peine de s’intéresser de plus près aux sources de notre tradition et d’observer nos Sages, on remarquera aisément qu’il existe un abîme entre le judaïsme et les pratiques extrémistes. 

Commençons par le texte biblique, dans lequel le nom de deux sombres personnages revient à plusieurs endroits du ‘Houmach : Datan et Aviram. Ce sont eux qui ont dénoncé Moché Rabbénou auprès de Pharaon, l’obligeant à fuir pour ne pas être tué ; on les retrouve lors de la traversée de la mer Rouge, incitant leurs frères à retourner en Égypte ; et ce sont eux encore qui sortiront glaner de la Manne le jour du Chabbath, malgré la mise en garde. Ils participeront également de façon active à la révolte de Kora’h, semant la discorde, alors qu’ils n’étaient pas concernés par cette dispute. Pourtant durant des dizaines d’années, ils ne seront pas inquiétés par les dirigeants du peuple hébreu, jouissant de la liberté la plus totale. Ils ne disparaîtront de la scène que lorsqu’ils commettront la faute fatale de refuser de se séparer de Kora’h et de ses partisans, alors que Moché Rabbénou s’était déplacé en personne dans leurs demeures afin de tenter de les faire changer d’avis.

Tout dirigeant aurait écarté depuis longtemps ce genre de colporteurs et semeurs de zizanie qui déstabilisent le pouvoir. Pourtant, comme cela est rapporté dans la Torah, il n’en fut rien, et ils continuèrent à vivre parmi le peuple. 

En fait, on vient nous enseigner en passant comment à titre individuel, un Juif doit se comporter. En effet, nous sommes tous confrontés à un moment donné de notre existence à des “casse-pieds”, des enquiquineurs, qui nous rendent la vie pénible et dont on aimerait bien se “débarrasser”, que ce soit dans le cadre du travail, du voisinage ou même de la famille. On peut, dans la mesure du possible, s’en éloigner mais sinon on devra apprendre à vivre avec eux, tout en se tournant vers le Ciel pour qu’Il nous aide à trouver une échappatoire. Mais jamais on n’agira avec violence ou ne profèrera des menaces, sauf lorsqu’il s’agit d’un cas de danger. La Torah est un chemin de paix et on ne règle pas ses problèmes avec autrui en cherchant à l’anéantir.

Nous nous trouvons dans le mois de la disparition du Rav Guerchon Edelstein et les témoignages se recoupent tous pour illustrer la conduite exemplaire de ce grand Rav. Comme le releva le Rav Moché Kaufmann dans son oraison funèbre, il avait un véritable amour pour le Klal Israël, toujours disposé à aider son prochain quel qu’il soit. Il répétait sans cesse : “Combien devons-nous prier et nous préoccuper de nos frères éloignés qui ne connaissent pas la lumière de la Torah !” Avec compassion, il encourageait les organismes qui se tournent vers les Juifs éloignés de la tradition pour essayer de leur faire connaître notre patrimoine. Chez le Rav Edelstein, non seulement un Juif non-pratiquant ne dérange pas, mais encore il est d’avis que nous avons le devoir de l’aider et le rapprocher sans contrainte de la tradition.

Comme nous sommes loin de ces chefs religieux des Nations qui s’affichent fièrement devant des gigantesques missiles ayant la capacité de causer la mort de milliers de citoyens, leur message n’étant que menace pour tout celui qui n’adhère pas à leurs conceptions religieuses. 

Il est de fait primordial de fréquenter nos grands Sages afin de bien distinguer le vrai du faux, la lumière de l’obscurité, le bien du mal !